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L'histoire de la langue des signes

07h00 - 16 septembre 2024 - par Info Haute-Vienne
L'histoire de la langue des signes
L'abbé de L'Épée 

L'abbé de L'Épée est un prêtre français, l'un des précurseurs de l'enseignement spécialisé dispensé aux sourds.

Possédant une fortune personnelle, l'abbé décide de consacrer son temps aux œuvres de charité. Entre 1760 et 1762, il découvre deux sœurs sourdes communiquant entre elles par des signes. Leur précepteur, le père Vanin, étant décédé en 1759, il accepte de le remplacer pour enseigner aux jumelles. L'abbé de L'Épée étudie les signes employés par ces filles. Sa maison se transforme en école ouverte à tous les sourds où il accueille 60 élèves sourds. Il a alors l'idée de mettre au point un alphabet à deux mains avec lequel les sourds pourront communiquer.

L'Épée a mis en place la recherche sur une langue des signes méthodique utilisable par les sourds, afin de lier ces signes avec le français écrit, mais, comme l'a ultérieurement souligné Ferdinand Berthier1, son erreur fut de vouloir assimiler la structure syntaxique du français à celle de la gestuelle des sourds.

Le 23 décembre 1789, devenu pauvre et infirme en se privant durant des mois pour servir toujours au mieux ses chers élèves, Charles-Michel meurt à l'âge de 77 ans.

Identité culturelle

Contrairement à ce que certains croient encore, ce n'est pas l'abbé de L'Épée qui a éduqué des sourds, même avec des gestes. Comme dit Pierre Desloges2 : « Ce n'est donc pas Monsieur l'abbé de L'Épée qui a créé et inventé ce langage ; tout au contraire, il l'a appris des sourds et muets. ». En revanche, c'est le regroupement des élèves sourds dans son institution et le besoin de communiquer entre eux qui favorisèrent et perfectionnèrent la langue des signes française (LSF), la langue naturelle des sourds. L'échec de l'enseignement du langage de signes méthodiques de l'abbé de L'Épée montre qu'il est vain de vouloir enseigner aux sourds sans tenir compte de leur identité culturelle.

Reconnue officiellement en 2005 comme langue à part entière avec son histoire et sa culture, la LSF est aujourd'hui utilisée par plus de 100 000 personnes en France et environ 169 000 personnes dans le monde.

1 Doyen des professeurs de l'Institut des sourds-muets de Paris, il est notamment connu pour la création de la Société centrale des sourds-muets de Paris qui devient la Société universelle des sourds-muets quelques années plus tard.

2 Relieur, qui a publié les premiers textes militants par un sourd.

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