Limoges ° C
dimanche

Célébrer les morts en Limousin

08h15 - 31 octobre 2022 - par Info Haute-Vienne
Célébrer les morts en Limousin
La plaque sur la tombe « Au Pénitent Noir »

Visite aux morts le 2 novembre, pain des morts et plaques en porcelaine sur les tombes... La Toussaint est l'occasion de revenir sur des traditions régionales.

Pour le jour de la Toussaint, dans certains villages limousins, on préparerait le pain des morts, qui était mangé par toute la famille au déjeuner ou au dîner. On ne débarrassait pas la table après le repas. Certains ranimaient même le feu dans la cheminée et on plaçait les chaises autour du foyer. Cette tradition était dérivée de celle préchrétienne, de déposer des aliments près des tombes puis d'offrir un repas aux esprits, en particulier au début du mois de novembre. En effet, on pensait qu'à cette date, les morts venaient rendre visite aux vivants.

Enfin, « les pains des âmes du purgatoire », terme plus courant en Europe, étaient également distribués aux enfants et aux pauvres.

NETTOYER LES TOMBES

Avant la seconde guerre mondiale et jusque dans les années 50-60, on nettoyait les tombes bien avant la Toussaint. Les communes ayant des employés municipaux leur confiaient cette tâche, qui pouvait commencer dès la fin septembre ou début octobre. Dans les villages ruraux, c'était le fossoyeur qui s'en chargeait. Chaque tombe était débarrassée des herbes folles, les dalles balayées, les bouquets fanés enlevés. On réalisait les réparations « urgentes » ou un ravalement de caveau afin que les tombes soient présentables pour la Toussaint. Les allées étaient aussi traitées. Quelques concessions seulement étaient entretenues par leur propriétaire.

VISITE AUX MORTS

Le jour de Toussaint, on « faisait » sa/ses tombe(s) en se signant devant les tombes des membres de sa famille et ses amis. À la sortie du cimetière, on saluait le fossoyeur et on lui donnait une pièce. Plus qu'une coutume, c'était un remerciement pour celui qui s'était « occupé de nos morts ». Il faudra attendre les années 50 pour voir apparaître le dépôt des chrysanthèmes.

« On apportait rarement des fleurs au cimetière. En fait, on n'en avait pas, on n'en cultivait pas. Personne n'en vendait et personne n'avait d'argent pour en acheter. Il n'y a guère plus d'un demi-siècle que l'on commença à réserver dans les jardins un coin où quelques grosses touffes de chrysanthèmes mauves et d'asters blancs attendaient justement l'été de la Toussaint pour être cueillis dans leur plein épanouissement et déposés sur les tombes. Les années suivantes, il se fit sur ce point une émulation qui maintenant confine à l'extravagance », écrivait Marcelle Delpastre dans Le tombeau des ancêtres (1997).

PLAQUES EN PORCELAINE

Les plus anciennes et les plus nombreuses plaques en porcelaine sont au cimetière de Louyat à Limoges. Parmi les plus fameuses, on peut citer celle avec un mort-squelette à la faux sur la tombe d'Antoine-Alphonse et Marie-Jeanne L. (1873) ; le cortège processionnel avec des enfants en aube blanche portant le corps de « Jacques R. décédé à l'âge de 12 ans » ; l'originale et exceptionnelle plaque dite « Au Pénitent Noir »...

L'usage des plaques en porcelaine, le plus souvent quadrangulaires, s'est répandu dans les années 1830 à partir de Limoges, gagnant la Marche avec deux voire trois décennies de retard, plutôt dans les cimetières des petites agglomérations par médiation des pompes funèbres et sur la demande des familles aisées qui souhaitaient se conformer à la tradition « limogeoise » et surtout afficher leur statut social. Mis à part celles qui présentent de véritables tableaux, elles peuvent être classées selon trois thèmes : la tombe-stèle arborée, les mains jointes et les fleurs.

(Source : « Retour à la terre... » de Maurice Robert. Éditions Maiade)

0 commentaires
Envoyer un commentaire