Un gars, une fille
[caption id="attachment_230577" align="aligncenter" width="800"] #stillphotography #photographe de plateau #photographe[/caption] Dans « Tout le monde debout », Franck Dubosc fait tourner les jambes d’Alexandra Lamy… Jocelyn, patron d'une entreprise de chaussures de sports à la mode, est un séducteur compulsif. Faire tomber les femmes dans ses bras avant de les abandonner sans ménagement est son sport favori. Un concours de circonstances pousse Julie, la voisine de sa mère, à croire qu'il est privé de l'usage de ses jambes. Attiré par l'auxiliaire de vie aux formes voluptueuses, il ne corrige pas le malentendu, espérant l'ajouter à son tableau de chasse. En réalité, elle veut le présenter à Florence, sa sœur en fauteuil roulant, espérant que leur handicap commun les réunira. Pour ses débuts derrière la caméra, Frank Dubosc s'essaie à la comédie romantique sensible. Contre toute attente, le sujet lui est très personnel… « Un jour, à cause de l’âge et parce qu’elle ne pouvait plus beaucoup se déplacer, ma mère s’est retrouvée dans un fauteuil roulant. Le fauteuil, symbole du handicap, est devenu une solution parce que, enfin, elle allait pouvoir de nouveau bouger, sortir. Mais elle a objecté : « je ne pourrai pas aller au marché de Noël car il faut monter des marches ». Ça a fait tilt. Ce qui semblait une opportunité devenait donc un obstacle. Et j’ai pensé à tous ceux qui, handicapés, sont confrontés à cela. D’autre part, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire d’amour qui soit fondée sur la différence non pas culturelle ou sociale mais physique. Il y a une question que je me suis souvent posée, qui m’interpelle : et si tu tombais amoureux de quelqu’un d’handicapé ? Est-ce que l’amour serait plus fort que la raison ? Je pense que oui et c’est pour cela que j’ai voulu faire ce film ». Ses proches dont son docteur et meilleur – seul – ami (Gérard Darmon) et son assistante (Elsa Zylberstein, délicieusement burlesque) ont beau lui répéter «c'est pas bien ce que tu fais», il n'arrive pas à dire la vérité. Franck Dubosc fait évoluer son personnage de grand séducteur, ou plutôt de dragueur lourdingue, qui l'a rendu célèbre. Au-delà des malentendus comiques, il prend soin de faire naître une belle émotion. On rit beaucoup certes mais il ne néglige pas la crédibilité de cette histoire d'amour née d'une entorse à la vérité ni les parts d'ombre de son personnage. « Son frère lui dit : « tu ne t’aimes pas, c’est pour ça que tu te caches. » Il ne voit pas les autres parce qu’il ne veut pas se regarder. Il est bourré de failles et on devine que ce qu’il dissimule est plus intéressant que ce qu’il nous montre. C’est sûrement la part autobiographique la plus importante du film. Je ne m’aime pas beaucoup même si avec le temps j’ai appris à m’apprécier. Je me suis souvent menti à moi-même. Je ne supportais pas de me regarder dans une glace. Pour séduire, je n’étais jamais moi. Être un autre était plus satisfaisant. Enfin, ce que je voulais, c’est que Jocelyn soit plus beau dans son mensonge que dans la réalité où il est, humainement, plutôt moche. Oui, il est plus beau dans un fauteuil roulant que dans sa Porsche rouge tape-à-l’œil. » Le scénario prend soin de ses personnages et de leurs motivations, de leurs craintes et de leur éventuelles souffrances et autres doutes. L'humour est irrévérencieux mais pas irrespectueux. Alexandre Lamy, lumineuse et gaie, rend particulièrement attachant ce personnage qui aurait pu n'être qu'une ahurie ballottée par les tromperies d'un vieux beau et fait comprendre pourquoi Florence trouve de l'intérêt à ce macho déraisonnable, avant de nous surprendre au détour d'une réplique vers la fin qui permet de repenser son attitude de fausse victime. Sa retenue et sa naïveté s'expliquent par un secret qu'elle conserve précieusement ainsi que par le comportement de battante de Florence, violoniste dans un orchestre classique et joueuse de tennis dans le milieu handisport. Frank Dubosc se réjouit d'avoir trouvé la bonne partenaire de jeu pour faire naître l'émotion juste. « Je cherchais une actrice d’une quarantaine d’années, belle, fraîche, lumineuse, pleine de vie, très bonne comédienne, qui nous fasse oublier le handicap. J’ai pensé immédiatement à Alexandra, elle correspondait à tous les critères. Je suis tombé sur une perle rare. Elle avait quelque chose de très difficile à jouer, outre le fait qu’elle soit handicapée et en fauteuil roulant, c’était l’ambivalence sur ce qu'elle sait ou pas. Alexandra s’est entraînée au tennis en fauteuil, elle a travaillé le violon. J’admire son enthousiasme pour tout. C’est très agréable. » Le grand secret du film pourrait être révélé plus tôt mais les rebondissements restent bien gérés. La mise en scène est plutôt soignée, notamment lors de la scène à l'origine du grand quiproquo ou lors d'une première fois inattendue dans son déroulement. Pascal Le Duff
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