« La Ville morte » : 140 chanteurs et instrumentistes dans une scénographie inédite
Vendredi 25 à 20h et dimanche 27 janvier à 15h, l’Opéra présente une nouvelle production « Die tote Stadt » (La Ville Morte) de Korngold. « Je vous livre le secret des secrets. Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort va et vient. Ne le dites à personne … » (Cocteau, Orphée, 1925) « La Ville Morte » est l’histoire d’un autre Orphée parti, comme lui, chercher sa bien-aimée dans le monde des morts pour finalement la perdre une seconde fois. Un Orphée « décadent », imaginé en 1892 par le romancier symboliste belge Rodenbach et redessiné par le compositeur Erich Wolfgang Korngold et son père Julius en 1920. L’histoire de « La Ville Morte » est celle d’un combat moins anecdotique que conceptuel : celui de la vie contre la mort. L’opéra se construit sur cette dualité en déclinant sur ce même mode autant de points de tension (le passé / le présent ; le profane/ le sacré ; le réel/ le théâtre ; Bruges/ Venise ; l’angélisme/ le meurtre…). La métaphore, la superposition des sens, des images, des temps participent de l’effet « hallucinatoire » de l’opéra. La Bruges de « La Ville Morte » n’a rien d’une ville réelle. Tout comme la temporalité de l’opéra est une temporalité intérieure, la ville est un espace mental, un lieu poétique dans lequel, entre les eaux des canaux et les brumes, se diluent les obsessions et les fantasmes de Paul. Tout ici respire l’imagination. Les figures qui s’affrontent dans la tête de Paul hantent cette géographie et ce temps de l’incertain. Ce sont des reflets, des mirages. « Notre projet veut mêler le théâtre et la musique, immerger les chanteurs au coeur de l’orchestre, faire que ceux-ci flottent au coeur de la musique et au-dessus d’elle. La présence des musiciens d’orchestre sur le plateau, structurant l’espace, participe de notre architecture imaginaire. La géographie qu’est le positionnement de l’orchestre est une ouverture onirique : structure d’une ville mais aussi flux et vibration de l’eau des canaux, explique Sandrine Anglade, la metteure en scène. Aussi, la mise en scène est-elle plus que la narration d’une histoire linéaire faite de rebondissements successifs. Elle veut considérer l’oeuvre dans toute sa dimension musicale et dramatique, insistant sur les lignes de forces, les points de tension, son caractère hallucinatoire. Entrer dans la tête de Paul, donner à voir la construction de son chemin intérieur, fait d’obsessions et de fantasmes dont les images se tissent, se reflètent, toujours semblables et en même temps différentes ».
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