Frédéric Sudraud « Nous allons créer des filiales aux Etats-Unis et au Japon »
[caption id="attachment_230113" align="aligncenter" width="800"] « En France, la loi de 2005 est en décalage avec l’usage, surtout numérique »[/caption] L’agence limougeaude ITI Communication participait pour la troisième fois au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas, pour présenter et… conquérir le marché américain avec FACIL’iti. Rencontre avec Frédéric Sudraud, le directeur d’ITI. Info Magazine : Qu’est-ce que FACIL’iti ? Frédéric Sudraud : Lancée en janvier 2015, FACIL’iti est une solution innovante qui a pour objectif de rendre les sites web plus accessibles à des personnes atteintes de troubles visuels, moteurs et/ou cognitifs. Treize fonctionnalités, qui peuvent se croiser, accompagnent 11 formes de handicaps : daltonisme, presbytie, cataracte, DMLA, sclérose en plaques, arthrose, maladie de Parkinson, tremblements essentiels, maladie de Wilson, dyslexie et épilepsie photo-sensible. Gratuit pour l’usager, FACIL’iti fonctionne sur l’ensemble des supports numériques : ordinateurs, tablettes, smartphones. Info : Il y a quelques semaines, vous étiez au CES à Las Vegas afin de commercialiser FACIL’iti aux Etats-Unis. Quel est le bilan de cette troisième participation ? F.S. : En 2016, nous étions crédules dans notre approche et nos contacts. En 2017, nous avons décidé d’être plus sélectifs et de structurer nos ressources, en arrivant avec des outils et un discours adaptés. Cette année, nous avons recruté Nathan Kayne Regan, un ancien de l’administration Obama qui nous ouvre les portes de nombreuses administrations américaines. Il est le directeur de la filiale que nous allons créer au premier semestre aux Etats-Unis. Info : Pourquoi ce choix ? F.S. : Cela va nous permettre d’y développer du commerce, de vendre FACIL’iti à de grandes villes, de grandes entreprises américaines, même si nous sommes dès maintenant pleinement opérationnels, avec de belles vitrines comme la ville de New-York, l’université de Floride, des clubs sportifs de baseball, des agences web à San Francisco ou encore la célèbre marque de cosmétiques Clarins. Info : Qu’en est-il des autres marchés à l’international ? F.S. : Nous nous sommes positionnés au Japon, qui est extrêmement sensible à l’accessibilité, le handicap faisant partie intégrante du quotidien du fait de son histoire. De plus, le pays, qui compte une forte population âgée, investit naturellement dans les aménagements. Le marché nippon est ouvert à notre produit et pour les Japonais, il y a urgence. En effet, le Japon va accueillir deux événements importants : la Coupe du monde de rugby en 2019 et bien sûr les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Nous sommes actuellement en discussion avec les instances olympiques. Même si nous sommes un Petit Poucet, nous avançons. Si nous ne sommes pas sélectionnés pour les J.O., suivront les Jeux paralympiques. De façon générale, les J.O. attirent des touristes qui font l’essentiel de leurs recherches sur internet. Donc, les municipalités (comme Kyoto qui est déjà cliente), les offices de tourisme, les organisations professionnelles et économiques sont intéressés… Nous allons également créer une filiale au Japon durant le premier semestre. Dans un mois et demi, nous irons sur place pour finaliser le recrutement d’un directeur. Info : Quid de la France ? F.S. : En France, la loi de 2005 est en décalage avec l’usage, surtout numérique. La loi a du mal à suivre la vitesse de l’innovation. Mais ce frein est en train de s’atténuer. Alors que les collectivités sont encore cadrées par la règlementation, l’entreprise avec l’UE (user experience) remet l’usager et non plus la technologie au cœur de la problématique. La branche numérique du ministère de l’industrie, le ministère de l’économie sociale et de la solidarité, Bpifrance, l’office de tourisme de Paris, de grands groupes bancaires comme la Banque Populaire, la BNP, des assureurs tels qu’Allianz, des mutuelles à l’instar d’April (avec 11.000 usagers qui utilisent FACIL’iti), Carrefour, K par K, Saint-Gobain, la MAIF… ou encore la mairie de Limoges, le CHU, Rebeyrole… sont parmi nos clients. Info : FACIL’iti va-t-il évoluer ? F.S. : Avant la fin de 2018, nous allons apporter des évolutions offrant la possibilité d’accompagner un plus grand nombre d’usagers, avec des besoins différents, et de nouvelles pathologies.
Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo © D.R.
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