RCF Limousin : Robert Guédiguian dans « Vies d'Envies »
Montrer le monde tel qu'il est, le monde des petits patrons, des ouvriers, des déclassés, des exclus, des pauvres gens, est une constante chez Robert Guédiguian, cinéaste, scénariste, producteur et, depuis 2015, directeur de la Cinémathèque de Toulouse ce « cœur battant du cinéma ». Faire du cinéma est, pour lui, un acte forcément politique dès lors que l'on éprouve la nécessité de témoigner de la vie des autres et de leur quotidien. Petit-fils d'Arméniens poussés vers la terre phocéenne par le génocide turc, fils d'un électricien des docks marseillais et d'une femme de ménage d'origine allemande, Robert Guédiguian a grandi entre les rues du populaire quartier de l'Estaque et les salles de cinéma où il découvrit Jean Renoir. A la faveur de mai 68, à 14 ans, il adhérait aux Parti communiste avec lequel il rompra dix ans plus tard. Sa rencontre en fac avec Ariane Ascaride, alors comédienne débutante, déterminera sa vie : en la suivant à Paris, l'étudiant en sociologie qu'il était allait bifurquer vers le 7° Art à la faveur d'une rencontre avec René Féret qui venait de réaliser « La communion solennelle » et lui proposa de co-écrire le scénario de « Fernand ». La voie était tracée et, à 27 ans, dès son premier long métrage, « Dernier été », Robert Guédiguian impressionna critique et public, glanant de surcroît une sélection à Cannes et le flatteur Prix Georges-Sadoul. Depuis, au gré des dix-neuf films qui suivirent, en particulier « A la vie à la mort », « Marius et Jeannette » et « La ville est tranquille », il a imposé son style, son accent, sa famille de comédiens, ne s'éloignant jamais trop de son décor de prédilection, les calanques marseillaises, à l'exception d'incursions en Arménie, d'un hommage à Missak Manouchian (« L'Armée du crime » avec Simon Abkarian) et d'un film de commande, « Le promeneur du Champ de Mars » avec Michel Bouquet dans le rôle de Mitterrand à l'orée de la mort. Avec son vingtième long métrage, « La villa », co-écrit avec le dramaturge Serge Valletti, Guédiguian installe un huis-clos émouvant dans la calanque de Méjean enveloppée dans la douceur d'un hiver provençal ; un havre révélateur, fixateur, rédempteur et protecteur où deux frères et leur sœur - elle, de retour après vingt ans d'absence née d'un drame -, vont ferrailler avant de se ressouder autour d'un père grabataire et à l'arrivée inoppinée de trois enfants jetés sur le rivage méditerranéen... Mélancolie, nostalgie, solitude, vieillesse, silence, mort, désarroi, cynisme, lucidité, partage, immigration, tendresse et désir, sont autant de thèmes et émotions saupoudrées d'espoir subtilement traités par un fin observateur des choses de la vie. En prélude à la sortie de « La villa » le 29 novembre (avec Jean-Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin et Gérard Meylan), Robert Guédiguian s'est longuement confié à Chris Dussuchaud à l'occasion de l'avant-première de son film à Limoges... « Vies d'Envies », de Chris Dussuchaud, sur RCF Limousin : jeudi 26 octobre de 20 h à 22 h, rediffusion dimanche 29 de 16 h à 18 h (99.6 à Limoges, 100.2 à St-Yrieix, 107.4 à Bellac, 105.8 à St-Junien, 95.8 à Guéret, 89.4 à Aurillac, 91.4 à Brive, 106.9 à Tulle et Egletons, 89.3 à Argentat, 102 à Ussel). Photo © Bruno Béziat
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