Des commerces au rayon des souvenirs
[caption id="attachment_230803" align="aligncenter" width="800"] Les bazars Mandonnaud, on s’en souvient encore....[/caption] Ils font ou on fait partie de l'histoire locale, des commerces de Limoges ont marqué plusieurs générations de clients ravis de pousser la porte de ces boutiques parfois étonnantes. La saga de la famille Mandonnaud a marqué sans doute davantage la mémoire collective. En 1918, Lucile ouvrit un bazar au 50 bis rue Montmailler. Avec son époux Adolphe, tourneur sur bois, ils s'installent en 1934 au 2 rue du Collège. Déporté en1943 à Buchenwald, Adolphe le résistant ne survivra pas. Lucile et son fils Pierre développent leur bazar qui deviendra une institution, un second bazar « Tout à 100 francs » ouvrira au 11 rue Lansecot, près des Halles. Leurs tournées en camion « Tube » Citroën étaient très attendues dans les cités et à la campagne. L'entreprise prendra un virage en 1965, avec Dominique à sa tête, l'un des fils de Pierre, qui ouvre rue Othon-Péconnet et rue du Clocher les premières parfumeries en libre service puis « Maille service » (sous-pulls, collants), « Le Palais des Parfums » rue du Clocher et « Shop 8 » rue du Consulat qui doit son nom à la carte de fidélité qu'il avait lancée, pour sept achats, le huitième était gratuit. Le succès ne se démentira pas avec l'ouverture d'une trentaine de « Shop 8 » en France dans la décennie 90 et l'acquisition de « Sephora » qu'il cédera au groupe LVMH avant d’ouvrir son ultime boutique au nom prémonitoire « Testament », spécialisée dans les objets design. [caption id="attachment_230804" align="aligncenter" width="800"] « Au sans rival », roi de la réclame...[/caption]
Couronnes mortuaires
Dès 1918, Charles Queyroi fabrique des couronnes mortuaires en perles dans son atelier-magasin situé à l’angle des rues Jean-Jaurès et de La Courtine. L'année suivante, il emménage au 7 Boulevard Louis-Blanc. Ses couronnes en perles sont alors très demandées pour les enterrements car elles durent plus longtemps que les fleurs naturelles, trop chères. Les 48 ouvrières ne chôment pas lorsqu'il lance son activité de grossiste national. Dans les années 1930, les fleurs naturels (dahlias, glaïeuls) sont plébiscitées par les mariés, cédant leur place aux mimosas et œillets cultivés sur la Côte d’Azur, un cadeau luxueux offert pour les mariages, fiançailles et enterrements. La maison Queyroi se modernise en 1947 en adhérant à Interflora, un nouveau concept de livraisons. Pionnier de la réclame, la publicité se décline en 4 x 3, à l’entracte des cinémas et sur une voiture entièrement fleurie défilant au Carnaval. Les anciens se souviennent encore du « groom Queyroi », en uniforme rouge à boutons dorés, qui livrait les bouquets. Cent ans après, l'établissement a perduré mais pas les couronnes en perles. [caption id="attachment_230805" align="aligncenter" width="800"] Les couronnes spéciales de la Maison Queyroi.[/caption]« A la grâce de Dieu »
Voilà un établissement qui défie le temps depuis 1855 avec sa façade atypique. Situé 2 rue du Clocher, le magasin de chaussures « A la Grâce de Dieu » a été créé par M. Bertrand, place Saint-Martial, à l'angle de la rue Pont-Hérisson, la rue du Clocher n’étant pas encore percée. Dans une entête de lettre de la fin du XIXème siècle, il vantait sa gamme : « Chaussures en tous genres hommes, femmes, fillettes et enfants ; bottes de travail et à l’écuyère ; chaussures sur mesure sans augmentation de prix ; caoutchoucs et snow-boots ; chaussures de chasse ». Son petit-fils Paul Lathelise reprendra l’affaire, la développant à coup de réclame et élargira sa gamme comme noté sur un dépliant d’avant 1914 « Chaussures pour hommes cousues mains à 14,95 F pour le modèle Derby en veau suiffé ou 22 F pour le modèle Alpin en veau blanc double semelle ou à 15,95 F les bottines en chevreau glacé ». Le magasin se définissait comme « maison de premier ordre, la plus ancienne de la région », ce qui est toujours le cas 163 ans après, avec une partie de sa façade intacte. [caption id="attachment_230806" align="aligncenter" width="800"] La librairie Laucournet, une institution...[/caption]« Au sans rival »
La façade de la lingerie-chemiserie « Au Sans Rival » ne passait pas inaperçue 2, place Saint-Michel à l'aube du XXème siècle. Dans la boutique de Joseph Cahen, ses fidèles clients disposaient d'un large choix : corsets à busc, camisole, pantalon-chemise, pantalon fendu, gilets et ceintures de flanelle, chemises à pans longs, en finette… Une affaire qui employait sept vendeuses et un garçon de courses. Sa façade était vraiment « sans rival », vantant la qualité des articles en gros caractères aux chalands. Son fils René lui succéda puis Claude en 1946, la troisième génération. Jusqu'à sa fermeture le 31 décembre 1990, le magasin a conservé sa devanture, sauf ses inscriptions, ainsi que son décor intérieur, proposant encore des bonnets de nuit en coton qui s'écoulaient encore à 120 exemplaires et 17 francs pièce les dernières années. [caption id="attachment_230807" align="aligncenter" width="800"] « A la Grâce de Dieu » avec sa façade historique.[/caption]Laucournet père et fils
Libraire depuis 1884, M. Duverger s'installe rue du Clocher en 1909 puis Place Fournier. Personnage pittoresque, de petite taille et aux joues rouges, on le surnomme « Pomme Reinette ». Son fils Alban lui succède, transformant le lieu en salon littéraire qui accueillera les plus grands écrivains de l’entre-deux guerres, Paul Valéry, Joseph Kessel, Charles Silvestre, Paul Claudel… En 1958, le libraire Marcel Laucournet acquiert le fonds Duverger et s’installe boulevard Carnot où il recevra des écrivains locaux Robert Margerit, Georges-Emmanuel Clancier, Antoine Blondin, Robert Giraud, le photographe Robert Doisneau et l'expatrié Raoul Haussman, co-fondateur du mouvement « Dada ». La librairie Laucournet devient une institution pour les amateurs de livres rares et d’histoire locale jusqu’à sa fermeture, fin 2012, pour cause de retraite.Corinne Mérigaud
0 commentaires