Edito de Stéphane Félix du 19/06/2017
Nous l’attendions depuis un an. Il nous attend depuis toujours. L’été. Notre bel amour des fugues, nos cœurs griottes et nos vélos sous le vent.
Le 21 juin, les villes font de la musique, parce que ça les amuse, pour se sentir gaies et vivantes, pour saluer le soleil qui se couche tard car il se lève tôt et souhaiter bonne nuit aux étoiles, un peu plus nombreuses que d’habitude. En Limousin, on joue de la corde à linge et on se sèche les plumes, drôles de zoziaux aux minuscules ailes, si minus, microscopiques, qu’elles ne nous emportent jamais très loin. Ebouriffés par tant d’années de pluie, frisant à l’air léger, qui grise, entêtant. Boucles de cheveux et boucle du temps. Au-dessus de nos têtes, le ciel est comme nous : haut comme trois pommes à cidre, immensément. Au-delà du village, resserré sur ses pierres, il y a une mer verte, un océan planté de cailloux aux trésors, des rêves de bicyclettes fendant l’écume du jour le plus long vers de grandes découvertes, un si grand pas pour de si petits mollets.
Comptine d’été
Après la soupe, les vieux s’improvisent une veillée en terrasse de fortune. Deux ou trois chaises au cannage de paille hirsute campent devant la porte. On prend le frais. Le tilleul bruisse et l’accent de roc traîne un peu. Ainsi commence la comptine de l’été. Un, deux, trois. Quatre, cinq, six. Voilà la tribu cerises, les marmots en grappes, sages comme des images et pourtant, qu’ils s’en disent des bêtises ! C’est leur saison, leur bel amour de toujours, qui les attendait. Une herbe au bec, des fraises aux joues, jouant à être plus légers encore qu’un air de juin. Ils savent y faire, à chat perché sur la margelle du puits aux histoires perdues. Sept, huit, neuf. Ils ont toute la vie pour s’envoler, les Titeuf limousins. Pour se laisser pousser des ailes. Pour siffloter des fugues sur des plages qui n’existent pas. Une pelle, un seau, des châteaux de granit. Un, deux, trois. Le sable, ça glisse entre les doigts.
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