Limoges ° C
vendredi

Edito de Stéphane Félix du 29/05/2017

08h44 - 31 mai 2017 - par Info Haute-Vienne

En son temps, Peter Hook cassa la gueule des Buzzcocks, dont il n’aimait pas le nom. C’est aussi ça, le Manchester Sound. De l’énergie. Teintée de désespoir, mais de l’énergie quand même. De celle qui jaillit d’une ville de briques et de brumes, de dockers, de turbineurs, de chômeurs et du long cortège d’une jeunesse sans avenir. Il était une fois, tout là-haut, sur une île, Londres l’aristocrate d’un côté et, de l’autre, Manchester la prolo. La fille des friches, là où des gens du Nord avec un drôle d’accent surgissaient de la rue, de ses sous-sols, des garages, pour bricoler un nouvel underground. Du charbon et de l’acier transformés en musique, de la poésie à l’état brut, violente et mélancolique, des mains sales de cambouis aussi fines que la caresse d’un ange quand elles se posaient sur les cordes d’une basse, la noirceur d’encre des petits bonbons acidulés jetés par milliers, en notes entêtantes, au sortir des clubs, dans le petit matin bleu.

Love will tear us apart

Il était une fois Macclesfield. Ian, Stephen, Peter, Barney. Quatre garçons dans le vent mauvais. Il était une fois The Smiths. Une lumière qui ne s’éteint jamais. Il était une fois L’Hacienda, les Stone Roses, les Happy Mondays. New Order et Warsaw. Il était une fois Madchester,  subversive et cinglée. United et City, les rives de la Mersey, au loin, du haut des immeubles, les landes des Pennines, immenses et désolées. Piccadilly Station, Chorlton cum Hardy, Altrincham, Salford et Bridgewater. Cottonopolis et les suffragettes. Factory Records, les quais, une musique triste à danser. And love will tear us apart. Again. A Manchester, il faisait toujours froid. Surtout en été. Il y avait toujours cette pluie collante, fine, qui vaporisait de l’énergie, cette machine à recycler le désespoir en une nouvelle forme d’espérance. Il était une fois le son de Manchester. Une victoire sur la nuit et sur le silence.  

0 commentaires
Envoyer un commentaire