« Notre priorité reste le respect de la qualité de vie de nos résidents »
Les révélations sur la maltraitance des personnes âgées dans certains Ehpad privés ont jeté le trouble au sein de nombreuses familles. L'occasion de faire le point sur notre département avec Omar Diawara, le correspondant pour la Haute-Vienne de l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), alors que la Journée internationale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées a lieu le 15 juin.
Quelle est la situation en Haute-Vienne ?
Selon le rapport du schéma départemental de l'autonomie, la Haute-Vienne figure parmi les départements les plus vieillissants de la Nouvelle-Aquitaine. Pourtant, elle ne se situe pas dans les mieux dotés en nombre de places d'Ehpad. Des solutions pour y remédier ont cependant été envisagées, notamment un appel à projets, lancé par l'Agence Régionale de Santé, afin de créer un nouvel établissement de 70 ou 80 places, ce qui devrait permettre de rééquilibrer l'offre par rapport à la demande. L'un des critères du cahier des charges concerne l'emplacement de ce futur établissement, qui devra se situer à moins de 20 km de la mairie de Limoges. Cependant, la régulation des demandes est encore possible, car il reste de nombreuses places vacantes dans les établissements du nord du département. Une étude est d'ailleurs en cours afin de déterminer les raisons pour lesquelles ces établissements attirent moins.
Les récents scandales de maltraitance ont-ils eu un impact dans le département ?
La Haute-Vienne compte 75 % d'établissements publics, qui n'ont pas vocation à générer de la rentabilité à tout prix. Le directeur d'un établissement public a pour objectif de gérer son budget en bon père de famille, sans chercher à tout rationaliser pour faire des économies afin d'augmenter les profits des actionnaires. Chaque année, le président du Conseil départemental décide de l'indice du taux directeur. Jusqu'à présent, l'enveloppe budgétaire des établissements publics augmentait de 0,5 %. Dans certains départements, il est jusqu'à deux fois plus élevé, mais dans d'autres, il diminue : on peut donc considérer que nous sommes dans la moyenne.
La flambée des prix de certaines denrées vous préoccupe-t-elle ?
L'envolée des prix des denrées alimentaires nous touche directement, mais il est hors de question de rationner nos pensionnaires. En revanche, nous devons constamment rechercher des produits moins chers, sans pour autant rogner sur la qualité, car si nous ne parvenons pas à tenir notre budget, un établissement comme le nôtre peut être déficitaire. Donc, en aucun cas, l'inflation n'impactera la qualité de nos prestations. Mais, depuis trois mois, nous sommes de plus en plus inquiets sur notre capacité à pouvoir tenir notre budget prévisionnel à cause de l'augmentation constante du coût des énergies. Le poste électricité a doublé et il est souvent difficile d'appliquer les consignes de température recommandées par les autorités dans les chambres la nuit, certaines personnes âgées étant particulièrement sensibles au froid. Nous ne savons pas comment le déficit budgétaire des établissements publics sera résorbé par les autorités de tutelle, mais notre priorité reste le respect de la qualité de vie de nos résidents.
Qu'en est-il du manque de personnel ?
Tous les établissements souffrent d'un manque de personnel. Pour maintenir le confort d'accompagnement des pensionnaires, nous avons besoin de recruter, car nous rencontrons, par exemple, des pénuries sur les remplacements. Nous recourrons de plus en plus à l'intérim, qui n'est pas vraiment adapté à l'accompagnement de l'humain, car les intérimaires, même s'ils sont de bonne volonté, ne connaissent pas les résidents, contrairement aux agents permanents qui ont tissé un lien avec eux. Cette situation est alarmante, car elle est inconfortable pour tout le monde.
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