Une larme de graisse : une science-fiction à pleurer
La révolution alimentaire a eu lieu en 2027. Elle s’était déroulée de façon pacifique, d’abord parce que les gens ne pouvaient déjà presque plus bouger, mais surtout parce que ce qu’ils réclamaient était en fait officiellement admis depuis longtemps : grosseur = normalité. Il est recommandé et même imposé de faire partie, comme la majorité de la population, des obèses. Quelques individus refusent de suivre ce diktat, et leur rébellion contre la norme pondérale les conduira parfois jusqu’à la mort. Fable sociale renversant le concept de minceur souhaitée en obésité forcée, « Une larme de graisse » dénonce les manipulations humaines qu’elles soient psychologiques, politiques et, bien sûr, alimentaires. Les obèses, remplis d’un « trop-vide » d’aliments, deviennent peu à peu émotionnellement inaptes, adhérant à toutes les utopies délétères qu’on leur propose. César, Rose, Zoé et André se rebellent contre cette lente déshumanisation. Endocrinologue et nutritionniste, c’est en tant que professionnelle éclairée que Catherine Claveries entraîne le lecteur dans cette société imaginaire, qui n’est pas si loin de celle d’Aldous Huxley dans « Le meilleur des mondes ». Un livre atypique, surprenant voire par moment dérangeant que certaines (essentiellement des lectrices) avouent avoir « dégusté » sans modération ou « dévoré »… Un roman d’anticipation singulier qui donne à réfléchir. Une larme de graisse, Catherine Claveries. Les Editions du Panthéon. 196 pages. 17,90€
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