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« Je n'aspire à rien d'autre que de voir pousser ce que j'ai planté »

17h10 - 15 septembre 2020 - par Info Haute-Vienne
« Je n'aspire à rien d'autre que de voir pousser ce que j'ai planté »
Alain Rousset a rencontré les jeunes et les enseignants du lycée Turgot - © ©Région Nouvelle-Aquitaine

Alain Rousset, le président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, était en déplacement en Haute-Vienne, où il a notamment visité les halles centrales de Limoges ainsi que le lycée Turgot, et la laiterie Les Fayes à Isle. Entretien.

C'est une rentrée un peu... particulière. Quelles sont les mesures sanitaires mises en place par le Conseil régional dans les lycées, les internats, les restaurants scolaires ?

Gestes barrières, distanciation, nettoyage et ventilation des locaux, formation des personnels aux gestes barrières, port du masque, information et communication aux élèves et aux familles... sont quelques exemples de mesures concrètes mises en place par la Région pour assurer la sécurité des élèves et des personnels des lycées, et permettre ainsi une rentrée aussi sereine que possible.

En juin, le Conseil régional avait octroyé 4 000 masques chirurgicaux dès la réouverture des établissements pour les enseignants et le personnel d'entretien et de restauration De plus, 6 000 visières pour les agents de la Région et 20 000 supplémentaires pour les personnels de l'Éducation nationale ont été fournies. S'ajoute à ce déploiement, un envoi fin août de 10 masques tissu pour les agents de la Région. Et ce n'est pas tout : à la suite des annonces du gouvernement de ne pas financer les masques pour les familles d'enfants scolarisés, nous distribuons aux proviseurs un nouveau stock de 400 000 masques. Il est destiné aux familles les plus en difficulté, avec une dotation de masques lavables à 50 usages.

Quelles sont les aides apportées en termes de transport ?

Dans un souci de justice sociale, l'aide régionale au transport se porte sur une tarification calculée sur la base du quotient familial de chaque foyer, de manière à l'ajuster en fonction des revenus. Ainsi, la Région prend en charge à hauteur de 900 euros par élève et par année, soit 90 % du coût réel. En complément de ces mesures, l'année dernière, nous avons également modifié le règlement d'intervention transport afin de mettre en place une dégressivité du tarif pour les familles inscrivant au transport scolaire 3 enfants et plus. Concrètement, cela représente -30 % pour le troisième enfant et -50 % pour les suivants.

La Nouvelle-Aquitaine est l'une des régions fer de lance de l'apprentissage. Pourquoi ?

L'apprentissage fait partie de l'ADN régional. Malgré la réforme de l'apprentissage votée en 2018 et le retrait de cette compétence aux Régions, nous travaillons pour poursuivre le développement de l'apprentissage. L'ensemble des filières professionnelles s'est engagé dans cette voie avec nous, dans le cadre d'une politique volontariste partagée. Aussi, nous continuerons à investir près de 30 millions d'euros par an dans la construction d'installations modernes et adaptées aux métiers de demain, ainsi qu'à soutenir les CFA lors de périodes de fragilité, comme celle que nous traversons aujourd'hui.

Enfin, la Région, qui a obtenu de nouvelles compétences en matière d'orientation dans la même loi qui lui retirait celle de l'apprentissage - un paradoxe - met un accent particulier sur la promotion des métiers et le développement des formations de la voie professionnelle. Or, l'apprentissage y tient une place particulière car, au-delà du débat sur le bon modèle de pilotage de l'apprentissage, je crois à l'apprentissage comme l'une des modalités de formation professionnelle la plus adaptée aux savoir-faire pratiques, des plus simples aux plus complexes. Aussi, l'objectif que j'avais fixé pour cette mandature de doubler le nombre d'apprentis en Nouvelle-Aquitaine demeure. Nous le poursuivons avec les réseaux professionnels, quels que soient les changements législatifs et dans le contexte de la crise que nous traversons, la Région est plus que jamais mobilisée pour l'apprentissage.

Vous avez profité de l'été pour démarrer votre campagne pour les élections régionales de mars 2021. C'est un lancement très en amont ?

L'été est une période propice à la prise de recul et aux réflexions. Ainsi, j'ai profité de cette période pour me ressourcer, lire, poser des jalons. À ce jour, néanmoins, les élections régionales sont encore loin, et je demeure un président de région dévoué corps et âme à la reprise économique et industrielle, à la santé des citoyens, à l'accompagnement de celles et ceux qui sont les plus atteints par les conséquences de la pandémie, à l'accélération de la transition énergétique, agricole et écologique de la Nouvelle-Aquitaine. Le temps des décisions et de la campagne électorale viendra ; celui de l'action est maintenant.

Quelles sont vos motivations pour briguer ce cinquième mandat ?

Ce n'est pas ma vision : je réfléchis à une candidature pour un second mandat de président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine.

En effet, en 2015, la fusion historique de trois collectivités a créé cette grande et belle région, la plus vaste de notre pays, lui conférant des leviers d'actions puissants et une force de frappe inédite, dont la maîtrise requiert du temps. Dans un premier temps, nous avons d'abord appris à nous apprivoiser, nous avons harmonisé nos dispositifs, nous avons découvert de nouveaux et riches territoires.

Ainsi, j'ai sillonné toutes les routes de la Nouvelle-Aquitaine, et j'ai énormément appris au contact des chefs d'entreprise, des artisans, des professeurs, des agricultrices ou encore des chaudronniers. Or, fort de cette expérience collective, décentralisateur convaincu, d'autant plus en cette période troublée, je réfléchis désormais à la meilleure manière d'envisager l'avenir pour cette région à laquelle je suis attaché par toutes mes fibres. Et puis, comme toute personne proche de la terre, je n'aspire à rien d'autre que de voir pousser ce que j'ai planté.

Proposer les départementales et les régionales au mois de mars 2021 est-il, selon vous, de bon aloi ou une « erreur » politique ? Dans quel ordre faudrait-il les organiser ?

Il n'incombe au président de région ni d'écrire les lois, ni de se substituer au Conseil constitutionnel. Au-delà des questions institutionnelles, donc, je préfère souligner les passerelles thématiques existant entre les Départements et les Régions, et elles sont nombreuses ! Tant sur les questions de solidarité, de cohésion territoriale, d'accompagnement de la jeunesse que des transports, nous devons travailler main dans la main pour mener une action concertée, au plus près des territoires, dans le respect néanmoins des compétences de chacun. La pandémie et ses conséquences économiques, sociales et écologiques ont démontré que les services publics pilotés par les collectivités locales étaient plus essentiels que jamais.

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