La SPA 87 au bord du gouffre financier
Déficitaire depuis plusieurs années, le fonctionnement de la fourrière de la SPA 87 risque d'entraîner la chute de l'association, qui a lancé un cri d'alarme pour une revalorisation de la contribution des communes utilisatrices de ce service.
Le code rural oblige les communes à disposer d'un lieu pour accueillir les chiens et chats errants.
Depuis octobre 1986, la SPA de la Haute-Vienne assure cette mission de service public grâce à des locaux combinant un refuge et une fourrière construits à Couzeix par le Département et la mairie de Limoges. À cette époque, il avait été décidé que la SPA 87 assurerait la mission de fourrière animalière, dans le cadre d'une délégation de mission de service public, sous la forme d'une prestation facturée 1 franc (0,15€) par habitant chaque année pour les communes du département ayant opté pour un fonctionnement mutualisé.
Cette structure doit répondre à des exigences réglementaires strictes, notamment l'obligation qu'au moins une personne en contact direct avec les animaux possède un certificat de capacité. La fourrière de l'association est ouverte tous les jours de 8 à 18 heures et assure un gardiennage nocturne pour lutter contre les vols. « Il nous arrive fréquemment d'accueillir des animaux en pleine nuit », précise Guy Donnart, le président, qui déplore la dégradation des conditions de travail des 16 salariés, dont quatre affectés à la fourrière, de plus en plus fréquemment confrontés aux violences verbales et parfois physiques des visiteurs. « Récemment, un samedi, nous avons été contraints d'appeler trois fois la police », s'indigne Fabien Schober, le responsable administratif lui-même sauvagement frappé il y a quelques années.
IMPAYÉS CHRONIQUES
Cette fourrière départementale fonctionne à plein régime, puisqu'elle récupère et soigne annuellement plus de 600 chiens et 1.200 chats. « De plus en plus de chiens sont identifiés avec une puce, mais pas les chats, alors que c'est une obligation pour leurs propriétaires. La moitié de ces chiens et la quasi-totalité des chats restent à la charge du refuge au terme du délai de garde légal de huit jours ouvrés », ajoute le président. Là où le bât blesse, c'est que la redevance des communes, fixée à 65 cents en 2012, n'a jamais été réévaluée depuis. « L'an dernier, la fourrière accusait un déficit de 168.000€. Cette année, pour revenir à l'équilibre, il faudrait facturer 1,20€ par habitant, soit près du double de la somme actuelle. Et pour compenser les pertes des trois dernières années, il faudrait même revaloriser cette contribution à hauteur de 1,85€ », prévient le président, qui regrette le manque d'écoute des élus. Dans les autres départements, cette contribution tourne autour de 1,50€.
Les communes traînent à payer cette redevance. Trente-cinq des 165 communes adhérentes au service, représentant 359.422 habitants, n'ont toujours pas réglé la facture de 2022, soit environ 40.000€ d'impayés. Jusqu'à présent, ces pertes financières sont épongées par les comptes associatifs du refuge. « Si nous continuons à ce rythme, dans deux ans, l'association, qui a été en déficit pour la première fois cette année, risque de déposer le bilan », s'alarme Fabien Schober. Avant d'en arriver à cette issue, le président annonce qu'il refuse désormais les animaux des communes en défaut de paiement et qu'il réfléchit à supprimer le gardiennage de nuit. Ce qui reviendra, de facto, à cesser l'accueil nocturne des animaux.
Et si la SPA 87 n'obtient pas la revalorisation de cette redevance, elle pourrait envisager d'abandonner la fourrière, ce qui obligerait les mairies à gérer elles-mêmes cette difficile mission.
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