Edito de Stéphane Félix du 29/05/2017
En son temps, Peter Hook cassa la gueule des Buzzcocks, dont il n’aimait pas le nom. C’est aussi ça, le Manchester Sound. De l’énergie. Teintée de désespoir, mais de l’énergie quand même. De celle qui jaillit d’une ville de briques et de brumes, de dockers, de turbineurs, de chômeurs et du long cortège d’une jeunesse sans avenir. Il était une fois, tout là-haut, sur une île, Londres l’aristocrate d’un côté et, de l’autre, Manchester la prolo. La fille des friches, là où des gens du Nord avec un drôle d’accent surgissaient de la rue, de ses sous-sols, des garages, pour bricoler un nouvel underground. Du charbon et de l’acier transformés en musique, de la poésie à l’état brut, violente et mélancolique, des mains sales de cambouis aussi fines que la caresse d’un ange quand elles se posaient sur les cordes d’une basse, la noirceur d’encre des petits bonbons acidulés jetés par milliers, en notes entêtantes, au sortir des clubs, dans le petit matin bleu.
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