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RCF Limousin : la cinéaste libanaise Danielle Arbid dans « Vies d'Envies »

00h00 - 09 avril 2018 - par Info Haute-Vienne

Comme la plupart des expatriés, Danielle Arbid arbore un sourire voilé d'une indicible tristesse, témoignage d'une meurtrissure, d'un traumatisme qui ne cicatriseront jamais. Née en 1970 à Beyrouth, elle est imprégnée des événements dévastateurs qui, à partir de 1975, ont engagé son pays, le Liban, dans un long martyr dont les effets sont toujours perceptibles et les répliques toujours d'actualité, vingt-huit ans après l'arrêt des hostilités inter-communautaires, armistice factice issu des accords de Taëf en 1989 et contesté par les factions chiites, druzes et chrétiennes. Au problème déclencheur des réfugiés palestiniens s'est ajouté celui du million et demi de migrants syriens massés à la frontière avec la Syrie, côté libanais. Le Liban, et ses quatre millions et demi d'habitants, démocratie consensuelle mais fragilisée et sous tension où dix-huit confessions religieuses sont reconnus par l'Etat, infortuné terrain de réglements de comptes de ses voisins israéliens, syriens et iraniens. En 1987, Danielle Arbid s'exile à Paris, où elle va étudier la littérature à la Sorbonne et le journalisme qu'elle pratiquera pendant quelques années avant de s'orienter vers le cinéma. En 2000, son premier documentaire, « Seule avec la guerre », sera distingué par plusieurs festivals et obtiendra le Prix Albert-Londres de l'audiovisuel. En 2004 et 2007, ses deux premiers longs métrages de fiction, « Dans les champs de bataille », avec Marianne Feghali, puis « Un homme perdu », avec Melvin Poupaud, seront sélectionnés à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes et décrocheront de nombreux prix ici et là. En 2011, elle tourne « Beyrouth Hôtel » pour Arte avec Charles Berling et Darine Hamze, puis, en 2015, « Peur de rien », une comédie dramatique largement autobiographique avec Manal Issa, Vincent Lacoste et Dominique Blanc. Presque tous les films -courts, moyens et longs métrages – de Danielle Arbid ont été censurés au Liban et au Moyen-Orient. « Désolée, concède-t-elle avec amertume, je pose mon regard et ma caméra là où ça gratte et je le fais avec une impertinence jouissive. Je trouve dans la détestation que les censeurs de mon propre pays me renvoient, la force de faire encore des films, pour montrer, témoigner, transmettre ! La désobéissance, l'insoumission me portent... » Photographe et actrice (« Les apaches », « Réparer les vivants »), Danielle Arbid ne manque pas de projets : elle vient notamment d'adapter « Passion simple » d'Annie Ernaux, une de ses auteures de chevet... Invitée à sièger dans le jury des toutes récentes 15° Rencontres internationales du moyen métrage de Brive présidées par Romane Bohringer, au micro de Chris Dussuchaud, elle évoque son pays natal meurtri et saccagé, la France sa bienveillante terre d'accueil, ses influences , le cinéma et ses rêves... « Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 12 avril de 20 h à 22 h, rediffusion dimanche 15 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 102 à Ussel, 89.3 à Argentat).

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