Plus de 500M€ d'économies menacent l'avenir de l'apprentissage (Dossier spécial formation)
Alors que le nombre d'apprentis diminue dans ses centres de formation, la Chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) de Nouvelle-Aquitaine tire la sonnette d'alarme face aux économies annoncées par le gouvernement sur l'apprentissage.
Lors de son point presse de rentrée, le président Gérard Gomez a exprimé ses vives inquiétudes : « La rentrée des apprentis se déroule dans un contexte économique et politique qui nous inquiète profondément. L'état financier de notre pays pousse en effet le gouvernement à trouver des sources d'économies importantes pour pouvoir boucler le budget dans un contexte d'instabilité politique. Ces économies, si elles sont appliquées sans discernement, risquent de fragiliser durablement le système d'apprentissage ».
Points d'inquiétude
Risque d'une nouvelle baisse des niveaux de prise en charge (NPEC) des contrats d'apprentissage, le dernier rapport de l'IGF et de l'IGAS recommandant plus de 500 millions d'économies sur l'apprentissage. Réduction des moyens alloués aux Régions par France Compétence limitant ainsi les capacités de soutien de ces collectivités à l'apprentissage et aux centres de formation.
Fin du dispositif prépa-apprentissage : « Ce dispositif va disparaître en 2025, faute de financements de l'État. Créé pour faciliter l'accès à l'apprentissage des jeunes éloignés de l'emploi, il a permis d'accompagner 24 000 jeunes en quatre ans, soit 28 % des effectifs nationaux en prépa-apprentissage ».
Possible diminution des aides aux entreprises : « La baisse des aides aux entreprises est aussi une piste d'économies évoquée. [...] Nous appelons donc le gouvernement à la retenue en tenant compte du niveau de diplôme, mais également de la taille et du secteur des entreprises ».
Effectifs en baisse
La CMA Nouvelle-Aquitaine fait état d'une diminution des effectifs d'apprenants après plusieurs années de forte croissance, avec une baisse globale de 3 % par rapport à l'année précédente, une diminution de 4 % pour les apprentis spécifiquement, et un recul de 13 % pour les contrats de professionnalisation.
Cependant, Gérard Gomez nuance : « Cette baisse globale des effectifs pourrait être atténuée d'ici la fin de l'année, car les inscriptions continuent, et nous espérons une stabilisation ou une légère baisse par rapport à l'année dernière ». Il souligne également une note positive : « Nous constatons des augmentations d'effectifs des publics demandeurs d'emploi / reconversion, passant de 36 à 81 inscrits. Même chose pour les publics en formation continue, de 39 à 154 ».
Défis sectoriels
Les métiers rares voient leurs effectifs diminuer de 10 %. L'alimentation et le bâtiment accusent respectivement un repli de 3 % et 7 %, reflétant les défis actuels de ces secteurs. Le domaine du bien-être n'est pas épargné, avec une baisse similaire de 7 %. Cependant, la carrosserie - peinture se distingue par une croissance encourageante de 7 %, tandis que la mécanique maintient le cap avec une légère progression de 1 %.
Le président a identifié trois facteurs principaux expliquant cette décroissance : la baisse démographique, l'augmentation du nombre de CFA de 11 % en 2023-2024, et les difficultés économiques sectorielles.
En action
Face à ces défis, Gérard Gomez indique que la CMA Nouvelle-Aquitaine a mis en place plusieurs initiatives, avec la modernisation des infrastructures et des équipements, le choix d'un nom commun pour les 146 CFA gérés par les CMA depuis cette rentrée de septembre : CMA Formation, la mise en ligne d'un site internet régional unique (formation.cma-nouvelle
aquitaine.fr) et un bouquet de services plus étoffés pour les jeunes : mobilité européenne, sport, culture, écosystème d'entreprises partenaires, synergies avec de nombreux acteurs de la formation, etc.
Appel au gouvernement
Le président a lancé un appel au gouvernement : « Je suis bien conscient qu'il faudra trouver des pistes d'économies. La situation économique de notre pays l'exige, mais l'apprentissage ne doit pas être une variable d'ajustement pour le budget de l'État. C'est un investissement pour l'avenir, c'est permettre à un jeune de trouver un emploi et de se former à un métier. Les élus de la CMA exhortent les pouvoirs publics à préserver ce levier essentiel pour l'insertion professionnelle des jeunes et la pérennité des savoir-faire artisanaux ».
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