Limoges décroche l’IGP
Pour Alain Mouly, président de l'Union des fabricants de porcelaine de Limoges, la route a été longue afin d’obtenir l'Indication Géographique Protégée Porcelaine de Limoges.
Info. Quelles étapes avez-vous dû franchir pour décrocher cette IGP, la première en France pour un produit industriel ? Alain Mouly. D'abord, je dois dire que c'est une excellente nouvelle pour les fabricants et une victoire historique. Dans les années 2000, nous avions comme objectif de faire mo-difier un décret de février 1978 qui régit la fabrication et la commercialisation de la porce-laine en faisant ajouter deux ou trois lignes à savoir que « seules prétendre à l'appellation porcelaine de Limoges les produits entièrement fabriqués et décorés à Limoges ou dans le département ». Cela n'a pas pu aboutir, l'Union européenne nous avait accusés de protec-tionnisme. En juin 2011, Frédéric Lefebvre, secrétaire d’État à l'industrie, avait proposé une loi visant à protéger les produits industriels et artisanaux, ce qui n'existait pas en France contrairement aux produits agricoles et agroalimentaires. Je l'ai rencontré en sep-tembre, nous avons comparé son projet au cahier des charges de l'Union des fabricants de porcelaine et nous étions en phase à 80%. Il a poursuivi son travail législatif, on s'at-tendait à une adoption en janvier 2012 mais, à l'approche de l'élection présidentielle, tout a été stoppé. Suite à l'élection de François Hollande, nous avons enchaîné avec les interlo-cuteurs Sylvia Pinel puis Benoît Hamon qui était venu à Limoges et la loi régissant la pro-tection des produits industriels a été adoptée en mars 2014 avec un décret en juin 2015 qui ne répondait pas à notre demande et un second en mai 2016 qui nous convenait.
I. Comment s'est poursuivie votre démarche ? A. M. Pour être en phase avec la loi, nous avons créé un organisme de défense et de gestion pour porter le projet et étendu à l'ensemble de la profession, puis nous avons dé-posé le cahier des charges à l'INPI en juin. Une enquête publique de deux mois a été me-née, ne donnant lieu à aucune remarque négative. L'INPI nous a ensuite confirmé que l'IGP sera attribuée par publication au Journal Officiel du 1er décembre. Ensuite, les can-didats à l'IGP seront audités par un organisme certifié qui vérifiera si leurs pratiques cor-respondent bien au cahier des charges. Aujourd'hui, l'association compte quarante adhé-rents dont 39 fabricants et opérateurs, plus les organismes associés tels que la Ville de Limoges, le Département, la Région, le Pôle européen de la céramique, tous les centres d'enseignement, etc...
I. Qu'est-ce que cela va changer pour le consommateur ? A. M. Auparavant, nous n'avions pas les moyens de lutter contre les appellations abu-sives, des pièces en porcelaine étaient fabriquées en Chine ou ailleurs et revenaient à Limoges pour y être décorée et estampillée Limoges. Désormais, tout un arsenal juridique est disponible pour sanctionner les abus sous le contrôle de l’État. Le consommateur aura donc la garantie d'acheter de la porcelaine fabriquée et décorée à Limoges et en Haute-Vienne tandis que les porcelainiers peuvent escompter une valeur ajoutée pour leurs pro-duits. La remise officielle des diplômes IGP est prévue à la Préfecture le 7 décembre.
Propos recueillis par Corinne Mérigaud. Photo © Yves Dussuchaud.
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