Pierre Nicolaï : « Le Limousin, une destination à part en-tière »

Vice-président de la Fédération régionale de l'hôtellerie de plein air, Pierre Nicolaï estime que le Limousin a une carte touristique à jouer.

Info. Pourquoi avoir créé une fédération régionale de l'hôtellerie de plein air ? Pierre Nicolaï. La Fédération régionale a été créée en 2012, chaque département du Li-mousin était dotée d'une organisation professionnelle à l'image du Club Camping Haute-Vienne. Les professionnels voulaient se fédérer pour représenter la profession et la Ré-gion nous a également incités à le faire. La Fédération compte 87 adhérents pour 115 campings classés en Limousin, l'adhésion n'est pas obligatoire. Etant tous pris par nos activités d'avril à septembre, l'association est très active après la saison. Nous proposons des solutions comme, par exemple, une aide juridique pour les nouveaux avec des forma-tions spécifiques. Une centrale d'achats a été créée pour bénéficier de tarifs intéressants auprès de fournisseurs locaux. Si d'autres campings adhèrent, nous obtiendrons plus de subventions.

I. Pouvez-vous nous présenter vos établissements ? P. N. Nos campings sont très différents de ceux de bord de mer, nous jouons tous la carte nature, ils sont à taille humaine et le choix est important. Chaque touriste peut trou-ver ce qu'il recherche pour découvrir notamment la Vallée de la Dordogne, la Vallée des peintres ou la porcelaine. Ils sont tous classés, c'est-à-dire étoilés et ici, un trois étoiles vaut un trois étoiles en bord de mer, même si nos campings ne sont pas tous équipés de toboggans aquatiques. De nombreux établissements sont gérées par des communes, de plus en plus souvent en délégation de service public, mais certains ont été achetés par des privés.

I. Quelle clientèle accueillez-vous ? P. N. D'après l'INSEE, les campings haut-viennois ont enregistré 79.000 arrivées et 215.000 nuitées en 2016, pour le Limousin 230.000 arrivées et 840.000 nuitées ont été comptablisées. La situation centrale de notre région est un atout. Limoges est souvent ville étape pour les gens du Nord et ceux du sud qui vont en Bretagne. La gratuité de l'A 20 est un plus. Nous essayons de convaincre les touristes de passage de rester plus d'une nuit. S'il fait beau, les Hollandais prolongent leur séjour. Des Bordelais, des Landais, des habi-tants de la côte Atlantique viennent pour passer un week-end au vert. Le potentiel de tou-ristes de Nouvelle-Aquitaine à deux ou trois heures de route est important.

I. Le Limousin devient-il une destination de vacances ? P. N. Tout à fait, des clients choisissent le Limousin pour leurs vacances en raison des tarifs inférieurs à ceux pratiqués en bord de mer, le budget est divisé par deux voire trois, mais ils apprécient aussi la qualité des hébergements, des équipements et l'accueil fami-lial. Hors saison, nous recevons des retraités et de jeunes couples et, en été, des Lillois, des Nantais, des habitants de Rhône-Alpes et des bords de mer. Le bouche à oreille est bon, avec effet boule de neige. Les touristes reviennent et amènent du monde. Le Limou-sin devient une destination à part entière.

I. Quels sont les atouts de notre territoire ? P. N. Sans hésiter la nature, les touristes sont surpris, ils ont l'impression d'être en Dor-dogne. Les sentiers de randonnée sont très appréciés, les activités se sont développées ces dernières années, par exemple, l'Espace Hermeline, Châlucet, Lastours, la Tuilerie de Puycheny, le Parc du Reynou, le Limousine Park. Le canoë kayak plait beaucoup égale-ment. L'offre est vraiment diversifiée, ainsi les touristes peuvent s'occuper durant toute une semaine, ils consacrent un budget plus important aux sorties, vu les prix inférieurs de l'hébergement. Autre effet constaté, huit familles qui fréquentaient mon établissement se sont installées définitivement, attirées par les prix bas de l'immobilier et la qualité de vie.

Corinne Mérigaud Photos © Yves Dussuchaud