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Mamans, héroïnes du quotidien ?

00h00 - 21 mai 2018 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_231537" align="aligncenter" width="800"] Marine et Louis avec leurs cinq enfants.[/caption]

Elles ont cinq ou six enfants d’un même papa ou sont à la tête d’une famille recomposée. A quelques jours de la Fête des mères, hommage à ces mamans, qui n’échangeraient leur tribu pour rien au monde.

« Nous sommes tous les deux issus de familles nombreuses : je suis l’aîné d’une fratrie de six et Marine, mon épouse, a trois frères et soeurs, explique Louis, 35 ans, officier de gendarmerie, marié depuis 11 ans, papa de Thibault (9,5 ans), Clémence (7,5 ans), Zita (6 ans), Alexis (4,5 ans) et Jacinthe (1,5 an). Nous ne nous sommes même pas posés la question. Cela nous paraissait naturel d’avoir plusieurs enfants. L’éducation que nous donnons est en accord avec nos principes religieux catholiques ». « Nos enfants ont peu de différence d’âge car nous voulions une ‘‘équipe’’. Aujourd’hui, nous ne sommes pas fermés sur la possibilité d’en avoir un sixième » détaille sa moitié.

« Ce n’était pas prémédité quand nous nous sommes rencontrés. C’est venu naturellement. Quand il m’en manque un, je ne me sens pas entière, mais avec six, je suis rassasiée » lance Sabryna, 38 ans, marié à Stéphane, 45 ans, qui ont donc dans leur « meute » à Saint-Laurent-sur-Gorre, Ethan (16 ans), Lorenzo (12,5 ans), Elsa (10,5 ans), Ornela (9 ans), Catalina (6 ans) et Terence (4 ans).

La team saint-juniaude de Magali et Patrice se compose également de six enfants : Raphaël (10 ans), Bastien et Adrien, des jumeaux de 8 ans, et Angeline (6 ans), qu’ils ont eus ensemble, ainsi que Mathilde (18 ans) et Rémi (15 ans), nés de précédentes unions. L’exemple parfait de la famille recomposée. « Mon mari voulait une grande famille et comme je l’aime beaucoup… Dans une famille nombreuse, il faut gérer les disputes et les conflits. C’est animé et on ne s’ennuie jamais. C’est beaucoup de bonheur, de partage mais également de compromis pour respecter les goûts et les attentes de chacun » sourit Magali.

[caption id="attachment_231538" align="aligncenter" width="800"] L’école à la maison pour les enfants de Marine et Louis.[/caption]

Organisation

S’il y a un mot qui revient dans la bouche de ces cheffes de famille, c’est bien organisation, que chacune décline pour les devoirs, les tâches ménagères, les courses, les vacances ou encore… l’utilisation de la salle de bain !

Mère au foyer, Marine confie : « Il suffit de ne pas se laisser dépasser par… une montagne de linge. Je fais une machine tous les deux jours et un peu de repassage ». Depuis cette année, elle préfère faire l’école à la maison (Thibault souffrant de troubles de l’attention), le premier étage a été transformé en salle de classe. Et Louis d’ajouter : « Dans une famille nombreuse, il faut avoir un minimum de règles. Les parents ne doivent pas être au ‘‘service’’ des enfants, en être esclaves ».

Actuellement, tous les enfants de Sabryna sont scolarisés, mais la période est assez compliquée avec deux adolescents, une pré-adolescente, réclamant une attention particulière, la maman souhaitant conserver une oreille attentive pour chacun. Côté linge, elle fait 5 à 6 machines de 9kg par semaine et a arrêté le repassage ! Quota similaire chez Magali mais c’est le poste de monsieur, contraint de rester à la maison pour des raisons de santé.

[caption id="attachment_231539" align="aligncenter" width="800"] Sabryna et Stéphane avec leur « meute ».[/caption]

La main à la pâte

Les enfants participent chacun à leur niveau aux tâches ménagères. « Le samedi, ils rangent leurs chambres, passent l’aspirateur et aident dans la cuisine tous les jours. Ils prennent part ainsi à la vie de famille et ça les aide dans le développement de leur motricité. L’apprentissage de la vie commence à la maison » souligne Marine.

Il en va de même chez Sabryna et Stéphane : « En restant à la maison, j’aurais pu tout faire, mais participer leur apprend à être indépendants ».

Chez Magali, la méthode est un peu militaire, avec un tableau de responsabilités, chacun ayant ses corvées (débarrasser la table, passer le balai…)

[caption id="attachment_231540" align="aligncenter" width="800"] Magali et Patrice en mode selfie avec leur tribu.[/caption]

Clichés

Mais être une famille nombreuse, c’est également faire face aux clichés. « Les gens se font des idées, notamment ceux qui galèrent avec deux enfants » déplore Louis. Sabryna a l’habitude de cette image d’Epinal : « Une famille nombreuse, ça fait du bruit. Les enfants ne sont pas forcément bien élevés, alors que je suis plutôt sévère. Nous ne sommes ni catholiques, ni des cas sociaux ». Des marginaux, vivant des allocations familiales, cette dernière l’a entendu maintes fois : « Si généralement, les remarques sont plutôt sympas, certains me disent : vous êtes courageuse. Or, je ne le pense pas. Les enfants font partie de ma vie. Même si ce n’est pas facile tous les jours ». Magali complète : « Les regards ne sont pas toujours faciles à vivre. On m’a lancé qu’on avait fait des enfants pour toucher la CAF ! Je préfère jouer l’ignorance. Nous appartenons à la classe moyenne, et nous n’attendons pas les allocations pour faire nos courses ! ».

[caption id="attachment_231541" align="aligncenter" width="800"] La France compte 1,7 million de familles nombreuses, soit 18 % des familles avec enfants, selon l’Unaf.[/caption]

Niveau de vie

« Le niveau de vie des familles nombreuses est très inférieur à celui des autres familles avec enfants », note l’Unaf. En témoigne le taux de pauvreté des ménages avec trois enfants ou plus, de 21,1 %, après redistribution. 45 % des enfants pauvres vivent dans une famille nombreuse.

« Nous n’allons pas aux sports d’hiver tous les ans, pourtant, je ne crois pas que les enfants soient malheureux » constate Marine. « Jusqu’à l’année dernière, nous sommes toujours partis à huit en vacances avec la caravane et les tentes dans un camping à Royan. Nous n’avons pas de problème financier : mon mari est garçon de café et je travaille depuis peu comme agent de restauration à la cantine de l’école de mon village. Nous ne nous privons pas, mais nous n’avons pas la folie des grandeurs » analyse Sabryna. Vacances également au camping mais en Italie pour Magali, infirmière au HIHL de Bellac, et Patrice avec tous les enfants, qui « sont toujours bien accueillis dans ce pays, fan des grandes familles ».

Alors que dimanche nous célébrons la Fête des mères, aucune de ces mamans ne se voit comme une héroïne, une superwoman… ce qu’elles sont pourtant à coup sûr dans le cœur de tous leurs enfants !

Anne-Marie Muia

Photos © D.R.

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