Sensibiliser les dirigeants des clubs aux violences dans le sport

Les services de l'État ont organisé une série de trois colloques destinés à sensibiliser les responsables d'activités sportives à renforcer leur vigilance sur les violences que pourraient subir leurs licenciés. Une conférence a eu lieu à Rochechouart.
Depuis la mise en place, en 2020, d'une cellule nationale de lutte contre les violences dans le sport, divers dispositifs ont été déployés, dont la création de 20 postes d'inspecteurs de la jeunesse et sports dédiés à la lutte contre ce fléau en aidant le mouvement sportif à déployer tous les outils possibles.
Dans le département, Cédric Bourricaud, inspecteur au service départemental à la jeunesse, à l'engagement et aux sports et le CDOS ont organisé une série de trois colloques destinés à sensibiliser les dirigeants des clubs sportifs à déceler les risques de violence au sein de leur structure, dont le dernier a eu lieu sur l'arrondissement de Rochechouart.
En ouverture, le sous-préfet Aurélien Adamski a d'abord excusé l'absence du préfet qui avait prévu de présider ce colloque « ce qui témoigne de l'importance que l'État accorde à ce dispositif », expliquant qu'il avait souhaité que cette sensibilisation soit décentralisée, pour faciliter la rencontre avec les acteurs locaux. « Le sport peut parfois avoir une face sombre, sournoise qui se révèle depuis quelques années avec la libération de la parole, d'où l'importance d'aider les victimes à dénoncer ces violences », a-t-il insisté.
1 600 signalements
1 600 signalements ont déjà été enregistrés par la plateforme nationale, dont 66 % pour violence sexuelle. 73 % concernaient des mineurs ou des femmes et 396 personnes ont été mises en cause.
« Toutes les disciplines et les départements sont touchés. Depuis septembre dernier, en Haute-Vienne, deux personnes qui présentaient un risque pour la sécurité morale et physique des pratiquants ont été écartées de leur club », annonce Cédric Bourricaud, qui insiste sur l'importance de licencier tous les bénévoles des associations sportives. « Les fédérations ont mis en place des dispositifs de contrôle dès l'inscription, mais on constate qu'en cours de saison, la transmission des licences prend parfois un peu plus de temps, car elles sont moins nombreuses. Les dirigeants doivent donc être très rigoureux sur ce point », martèle-t-il.
Ils doivent aussi être attentifs à tout changement brutal de comportement des pratiquants et faciliter l'écoute des victimes de violences, qui peuvent être sexuelles, physiques, mais aussi verbales. « Ces dernières sont parfois banalisées car considérées comme habituelles dans le management d'une équipe », prévient Cédric Bourricaud, illustrant son discours par des vidéos très explicites.
L'inspecteur a ensuite rappelé que les encadrants devaient accueillir tout le monde sans discrimination, respecter l'intimité, la dignité et la pudeur de chacun, organiser et assurer la surveillance des déplacements et héberger séparément et en toute sécurité les sportifs. « Il ne faut pas hésiter à expliquer aux parents et aux enfants que certains gestes qui pourraient être mal interprétés sont nécessaires à la pratique. En gymnastique, un encadrant peut être amené à poser sa main le corps d'un pratiquant pour rectifier sa position ou récupérer un enfant chutant d'un agrès, il n'y a rien de choquant à cela », insiste-t-il.
Il a également évoqué la multiplication des faits de cyber violence, invitant les dirigeants présents à bannir les smartphones des vestiaires, « qui doivent rester des lieux d'intimité des sportifs ».
Et si, malgré cette prévention, ils sont confrontés à ces violences, leur devoir est de signaler les faits, voire, s'ils sont plus graves, d'accompagner la victime à la police. « Vous n'êtes pas des enquêteurs, vous devez juste recueillir la parole et inciter la victime à dénoncer ces violences en lui rappelant qu'elle n'est pas responsable de ce qui lui arrive », rappelle Cédric Bourricaud.
L'État ne lâche rien
Les dirigeants sportifs étaient peu nombreux à avoir répondu à l'invitation de la mairie, mais l'important est de montrer que l'État ne lâche rien. « Plus les clubs seront organisés et le projet associatif travaillé, plus le management des clubs sera facilité. Même s'ils n'étaient pas nombreux ce soir, les clubs sont demandeurs. Notre rôle est donc de porter inlassablement la parole, car même si cela prend du temps, l'information va diffuser dans les clubs. Les dirigeants présents sont désormais des ambassadeurs. Nous savons pouvoir compter sur eux pour passer le relais aux autres », a conclu Cédric Bourricaud.
Les signalements détaillés peuvent être adressés à : signal-sports@sports.gouv.fr ou au 119, 3919 ou au 17.
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