Limoges ° C
jeudi

Michel Goudard : « La 40e saison d’Euterpe sera une 40e rugissante »

09h46 - 18 septembre 2017 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_227612" align="aligncenter" width="800"] « Nous l’avons voulue rugissante par le nombre de stars programmées ».[/caption]

Il porte beau ses quarante ans de carrière et de vadrouille. Après 2,5 millions de kilomètres passés sur les routes, 10.000 spectacles organisés et 25 millions de spectateurs accueillis, la passion n’est toujours pas usée : cette saison encore, M. Euterpe remet sa tournée !

INFO – La quarantième saison d’Euterpe sera, selon vos propres mots, une quarantième rugissante : comment allez-vous la faire rugir ?

Michel GOUDARD – Même si beaucoup de têtes d’affiches sont des habituées de Limoges, de son Zénith ou de son Opéra, nous l’avons voulue rugissante par le nombre de stars programmées et par la présence d’artistes confirmés, qui font peu de spectacles désormais en raison de leur très longue carrière. A cet égard, je suis très heureux de retrouver Michel Sardou, qui vient à Limoges pour préparer sa tournée et nous fait par la même occasion un joli clin d’œil.

I. - Avec, comme chaque année, les ingrédients d’Euterpe qui font que chaque saison est réussie ?

M.G. – Notre marque de fabrique est de satisfaire tous les publics en étant le plus éclectique possible dans nos choix de programmation. C’est ce que nous aimons et ce que nous savons faire : mêler les genres et les générations, en nous appuyant sur la diversité et la richesse du spectacle vivant. Nous avons construit la saison 2017/2018 autour de pointures incontournables et de propositions dans l’air du temps, avec des singularités, comme la merveilleuse chanteuse Camille, en y ajoutant des musiques urbaines, dont le fer de lance sera IAM, sans oublier les très grands spectacles et les comédies musicales, comme Notre-Dame de Paris ou les Choristes, les propositions jeunesse, avec Anaïs Delva qui chante les princesses Disney, les humoristes…

I. - Comment a évolué votre métier et son environnement depuis vos débuts en 1977 ?

M.G. - En premier lieu, le temps artistique est très différent. Il y a 40 ans, les artistes étaient développés sur des carrières longues et exerçaient un véritable métier, sous le regard de producteurs qui leur permettaient de peaufiner leur écriture, de ciseler leur ouvrage et de tout mettre en boîte avec de grands musiciens. Aujourd’hui, tout s’est accéléré. Le numérique permet de sortir très rapidement beaucoup d’albums d’une kyrielle d’artistes produisant chacun un tube. Le directeur artistique d’autrefois, qui était un relais auprès des maisons de disques, est devenu un chef de produit.

I. – Qu’en est-il en matière de diffusion du spectacle vivant ?

M.G. – Là aussi, tout a changé : à mes débuts, il existait très peu de lieux spécifiquement conçus pour cela, on devait se contenter de salles polyvalentes ou de halls, au mieux de quelques théâtres dont les jauges n’excédaient pas les 1.000 places. En 2017, nous disposons d’un réseau magnifique de salles de spectacles, en particulier le réseau Zénith et Arena, dont les plus importants permettent d’accueillir de 10.000 à 12.000 personnes et que remplissent les grosses têtes d’affiches, tandis que les salles de 1.000 places existantes sont parfaitement dimensionnées pour des artistes moins poids lourds. En revanche, il n’y a pas de jauge intermédiaire.

I. - Le maillage du territoire en salles de spectacles n’est-il pas incohérent ?

M.G. - Il l’est, en raison d’une très mauvaise politique d’aménagement, menée sans concertation et sans coordination du ministère de la Culture, les collectivités locales investissant, souvent à grands frais, dans des équipements dont on peut s’interroger sur la pertinence. On se rend compte, par exemple, que le Zénith de Limoges, qui est une très belle salle à vocation régionale et un outil magnifique, parfaitement adapté à l’accueil des artistes, se retrouve en concurrence, dans un rayon de 100 kilomètres seulement, avec le Mach 36 de Châteauroux, le Palio à Périgueux ou encore les francs-tireurs de l’Espace des Trois Provinces à Brive. L’absence d’une autorité de tutelle gérant le maillage national donne lieu à des aberrations qui impactent les finances publiques.

I. - Quarante ans de carrière, ce ne sont pas, aussi, quarante ans de nostalgie ?

M.G. – Je ne vis pas dans la nostalgie, j’essaie d’aller toujours de l’avant et de faire perdurer Euterpe, qui est une belle aventure collective portée et vécue par toute l’équipe qui m’entoure, pour certains d’entre eux depuis 30 ou 40 ans. Bien sûr, cet anniversaire oblige à aller fouiller dans des souvenirs, quand on refaisait le monde jusqu’à pas d’heure pour reprendre la route au petit matin. Mais c’était une époque où l’on faisait quelques dizaines de spectacles par an. Aujourd’hui, avec 300 représentations à l’année, on ne peut plus travailler de la même façon et donner le même temps à chaque chose. Le temps s’est raccourci, mais la bonne nouvelle, c’est qu’il sera toujours là l’an prochain. Comme Euterpe.

Photo © D.R.

0 commentaires
Envoyer un commentaire