Les artisans néoaquitains impactés par la hausse des coûts et l'inflation
La Chambre de métiers et de l'artisanat a mené une grande enquête régionale de conjoncture, auprès de 2 400 artisans. Le président Gomez a présenté les résultats de cette étude ainsi que les chiffres clés de l'artisanat en Nouvelle-Aquitaine.
Sur les 174 043 entreprises artisanales comptabilisées par l'Insee depuis le registre national, pour la 3e année consécutive, le secteur des services arrive en tête. Il creuse l'écart en totalisant 38 % des entreprises, suivi par le bâtiment (37 %). Ce dernier a été pendant très longtemps le premier secteur d'activité artisanale. Même si de nombreux créateurs ne s'identifient plus comme artisan sur le registre national, la majorité des créations sont ainsi réalisées dans le secteur des services (45 % des créations) et du bâtiment (31 %). Le nettoyage des bâtiments, la coiffure hors salon et les travaux de maçonnerie sont les activités les plus récurrentes.
La production occupe la 3e place (15 %) tandis que l'alimentation arrive enfin en 4e position avec 10 %, un chiffre en baisse depuis 2 ans.
Près d'un quart des entreprises artisanales compte au moins un salarié
Si 35 % des entreprises sont en phase de développement (3 à 10 ans), 46 % sont en phase de maturité (au-delà de 10 ans). Au niveau de la forme juridique, 67 % des entreprises sont sous le statut d'entrepreneur individuel. Quand, 77 % des entreprises artisanales n'ont pas de salarié, 1 % emploie entre 1 et 2 salariés, 9 % entre 3 et 9, et 3 % d'entre elles, 10 salariés et plus.
L'augmentation des défaillances se confirme
En s'appuyant sur les enquêtes de la banque de France et de l'Insee, Gérard Gomez s'inquiète de la remontée des défaillances qui dépassent légèrement les chiffres de 2019, en précisant : « En 2019, leur niveau était artificiellement bas grâce à la perfusion du »quoi qu'il en coûte« . Cette tendance s'observe depuis début 2021, mais elle s'est accélérée depuis 2022 ».
Les CFA font le plein
Le nombre d'apprenants est de 12 791 aujourd'hui contre 12 667 l'année dernière, c'est une petite progression de 0,75 %. Nous assistons probablement à un ralentissement de la phase de croissance forte de ces dernières années (+ de 10 %). « Ceci s'explique en partie par le fait que nos CFA sont pleins, et c'est une excellente nouvelle, mais la baisse du financement de l'apprentissage rend plus de la moitié de nos formations déficitaires. Nous allons essayer de faire face pour garder un maximum de filières. Une nouvelle concertation a été promise et nous espérons que le nouveau gouvernement fera preuve de compréhension afin que nous puissions sauver la rentrée 2024 », a commenté Gérard Gomez.
L'inflation sur les artisans néoaquitains
« Fin 2023, un peu plus de la moitié (54 %) des dirigeants d'entreprises artisanales de notre région témoignent de leur confiance en l'avenir pour leur entreprise. Le secteur alimentaire est nettement plus inquiet (46 % de confiants) », a exposé le président de la CMA Nouvelle-Aquitaine.
Par rapport à la situation financière de leur entreprise, 63 % des répondants se disent en situation de fragilité (niveau stable par rapport à 2022), 49 % du secteur de l'alimentaire en situation critique pour leur survie. « C'est le secteur le plus fragile de l'artisanat qui est pris en étau. Très impacté par la hausse des coûts depuis 2022, et qui perdure toujours, il fait face aujourd'hui à une forte baisse de la consommation en lien avec la baisse du pouvoir d'achat des clients », a analysé Gérard Gomez.
Ainsi, maintenir et développer la clientèle reste le principal défi à relever pour les artisans dans le contexte inflationniste actuel. Après le « choc des charges », les artisans doivent faire face à la diminution du pouvoir d'achat des clients. Cette problématique touche 65 % des répondants, et plus particulièrement le secteur alimentaire, en hausse de 27 points.
Au niveau des ressources humaines, selon l'enquête, seuls 11 % des artisans envisagent de réduire leurs effectifs salariés dans les 6 prochains mois. Ces niveaux sont stables par rapport à l'étude précédente. 27 % des sociétés projettent de former un apprenti.
Enfin, si 43 % des sondés ont un projet de formation pour 2024, peu de répondants envisagent un projet d'investissement dans la mobilité électrique ou hybride (8,5 %). Ils sont encore moins nombreux (2,6 %) à mentionner les éventuelles conséquences de l'Intelligence Artificielle sur leur activité.
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