Plongée dans le Limoges souterrain
[caption id="attachment_228447" align="aligncenter" width="640"] Gilles Bégout, Vice-Président de l'Agglo en charge de la voirie.[/caption]
Des caves transformées en café concert ou discothèques, des souterrains qui alimentent de folles légendes, un temple soi-disant maçonnique... Le sous-sol limougeaud est passé au crible par des spécialistes.
Limoges, c'est un véritable gruyère ! Tout le monde le sait et régulièrement, des cavités apparaissent suite au passage d'un engin de travaux publics ou d'une voiture. Le sous-sol de la capitale limousine regorge de caves et souterrains plus ou moins connus, mais il est loin d'avoir livré ses secrets. Si les dessous choc font partie du patrimoine local, ils ont aussi entretenu la légende que d'aucuns s'emploient à faire perdurer. [caption id="attachment_228448" align="aligncenter" width="640"] Delphine Dugrillon, ingénieur au BRGM.[/caption]Sécurité
Bien que l'association Archéa ait répertorié la plupart des cavités voilà une vingtaine d'années, certaines causent encore des désagréments. C'est le constat effectué par Limoges Métropole, notamment lors de travaux menés ces dernières années dans les rues piétonnes du centre-ville. « Limoges est un vrai gruyère avec ces cavités importantes et en réalisant ces travaux, nous avons perdu beaucoup de temps à cause de cela, constate Gilles Bégout, Vice-Président de l'Agglo en charge de la voirie, cela a entraîné des retards plus ou moins importants. De plus, il aurait pu y avoir des accidents graves avec des engins qui passent à travers une rue. Comme nous allons développer la rénovation du centre-ville, il est intéressant de connaître l'état réel du sous-sol afin de sécuriser les chantiers. En outre, les propriétaires seront mieux informés et pourront renforcer leurs structures si nécessaire ». La Communauté d'Agglomération s'est donc lancée pour défi de constituer un état des lieux les plus exhaustifs possibles de ces souterrains et cavités dont la densité atteint jusqu'à six caves par hectare ! Les deux coeurs historiques, la Cité et le Château ainsi que leurs alentours, sont concernés soit 90 ha dont plus de 28 ha sur le domaine public. Un budget de 548 330 € a été voté avec une participation de 50% du Fonds Barnier pour la prévention des risques naturels, de 20% de BRGM et de 30% de l'Agglo. « Si sous le domaine public, des cavités sont fragiles, des travaux de consolidation seront effectués précise-t-il. Cet inventaire pourrait, pourquoi pas, déboucher sur une valorisation touristique si nous trouvons des cavités intéressantes à faire visiter. Avec les techniques utilisées, nous pouvons tout à fait découvrir des zones inconnues ». [caption id="attachment_228449" align="aligncenter" width="640"] Angélie Portal, géophysicienne, traque les anomalies du sous-sol.[/caption]Sous-sol complexe
Démarré en juillet, cet état des lieux est réalisé par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières. Ces spécialistes vont recenser, en priorité, les cavités dont la localisation et l'emprise pourraient avoir un impact direct sur la gestion du domaine public. Depuis 2009, quelques 163 cavités ont été listées sur le site Géorisques ; les informations recueillies actualiseront cette base. Le BRGM a d'abord collecté les informations bibliographiques auprès d'Archéa, de la DRAC, de la Ville et de l'Agglo. La technique de la micro-gravimétrie leur permet d'effectuer des mesures très précises. « Nous mesurons les différences de masses dans le sous-sol pour détecter des anomalies à cause du vide explique Delphine Dugrillon, ingénieur risques naturels au BRGM. Des rues ont donc été fermées à la circulation cet été car l'appareil est très sensible aux bruits et aux passages des piétons. Nous sommes entrain d'établir une carte avec ces anomalies, tout en intégrant les bâtiments de chaque côté de la rue, les caves et souterrains déjà connus. Dès lors, nous pourrons pointer du doigt des cavités inconnues et préparer des visites. Nous ciblerons celles pour lesquelles nous n'avons que des informations succinctes, dont nous ignorons l'entrée, l'orientation, la superficie... ». Une fois ce zonage effectué, ces techniciens reprendront contact avec les propriétaires pour organiser les visites, au premier semestre 2018, une centaine est envisagée. Un dépliant de quatre pages, assorti d'un questionnaires, a été envoyé à 9.500 propriétaires et locataires concernés expliquant la démarche.« Nous avons enregistré 500 retours dont 200 mentionnant une cave, 150 réponses sont négatives et 150 disent ne pas savoir. Il est encore temps de retourner ce questionnaire à Limoges Métropole pour avoir de plus amples renseignements ». D'après les premières constatations du BRGM, la réputation de Limoges se confirme. « Les caves urbaines s'étendent sur plusieurs niveaux qui ne sont pas toujours les uns sur les autres, avec parfois la présence de galeries et d'aqueducs assure-t-elle. Ce sous-sol est donc compliqué, on peut facilement s'y perdre. Et à Limoges, comme dans toutes les villes concernées par ce phénomène, les souterrains apportent toujours leur lot de mystères ». Plusieurs centaines de caves, souterrains et autres aqueducs seront répertoriés à terme. L'ultime étape consistera à proposer des préconisations afin de conforter si besoin ces ouvrages et d'assurer un suivi. « Nous donnerons un avis sur la stabilité de ces ouvrages annonce-t-elle, l'objectif sera d'anticiper un affaissement ou un effondrement soudain comme cela s'est déjà produit ». Mieux vaut prévenir que guérir...Corinne Mérigaud Photos © Vanessa Monteil Limoges Métropole / BRGM
[caption id="attachment_228450" align="aligncenter" width="640"] Une cavité explorée rue Cruche d’Or.[/caption] [caption id="attachment_228451" align="aligncenter" width="640"] Une autre connue rue Elie Berthet.[/caption]
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