Losmonerie : renaissance d’un château oublié
[caption id="attachment_221858" align="aligncenter" width="800"] Le château de Losmonerie est d'inspiration Renaissance.[/caption] Depuis quinze ans, Guillaume de Villelume redonne vie au château de Losmonerie à Aixe-sur-Vienne. Le site sera ouvert au public cet été. Ce château familial malmené par les affres du temps aurait pu disparaître sans la passion de son propriétaire pour les vieilles pierres. Bien que le chantier de restauration soit colossal, Guillaume de Villelume n'a pas vraiment hésité lorsqu'il a hérité de ce bien que d'aucuns auraient pu considérer comme un cadeau empoisonné. « Ce château est entré dans la famille De Villelume à la fin du XVIIIème siècle par mariage raconte-t-il, il a été construit en 1540, vendu une fois en 1695 à Monsieur Texandier et j'en ai hérité de mon oncle. Enfant, je vivais à Pierre-Buffière et avec mon père, nous venions lui rendre visite. Le château était en très mauvais état, mon oncle faisait tout ce qu'il pouvait mais il manquait de moyens. J'ai décidé de créer des jardins, mon autre passion, ma femme Laëtitia a adhéré à l'idée... Ce projet nous occupe depuis déjà quinze ans ». [caption id="attachment_221859" align="aligncenter" width="725"] Guillaume de Villemune est passionné par les jardins.[/caption]
Bâtiments reconstruits
Si durant douze ans, Guillaume de Villelume a partagé son activité professionnelle à Paris et Aixe, il consacre désormais tout son temps et son énergie à faire revivre ce lieu historique implanté dans un site naturel remarquable, en bordure de Vienne. Les travaux de reconstruction ont permis de réhabiliter l'ancien pressoir à vin de 218 m² en salle de réceptions et de mariages pouvant accueillir 200 personnes, complétée par une terrasse fermée d'une capacité de cent personnes. A l'intérieur du château, des tapisseries d'Aubusson du XVIIIème siècle classées Monuments Historiques ornent le salon après quatre ans de restauration ainsi que plusieurs fauteuils Renaissance. Durant les travaux, un décor mural d'orangerie du XVIIIème, vraisemblablement d'origine italienne, a été découvert dans le boudoir, masqué par des boiseries et restauré depuis par le corrézien Vladimir Halalau, après inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. « Nous avons bénéficié de l'aide de la DRAC du Limousin pour ces travaux de restauration, le montant atteignait jusqu'à 25%, nous étions plutôt gâtés mais les subventions ont diminué avec la Nouvelle-Aquitaine. Ces travaux ont été auto-financés, s'il faut un minimum de trésorerie, c'est avant tout beaucoup de passion » reconnaît l'homme qui ne souhaite pas s'attarder sur le montant investi. Des entreprises de la région sont intervenues pour la reconstruction des bâtiments et la rénovation intérieure du château. Confiée à l'association des Chantiers Jacquaires du Limousin, la réhabilitation du mur d'enceinte de 350 m, commencé voilà trois ans, se poursuit avec des salariés en insertion professionnelle. [caption id="attachment_221860" align="aligncenter" width="800"] Un décor d'orangerie découvert sous des boiseries.[/caption]Trois jardins
Une fois la partie gros oeuvre achevé, le propriétaire s'est lancé dans l'aménagement des jardins, au coeur de son projet de mise en valeur et de développement touristique. Ainsi, trois jardiniers dont un apprenti du lycée agricole des Vaseix sont employés par Guillaume, le jardinier en chef, tandis que deux saisonniers vont renforcer l'équipe durant trois mois. Son jardin qu'il qualifie « d'exceptionnel » se déclinera en trois thématiques, tout d'abord un jardin formel autour du château, puis une promenade gustative dans un espace planté d'une centaine de variétés de framboisiers, ce qui en fera la plus importante collection en France. Il compte enfin valoriser les rives de la Vienne, avec la réalisation d'un pavillon chinois en osier vivant de six mètres par trois par le vannier aixois Emmanuel Puybonnieux, qui a reçu en 2016 le prix de la création au Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire. « L'objectif est avant tout de contempler la Vienne, un site tout à fait exceptionnel à Losmonerie et l'un des plus beaux pour recevoir l'énergie de la rivière comme l'a écrit le philosophe François Jullien « Le pavillon chinois n'est pas un lieu d'observation mais un endroit où l'homme s'ancre dans le paysage pour faire partie du Tao ». Un quatrième jardin, perdu en bord de Vienne, est même envisagé.Visites guidées
L'ensemble du site sera ouvert au public en juin 2019. Toutefois, les premiers visiteurs seront accueillis le week-end des 2 et 3 juin dans le cadre de « Rendez-vous au jardin » qui permet de découvrir des parcs et jardins de la région. A cette occasion, un « boudoir du terroir » sera inauguré en présence de son créateur suisse Simon Beer. Cette oeuvre d'art offre une vue panoramique sur le château et les paysages qui l'entourent. L'artiste souhaite susciter une interrogation sur notre relation avec les autres dans ce lieu où l'on pourra observer discrètement les visiteurs sans se sentir observé. Cette oeuvre lui a été inspirée par une nouvelle du romancier suisse Friedrich Dürrenmatt. Les amoureux des vieilles pierres et passionnés de botanique pourront découvrir l'histoire du château de Losmonerie dès cet été lors des visites guidées prévues du 27 juillet au 2 septembre et pour les Journées du Patrimoine les 15 et 16 septembre. [caption id="attachment_221862" align="aligncenter" width="800"] Le « boudoir du terroir » sera inauguré le 2 juin.[/caption]Corinne Mérigaud
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