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RCF Limousin : Pierre-Yves Le Louarn dans « Vies d'Envies »

21h58 - 05 mars 2018 - par Info Haute-Vienne

La Passerelle propose « Les soliloques du pauvre », mis en scène par Michel Bruzat. Ce recueil de poésies de Jehan-Rictus publié en 1897 bénéficiera en Pierre-Yves Le Louarn de la dimension vocale et humaine qu'exige semblable cascade de mots consignés à vif par un auteur qui, enfant, endura les maltraitances morale et physique de ses géniteurs avant d'être livré à lui-même au milieu du petit peuple des clochards ; né Gabriel Randon de Saint-Amand en 1867, il se renomma Jehan-Rictus (anagramme approximatif de Jésus-Christ) lorsqu'il commença à réciter ses poèmes aux Quat'z'Art, cabaret de Montmartre où un square portera son nom. Mort en 1933, il a laissé à la postérité des recueils qui contribuèrent à sa notoriété tels « Doléances », « Les cantilènes du malheur », « Le cœur populaire », un seul roman autobiographique « Fil de fer », trois disques 78 tours et une pièce de théâtre. « Quand, explique Pierre-Yves Le Louarn, Michel Bruzat m’a fait découvrir Jehan-Rictus, il m’a dit : Lis-le à haute voix... Il devait savoir que «Les soliloques du pauvre» se disent plus qu’ils se lisent et que toute leur puissance, leur violence et leur singularité se ressentent avant de se comprendre (« On croit s’battr’ pour l’humanité, J’t’en fous... c’est pour qu’les Forts s’engraissent Et c’est pour que l’Commerce y r’naisse Avec bien pus d’sécurité »). Ce poème qui nous vient de la fin des années 1890, poursuit Pierre-Yves Le Louarn, nous marque de façon inattendue, d’abord parce qu’on entend la vérité, c’est à dire une critique, une lutte contre le monde d’aujourd’hui dans sa violence, sa méchanceté et sa réalité, ensuite, parce que la manière dont nous parvient ce texte est organique, musicale et tactile (« Et n’empêch’ qu’en c’te nuit d’plaisir Où trottaille d’la bell’ gonzesse Au fin fond d’ma putain d’jeunesse Y s’lèv’ comme un troupeau d’désirs ! »)... De fait, la singularité de Jehan-Rictus est de savoir authentiquement faire râler, pleurer et crier ses personnages dans leur langue, celle du petit peuple parisien, et savoir l'organiser viscéralement en vers (« Mais à forc’ d’errer et d’muser Su’ des kilomèt’s de bitume, Quéqu’soir d’horreur et d’amertume J’me cogn’rai p’têt’ dans son baiser ! »). Bruzat et Le Louarn offriront donc en pâture ces saillies textuelles d'une saisissante actualité du 13 au 18 mars, dans leur chair douloureuse, la poésie de leur oralité, la puissance de leurs silences. « Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 8 mars de 20 h à 22 h, et rediffusion dimanche 11 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 89.3 à Argentat, 102 à Ussel).

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