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Président(e), où partez-vous en vacances ?

08h00 - 15 juillet 2020 - par Info Haute-Vienne
Président(e), où partez-vous en vacances ?
Pierre Massy - ©

Ils sont quatre : présidente et présidents à nous raconter leur état d'esprit à quelques jours des vacances, après avoir vécu une période compliquée dans leur secteur/branche.

Présidents de chambres consulaires qui ont été durant le confinement aux côtés des entreprises ainsi que des artisans du département, ou encore président(e) de secteurs lourdement impactés comme l'hôtellerie-restauration ou le BTP, tous les quatre viennent de vivre des mois denses et stressants.

Pierre Massy

Président de la CCI de Limoges et de la Haute-Vienne, qui a été largement impliquée auprès des entreprises du territoire, Pierre Massy va partir huit à dix jours en vacances en famille avec son épouse et les enfants à Uzès et à Èze. « Le confinement a été épuisant car nous avons continué à travailler en organisant quatre à cinq visioconférences/jour, durant lesquelles il fallait parvenir à rester concentré et attentif. Le télétravail a été très chronophage et finalement assez usant, explique-t-il. J'ai besoin d'une coupure, d'une ''respiration'' durant laquelle je peux totalement me changer les idées. Je vais essayer de déconnecter un peu même si la réalité du quotidien reste dans un coin de l'esprit. Nous ne sommes pas sereins, les vacances ne seront pas aussi insouciantes qu'à l'accoutumée ».

Si juillet est censé être le mois du redémarrage pour les entreprises qui ont cessé leur activité ou les avaient mises en pointillé, il apparaît clairement que d'aucunes auront bien du mal à se relever de cette période de confinement et de ses répercussions. « On se rappellera nécessairement de ce temps du Covid-19 et ce ne sera pas les meilleurs souvenirs d'une vie. La CCI va continuer à accompagner les entreprises même en juillet et en août. On est au courant que des patrons dorment peu et ont des nuits extrêmement courtes », déplore-t-il.

Dans sa propre entreprise, la quarantaine de collaborateurs va prendre deux semaines de congé en août. Mais Pierre Massy assume ce choix, parlant de responsabilité envers ses salariés, même si le besoin de trésorerie est présent.

JEAN-PIERRE GROS

Alors qu'il ne programme jamais rien de précis, Jean-Pierre Gros, le président de la Chambre régionale de métiers et de l'artisanat ainsi que de la CMA 87, sait cependant qu'il sera en famille pendant quinze jours en août. Il va totalement déconnecter sans penser à « ce qu'il y a à faire », à « ce qu'il aurait pu faire »... C'est à l'Ile d'Oléron qu'il passera du temps avec ses petits-enfants, car « le consommer local/français et les circuits courts sont des valeurs que nous défendons depuis longtemps, qui ont gagné davantage de pertinence pendant la crise. Mais plus on l'incante et moins les Français l'entendent », soupire-t-il.

« Nous avons eu deux mois un peu frénétiques, avec une activité importante voire une hyperactivité. J'étais de 8 h 30 à 21 h 30 concentré sur l'ordinateur. On a découvert le télétravail, qui a pris des dimensions surréalistes et on en a un peu abusé », ne peut-il que constater.

La France compte 1 300 000 entreprises artisanales, dont 144 523 en Nouvelle Aquitaine et 8 281 en Haute-Vienne. L'artisanat représente 3,1 millions d'actifs, dont 336 000 au niveau régional. À l'échelon hexagonal, le chiffre d'affaires du secteur est de 300 milliards d'euros. « On souhaite que la reprise économique se fasse vite et bien, les métiers du bâtiment et de l'automobile ont apparemment redémarré. Les métiers d'art semblent confiants. Il est clair que les entreprises qui étaient fragiles avant la crise auront du mal à repartir, avec une absence de chiffre d'affaires, de petites trésoreries et des charges fixes qu'il a fallu continuer à payer. On surveille de très près le tribunal de commerce et la médiation du crédit à la Banque de France », note-t-il.

ALAIN GUILLOUT

Alain Guillout, le président de l'UMIH (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie), va profiter de sa famille de passage en Limousin pour lui faire découvrir la région, le Périgord, la Charente limousine, alors qu'il partait les années précédentes deux à trois semaines : « Les vacances de l'été 2020 auront un autre goût sans grand voyage. Neuf millions de Français partent en juillet et août d'habitude. Si ces neuf millions choisissent une destination française avec sa gastronomie, son patrimoine, son art de vivre, cela constituerait une forme de solidarité nationale afin que nos territoires retrouvent un nouvel élan avec un tourisme responsable et de proximité ».
Et de continuer : « Chefs d'entreprise comme salariés, nous avons tous besoin de vacances pour s'aérer car nous avons traversé des moments difficiles, justifie-t-il. Notre secteur a été le premier touché et le dernier à sortir du confinement, alors même que les discothèques sont encore fermées. L'activité n'a repris qu'à 50 à 60 % pour l'hôtellerie-restauration avec un peu de tourisme d'affaires. Le manque à gagner pour la filière est colossal. Nous espérons un retour à la normale pour la rentrée. Mais pour l'heure, la situation reste complexe ».

ISABELLE LESCURE

À cause de la crise sanitaire, c'est la seule à ne pas partir vraiment pour la première fois en vacances, juste quelques jours ici et là alors que « nous avons été très sollicités. Moralement, cela a été très fatigant ». Isabelle Lescure, la présidente de la Fédération du BTP 87, est également chef d'entreprise : « Nous avons mis en place un roulement, les neuf salariés pourront prendre leurs congés. Le confinement puis le déconfinement ont perturbé les gens dans leurs repères, qui se sont retrouvés hors du circuit de normalité. Il y a eu l'arrêt brusque de l'activité, puis la reprise compliquée avec des chantiers décalés ou alternés... Nous sommes encore au ralenti. À la fin de l'année, des entreprises referont appel au chômage partiel car les carnets de commandes ne seront pas re-remplis, ce qui peut laisser craindre des difficultés ».

En contacts réguliers avec les autres chefs d'entreprise du BTP, elle rapporte leurs inquiétudes : « Leurs préoccupations majeures sont de savoir comment rebondir, comment donner des vacances à leurs salariés... C'est du cas par cas avec des solutions sur-mesure en fonction de chaque situation ».

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