À Limoges, deux expositions sinon rien...
La Ville de Limoges propose deux expositions très différentes mais captivantes : l'une consacrée à Guy de Montlaur au musée de la résistance et l'autre dédiée aux « couleurs de l'argent » au musée des Beaux-arts.
Qui était Guy de Montlaur ? Proposée au musée de la résistance, l'exposition, qui réunit 45 toiles, retrace le parcours incroyable du peintre comme du soldat.
Né à Biarritz le 9 septembre 1918, Guy de Villardi, comte de Montlaur, est issu de l'une des plus anciennes familles du Languedoc. Il commence à peindre très jeune. Plus tard, il suit une formation littéraire à la Sorbonne où il étudie la littérature française et la philosophie, tout en approfondissant ses connaissances sur la peinture à l'atelier d'Emmanuel Fougerat puis à l'Académie Julian.
En octobre 1938, juste après les accords de Munich, Guy de Montlaur débute son service militaire dans un régiment de cavalerie à Sarreguemines (Moselle). Quand la guerre est déclarée, le 3 septembre 1939, il fait partie du régiment de hussards à Sarreguemines. Il rejoint les corps francs sous les ordres du capitaine de Castries et participe à de nombreux raids de type commando en Allemagne.
En 1942, il rejoint la France libre à Londres et demande à être incorporé dans la brigade des fusiliers marins commandos (1er BFMC, sous les ordres du commandant Kieffer), du commando n°4 de Lord Lovat. Le 6 juin 1944, il débarque en Normandie, à Colleville-sur-Mer. Le 1er novembre 1944, Guy de Montlaur prend part avec les commandos Kieffer au débarquement allié de Walcheren, au Pays-Bas. Ils libèrent l'île de Walcheren, véritable verrou de l'armée allemande sur l'Escaut bloquant l'accès au port d'Anvers et à l'Allemagne du Nord. Montlaur y est blessé au visage par des éclats d'obus.
Guy de Montlaur Le peintre
À la Libération, Guy de Montlaur retrouve sa véritable passion : la peinture. Il est très influencé par les classiques, dont Ucello, ou encore Delacroix, Ingres, mais également par les théories de Kandinsky. En février 1947, il part avec sa famille à New York pour étudier la peinture à l'Art Students League. Il rentre en France et s'installe à Nice en 1948. Un an plus tard, sa première exposition individuelle a lieu à la galerie Lucienne Léonce-Rosenberg à Paris.
Sa peinture évolue. Il troque le pinceau contre le couteau à palette, et rompt les formes et les contours. Ses œuvres prennent souvent un aspect fantastique, onirique, déconcertant. Les sujets et les titres deviennent hermétiques mais le peintre laisse toujours des indices. On voit apparaître son rapport intime avec ses poètes préférés : Baudelaire, Verlaine, Nerval et Apollinaire dont le recueil Alcools l'a accompagné pendant tous ses combats : il avait le livre avec lui lors du débarquement le 6 juin 1944.
En 1961, Montlaur reprend du service à la Marine, d'abord au bataillon de Joinville, puis, en 1963, au service historique de la Marine. Pendant neuf ans, il peint la nuit, le week-end et durant ses congés. Un épisode tragique va le marquer pendant l'été 1966. La voiture dans laquelle il est passager, percute un jeune garçon. Guy de Montlaur restera à ses côtés pour le réconforter pendant qu'il agonise. Cet accident fait remonter à sa mémoire les événements les plus insupportables qu'il a vécus pendant la guerre.
Il passe les dernières années de sa vie entre Paris et la Normandie se consacrant entièrement à sa peinture. Guy de Montlaur meurt le 10 août 1977.
Argenterie et émail
Le musée des Beaux-Arts présente « Les couleurs de l'argent - Trésors de l'orfèvrerie dunkerquoise du XVIIIe siècle ».
Fermé depuis 2015, le musée des Beaux-Arts de Dunkerque continue de montrer ses riches collections en investissant les espaces d'autres musées de France. Labellisé « musée de France », il a pour mission de valoriser ses collections en les rendant accessibles au plus grand nombre, en les partageant, en les exposant. L'opération « Destination musée ! » s'appuie sur la circulation des œuvres, sur la programmation d'expositions « hors les murs », sur le croisement des regards portés sur les collections, sur des présences artistiques dans l'espace public et sur des rencontres avec les publics. Chaque projet est unique, réalisé sur mesure en fonction des lieux retenus, et nécessite un aménagement et une programmation adaptés.
Le port de Dunkerque fut, au XVIIIe siècle, un centre de production d'orfèvrerie. La réalisation de ces objets en argent, particulièrement raffinés, était l'apanage de petits ateliers familiaux, en écho à ceux des émailleurs de Limoges. Deux formes d'artisanat d'art et de luxe.
Ce n'est que depuis les années 1980 qu'en ont été peu à peu retrouvés les contours, sous l'impulsion d'un chercheur passionné. Guy Messiant a aidé en effet à constituer le premier fonds du musée des Beaux-Arts de Dunkerque, qui depuis s'enrichit sans cesse.
Parmi la vingtaine de pièces sélectionnées pour l'exposition, beaucoup ont été acquises durant les trois dernières années (et certaines ces dernières semaines) et sont ici présentées pour la première fois au public. Cette collection est d'autant plus précieuse que l'argenterie d'Ancien Régime reste rare, ayant souvent été fondue.
Au-delà de leurs qualités esthétiques, dont l'élégante sobriété et le raffinement sont si caractéristiques, ces œuvres permettent une plongée dans la société française du XVIIIe siècle et ses transformations : celles-ci racontent l'adoption de produits exotiques venus du monde entier, et dont la consommation de plus en plus large nécessite la création de nouvelles formes de vaisselles. Ainsi apparaissent la « théière » ou la « cafetière » par exemple, objets qui nous semblent aujourd'hui si communs. Elles parlent aussi du rapport de l'Europe avec le reste du monde, source de fascinations mais aussi théâtre d'exactions.
En regard, les collections du musée des Beaux-Arts de Limoges questionnent également le monde : ainsi, dans un de ses cabinets, des œuvres émaillées du XVIIIe siècle produites en Chine et inspirées de techniques limousines ou de formes d'arts précieux européens sont également présentées en contrepoint.
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