Sophie Bertrand : « Le centre d’art de Vassivière s’ouvre à la société civile »
[caption id="attachment_228652" align="aligncenter" width="640"] « L’art doit apporter une part d’émerveillement… ».[/caption]
Le conseil d’administration de l’association du Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière a élu à l’unanimité une nouvelle présidente pour trois ans. Entretien avec Sophie Bertrand, architecte à Eymoutiers.
Info Magazine : Sophie Bertrand, qui êtes-vous ? Sophie Bertrand : Je suis née à Peyrat-le-Château. Enfant, j’ai pu voir le travail de Pierre Digan, sculptant « Le berger de Saint-Genest » dans la cour de mon école primaire. Cette œuvre fait partie des premières sculptures exposées sur l’île de Vassivière pour le symposium « L’île aux pierres » de 1983. Cette expérience reste un exemple de l’art allant tout d’abord au-devant du public et permettant aussi au public la découverte de l’île, lieu de création. A l’École d’architecture de Clermont-Ferrand, j’ai suivi les cours de projet de Xavier Fabre et j’ai travaillé comme chef de projet dans l’agence Fabre/Speller de 2002 à 2010. En 2010, je suis revenue à Eymoutiers et je m’y suis installée comme architecte. J’ai créé en association avec Magdeleine Lounis, les Ateliers d’architecture Lounis & Bertrand. Élue en 2013 à l’ordre des architectes du Limousin, je suis actuellement co-présidente de la Maison d’architecture du Limousin, qui dans le cadre de la Nouvelle-Aquitaine, va se rapprocher des Maisons de l’architecture de Bordeaux, Pau et Poitiers.
Info : Vous êtes la première présidente sans mandat politique… N’est-il pas trop difficile de succéder à Stéphane Cambou ? S.B. : J’étais membre du conseil d’administration depuis mai 2016. Je suis en effet la première présidente sans mandat politique à accéder à la présidence de l’association du Centre international d’art et du paysage, depuis sa création en 1987, qui ainsi s’ouvre à la société civile. Pour l’heure, j’ai reçu un bon accueil et un bon retour de la part des habitants, des partenaires. J’espère pouvoir « ouvrir » le monde de l’art autrement. Je souhaite accompagner le centre d’art dans une valorisation de son histoire et l’accès à de nouveaux publics, notamment scolaires (déjà 4.000 enfants sont accueillis tous les ans), en lien avec l’architecture, avec un axe de réflexion sur la transmission de l’art contemporain et sur la notion d’espace.
Info : Qu’en est-il de l’implication des habitants ? S.B. : Justement, nous nous interrogeons : comment les habitants peuvent-ils investir le centre d’art ? Le CIAP est un centre d’art international mais il est situé dans un pays rural, dans un territoire… Marianne Lanavère, la directrice, a déjà renforcé cet aspect depuis son arrivée en 2012.
Info : Allez-vous avoir un droit de regard sur la programmation ? S.B. : Le conseil d’administration complète et accompagne les propositions de Marianne Lanavère, qui dresse les grandes lignes et garde carte banche. Mais il est vrai que je porterais un regard extérieur sur la programmation. Par exemple, pour le colloque qui a eu lieu en octobre sur « L’art dans l’espace rural », j’ai proposé la participation du paysagiste Rémy Janin, qui est venu présenter le Festival d’art contemporain Polyculture qu’il organise dans sa ferme.
Info : Que répondez-vous à ceux qui pensent que le centre d’art de Vassivière est trop élitiste ? S.B. : Le centre d’art accueille des artistes contemporains qui sont entrain de créer. Donc nous ne pouvons pas avoir de recul sur ce qui va plaire. L’art doit apporter une part d’émerveillement… Cette année, l’exposition, qui s’est achevée le 5 novembre dernier, était plus abordable : « Transhumance » était une exposition-parcours composée d’oeuvres de la collection du Centre national des arts plastiques (Cnap) dans l’espace public. Le projet s’étendait du bâtiment du centre d’art et son bois de sculptures sur l’île de Vassivière à six communes rurales avoisinantes, Beaumont-du-Lac, Gentioux-Pigerolles, La Villedieu, Nedde, Peyrat-le-Château, Saint-Amand-le-Petit, jusqu’à Radio Vassivière.
Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photo © Le lac de Vassivière
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