Anne Roumanoff partage son Expérience de la vie
Le 11 juin, Anne Roumanoff se produira sur la scène du Grand Théâtre de Limoges avec L'Expérience de la vie. Interview de l'humoriste dont le spectacle ironise sur les grandes transformations sociétales.
Que racontez-vous dans L'Expérience de la vie ? Vos propres expériences ?
Il s'agit d'une observation de l'époque un peu ironique. J'aborde plusieurs grandes transformations de la société comme le langage, les réseaux sociaux et les influenceurs, les caisses automatiques dans les supermarchés, la déshumanisation, la violence, l'inflation… à travers différents personnages.
Justement, parlons de l'inflation, qui touche actuellement un grand nombre de Français. Une situation pas forcément comique…
Il faut trouver un angle pour susciter le rire avec des choses qui ne sont pas drôles. Pour l'inflation, je confronte mon personnage avec une femme hyper calée, qui, par exemple, remarque que la quantité des produits diminue (N.D.L.R. : la " shrinkflation ").
Quelle relation entretenez-vous avec les réseaux sociaux, que vous égratignez ?
Je suis sur les réseaux sociaux, qui sont incontournables à notre époque. D'autant plus quand on est artiste. Nous sommes devenus notre propre agence de presse, nous communiquons nous-mêmes sur nous, sur ce qu'on veut, quand on veut…
L'actualité politique est également passée sur le gril… Réécrivez-vous au fil des mois quand il y a des " changements " politiques ?
En fait, je réécris tout le temps. Je change souvent des " petits trucs ", le spectacle n'est pas le même tous les soirs. Puis, cela maintient mon intérêt. Le one-man-show, c'est très vivant : j'ai une idée, je peux l'intégrer le soir même sans demander la permission à personne. Je trouve cette liberté hyper précieuse.
Vous inspirez-vous de votre quotidien ou celui de vos proches pour écrire vos sketchs ?
Quand on est artiste, on est en permanence en éveil. On a une forme d'hypersensibilité au monde. Quand j'écris, il y a parfois des choses qui surgissent. Je n'aime pas reproduire le réel. Quand je suis en période de rodage d'un spectacle, je pars dans plusieurs directions et je vois si les spectateurs adhèrent et rient. Quelque part, j'écris avec le public.
Pourquoi avez-vous des gants de boxe sur l'affiche ?
Je pratique la boxe dans la vie. Je monte sur scène avec mais je les enlève rapidement car c'est un peu compliqué de faire rire avec des gants de boxe !
Ils sont rouges. Pourtant, vous aviez dit que le rouge, devenu comme une superstition car vous en portiez lors de votre première télé, c'était fini…
Dans la vraie vie, mes gants de boxe sont rouges. Donc c'est un clin d'œil. Après, en effet, sur scène comme pour les émissions télé, le rouge devenait un peu étouffant. Mais les spectateurs se fichent de la couleur que je porte. Pour eux, l'essentiel est de rigoler (rires).
Après 37 ans de scène, ce 14e spectacle est-il celui de la maturité ?
À chaque spectacle, j'essaie d'aller plus loin. Je me remets perpétuellement en question tout en m'amusant.
Jeune, vous avez fait Sciences Po pour devenir journaliste. Aujourd'hui, vous êtes humoriste. Êtes-vous heureuse ?
À Sciences Po, je voulais déjà être comédienne mais j'avais peur de ne pas y arriver. Être journaliste était un plan B.
Le titre de votre dernier show est donc L'Expérience de la vie. Qu'est-ce que vous aimeriez expérimenter ?
J'aimerais réaliser une comédie drôle et touchante. Un projet est en cours, mais tout ne dépend pas que de moi. Quand je suis dans d'autres formes artistiques, je m'aperçois de la chance que j'ai sur scène car, au-delà de remplir la salle, j'ai une immense liberté d'expression et de création. Je trouve ça inestimable.
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