« En France, on aime bien rire des fonctionnaires »
Les Chevaliers du Fiel reviennent le 1er février à 20h30 au Zénith de Limoges avec leur nouveau spectacle « Les municipaux, la revanche ». Interview de Francis Ginibre.
Votre nouveau spectacle s'intitule « Les municipaux, la revanche ». De quelle revanche s'agit-il ?
Les municipaux, qui travaillent à la collecte des déchets de la ville de... Limoges (rires), ont leur petite routine. De meeting en meeting, ils prêchent la bonne parole auprès des travailleurs. Puis un jour, ils vont avoir une opportunité avec la possibilité de racheter le service des ordures de la ville de Marseille ! Ils vont ainsi passer de salariés-syndiqués à patrons, d'où la « revanche ». Mais cette situation ne va pas franchement leur convenir. Finalement, ils préfèrent leur vie simple d'avant...
Est-ce une façon de redorer l'image d'une profession souvent moquée et critiquée ?
Effectivement. D'ailleurs, le titre du deuxième film était « Les municipaux, ces héros ». Ces personnages sont universels, même à New York, où nous avons joué : ils sont habillés en vert avec du jaune fluo. Leur image négative leur colle à la peau : quand j'étais enfant, mes parents se moquaient du cantonnier, qui « était rentré par piston car il ne pouvait rien faire d'autre, et ses parents étaient amis avec le maire ». Ces clichés sont bien ancrés dans la population, d'autant qu'en France, on aime bien rire des fonctionnaires.
L'humour potache et les leviers pour faire rire votre public demeurent-ils les mêmes ?
Lors des deux tournages de films sur les municipaux, de vrais employés municipaux, qui étaient des figurants récurrents, nous racontaient des histoires affirmant que nous étions assez loin de la vérité... car en dessous de la vérité ! Nous nous en sommes inspirés. Nous sommes toujours bienveillants, même si nous rigolons de leurs travers, et ce d'ailleurs de façon assez universelle dans le milieu du travail en général. Tout le monde se bat pour ses RTT, ses vacances, et se plaint de son salaire, de ses conditions de travail. Mais tout prend une autre saveur chez les municipaux : comme ils travaillent dans la rue, quand ils s'assoient pour se reposer, on les voit et on a tendance à penser qu'ils ne font rien, alors que dans les bureaux, quand on joue sur son ordinateur ou qu'on reste des heures à la machine à café, ça se voit moins !
Ne vous a-t-on jamais dit que vous alliez parfois loin dans votre humour ?
Il y a peut-être des choses que nous ne referions plus de la même façon. Nous ne nous censurons pas mais on s'interdit de rire de sujets qui ne nous font pas rire ou dont on n'a pas trouvé l'axe pour les décaler. Le monde actuel s'autocensure davantage... L'humour des années 80 passerait difficilement. Aujourd'hui, il y a toujours une association dont la mission est d'« interdire ». Mais nous, nous sommes les enfants de Mai 68 où « il était interdit d'interdire ».
Après autant d'années de spectacle, est-ce toujours aussi jubilatoire d'« entendre » une salle pleine de rires...
C'est indescriptible. 4 000 à 5 000 personnes qui rient, c'est une énergie qui se dégage et dont on se charge. La scène est une drogue très forte qu'on n'a pas envie d'arrêter malgré l'âge ! Avec Eric (N.D.L.R : Éric Carrière, l'autre Chevalier), on ne se prive pas de rire de nous-mêmes sur scène et le public apprécie.
Justement, à quoi tient votre complicité dans la durée ?
On se connaît par cœur. Mais nous essayons de passer davantage de temps avec notre famille, nos amis... pour reprendre de la fraîcheur quand on monte sur scène. Actuellement, c'est un bonheur de repartir en tournée. Je pense que nous sommes le duo qui a la plus grande longévité en atteignant bientôt nos 40 ans de scène.
Avez-vous des projets dans les cartons ?
Nous sommes en contrat avec le groupe Canal + et la chaîne C8, avec lesquels nous produisons trois à quatre programmes par an. En mars, nous allons créer un spectacle inédit uniquement pour la télé. L'année prochaine, nous avons des projets de téléfilms et de films, mais le cinéma n'est pas notre priorité.
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