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Vincent Léonie « Nous ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous sommes pionniers »

11h32 - 12 février 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_230005" align="aligncenter" width="675"] « La question n’est pas de savoir si la piste d’essai verra le jour mais quand elle verra le jour et ce sera à… Limoges ! »[/caption]

Le président de l’association Hyperloop Limoges défend cette technologie et l’installation d’une piste d’essai en Haute-Vienne.

Info Magazine : Qu’est-ce que l’Hyperloop ? Vincent Léonie : L’Hyperloop est un possible nouveau moyen de transport à mi-chemin entre le train, le RER pour sa régularité et l’avion pour sa vitesse, le pods allant entre 800 et 1.000 km/h avec un cadence relativement courte. L’idée n’est pas récente : il y a un siècle, on parlait déjà de faire déplacer des wagons dans des tubes avec une lévitation magnétique. Elon Musk, un milliardaire visionnaire, PDG de la société SpaceX et de Tesla, l’a remise au goût du jour en 2013. Aujourd’hui, plusieurs start-ups travaillent sur cette technologie, dont Transpod, une société canadienne, dirigée par un Français Sébastien Gendron. L’Hyperloop ne serait pas porté par les pouvoirs publics, même si l’Etat interviendrait dans le tracé par exemple, mais serait concédé à une entreprise privée.

Info : Concrètement, comment cela fonctionne ? V.L. : Transpod maîtrise l’aspect aéronautique avec la pressurisation du pod comme pour les avions. Une technologie allemande associe des pompes à vide et la lévitation magnétique a déjà été testée au Japon. Transpod va allier le tout pour faire circuler ses cabines pressurisées dans un tube dans lequel on a généré un vide à 90%, propulsé donc par sustentation magnétique (hors rails).

Info : Ce n’est pas un peu de la science-fiction… V.L. : Non. On maîtrise déjà les trois technologies, le défi demeure dans leur cohabitation, dans les règles de sécurité, l’accélération qui doit être linéaire et progressive, dans la gestion de la dilatation des tubes… D’où la nécessité d’une piste d’essai.

Info : Justement, des repérages ont été menés en Haute-Vienne. Qu’en est-il ? V.L. : Un terrain appartenant au Conseil départemental de la Haute-Vienne a été visité il y a quelques semaines : il s’agit d’une ancienne voie ferrée sur la commune de Droux qui relie Châteauponsac au Dorat, devenue un chemin de randonnée. Le site remplit totalement le cahier des charges pour le centre d’essai-piste, qui requiert un tronçon droit et plat de 3 km de long d’un seul tenant.

Info : Pourquoi en Haute-Vienne, en Limousin et donc en Nouvelle Aquitaine ? V.L. : Dans le département, nous sommes trois à défendre avec engouement cette technologie : Alexis Mons, directeur délégué général d’Emakina, Fabien Thibaut, directeur de Htag Consulting, et moi-même, qui suis adjoint au maire de Limoges et vice-président de Limoges Métropole. Nous avons la même vision de demain et des ambitions identiques pour notre territoire. Le Limousin a toujours été une terre d’innovation et à Limoges, nous ne sommes jamais aussi bons que lorsque nous sommes pionniers. Pour l’heure, le Département, Limoges Métropole (concernée si un laboratoire de recherches, des bureaux… venaient s’installer à l’université par exemple), la mairie de Limoges sont plutôt favorables au projet. La Région Nouvelle-Aquitaine attend un dossier complet avant de décider d’une aide à l’innovation.

Info : L’Hyperloop peut-il être un outil de désenclavement pour le Limousin ? V.L. : Pas demain, ni après-demain… Il ne faut pas mentir. L’Hyperloop ne sera pas l’alpha et l’omega du désenclavement du Limousin. Nous ne serons peut-être pas prioritaires sur le corridor Toulouse-Paris.

Info : Mais alors quel est l’intérêt d’avoir cette piste d’essai dans le département ? V.L. : Ce serait une chance formidable en terme d’économie, d’emplois… Il y aurait un coup de projecteur sur la Haute-Vienne. Cela pourrait également influer sur le choix d’entreprises souhaitant s’installer dans le département. Cette piste d’essai pourrait générer un éco-système par effet d’entraînement. La question n’est pas de savoir si elle verra le jour mais quand elle verra le jour et ce sera à… Limoges !

Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo © D.R.

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