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Philippe Pauliat-Defaye : « Limoges est une ville de jazz reconnue »

09h19 - 09 octobre 2017 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_228054" align="aligncenter" width="640"] « Cette collection est l'une des plus rares et précieuses d'Europe »[/caption]

Le fonds Jean-Marie Masse, en cours d'inventaire, laisse présager une exposition en 2018. Phillipe Pauliat-Defaye, adjoint à la culture, lève le voile.

Info. Qui était Jean-Marie Masse ? Philippe Pauliat-Defaye. Il était en quelque sorte l'apôtre du jazz sur Limoges ! J'ai eu la chance de m'entretenir avec lui fin 2014, il m'a raconté à quel point cette musique l'avait marqué. Son charisme, sa personnalité et son talent de musicien ont permis à ce person-nage très engagé à Radio Limoges, dès l'après guerre, de tisser des liens chaleureux et amicaux avec de très grands noms du jazz qu'il a accompagné à la batterie, notamment Bill Coleman, Buck Clayton, Mickey Baker, Buddy Guy, Duke Ellington, Claude Bolling, Lionel Hampton... En 1948, il a fondé le Hot Club de Limoges et organisé des concerts du-rant plus de soixante ans qui ont marqué plusieurs générations de Limougeauds. En 1989, il créera sa radio Jazz FM qui deviendra Swing FM.

I. Que lui doit la ville ? P. P. D. Limoges est devenue une ville de jazz reconnue nationalement et internationa-lement dans le circuit des amateurs, ce qui était inattendu. Jean-Marie Masse a marqué la vie culturelle locale de manière forte. Il souhaitait être un évangélisateur de cette musique et transmettre sa passion à tous. Son voeu le plus cher était de faire la Ville de Limoges son légataire. Il a frappé à la porte durant des années sans être entendu puis, par défaut, il s'était tourné vers la Région qui lui avait proposé une solution qui ne le satisfaisait pas car il se sentait avant tout de Limoges. De plus, i il aurait dû faire cause commune avec des artistes dont il ne partageait pas les goûts. Un différend qui a précipité cet échec. Lors de notre arrivée aux affaires, le maire lui a ouvert les bras car il appréciait le personnage.

I. Combien de pièces comporte ce fonds ? P. P. D. Il comprend 20.000 pièces, notre premier travail a été de le faire expertiser. Anne Legrand, spécialiste du jazz à la Bibliothèque Nationale de France, l'a estimé à 500.000 euros. Cette collection est l'une des plus rares et précieuses d'Europe. Elle recèle de petits trésors discographiques, des concerts inédits, des entretiens, des sessions alternatives... et iconographiques, des photos dédicacées des plus grands jazzmen et enfin une riche correspondance attestant la relation intime qu'il avait tissé avec eux.

I. Comment procédez-vous pour l'inventorier ? P. P. D. Une équipe de sept personnes a été constituée, choisies pour leurs compé-tences spécifiques afin de classer, référencer et conserver de manière adaptée ces pré-cieux documents parfois détériorés. Chacun sera reconditionné et réparé. En priorité, l'at-tention a été portée sur les photos, sa correspondance et les revues spécialisées. A ce jour, sur 3.000 photos, la moitié est traitée et 80 % de ses 2.500 lettres sont inventoriées. Les 3.500 périodiques ont été catalogués, reconditionnés et réparés, ce qui représente 68 titres, certaines n'existent qu'à la BNF, quant à d'autres, seule la BFM en possède. Enfin, tous ses livres ont été traités.

I. Au niveau discographique, que contient sa collection ? P. P. D. Les 150 disques à acétate « Pyral », les plus fragiles, ont été restaurés et numé-risés par la BNF. Ils avaient permis d'enregistrer les concerts qui avaient lieu à Limoges, ce sont des pièces uniques et inédites. Un travail important reste à mener pour cataloguer les 4.000 CD et les 78 tours avec notamment une collection de Victory Disc, des disques réali-sés durant la seconde guerre pour les soldats américains. Enfin, parmi les 33 tours (6.000), nous avons trouvé une collection rare du label Vogue avec des pochettes illus-trées par de grands noms.

I. Quand sera présenté ce fonds ? P. P. D. Une manifestation autour de l'histoire du jazz à Limoges sera organisée au se-cond semestre 2018 émaillée de concerts, projections, conférences et d'événements festifs en collaboration avec les musées. Nous exposerons à la Galerie des Hospices quelques unes de ces pièces remarquables et de ses toiles, avec l'accord de sa famille. Michel Leeb, qui est un grand amateur de jazz, a promis de venir pour ces six mois de fête. Texte et photo : Corinne Mérigaud

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