Bruno Penin : "Les droits des femmes se sont imposés comme un fil rouge"
Même si les Rencontres cinématographiques ne sont pas « thématisées », force est de constater que les droits des femmes sont au cœur de nombreux films de cette 9e édition. Interview de Bruno Penin, le directeur des Grand Écran, en charge de la programmation.
Sarah Bernardht, La Divine, Olympe, Une femme dans la Révolution, Louise Violet, Everybody loves Touda ou encore Rabia... Les droits des femmes jalonnent cette programmation 2024 ?
Sans vouloir chercher une thématique, les droits des femmes, par des films forts et des actrices dans les rôles principaux, se sont imposés comme un fil rouge. Toutes se font le vecteur de ces valeurs trop longtemps, voire malheureusement encore négligées. Le cinéma a de tout temps été un reflet de la société, les productions qui arrivent sur nos écrans sont très souvent vectrices de ces thématiques à propos desquelles nous aurons plaisir à échanger après les séances en espérant contribuer à faire bouger les lignes.
Mardi 8 octobre, la journée se terminera en fanfare...
À Ester, à la suite de la projection à 20h30 de En Fanfare, qui est un beau film avec une fin très réussie, le réalisateur Emmanuel Courcol et la scénariste Irène Muscari seront présents pour un échange avec la salle. Mais le spectacle sera en amont avec la venue des Gueules Sèches qui accueilleront le public à son arrivée. Ce concept a, d'ailleurs, été décliné dans d'autres villes ayant des festivals ou des événements ciné et... des fanfares !
Avez-vous un coup de cœur ?
Je ne devrais pas le dire car cela peut influencer les votes pour le Prix du public et le Prix des étudiants. J'ai particulièrement apprécié Rabia, même si c'est un film très dur voire glaçant. Poussée par les promesses d'une nouvelle vie, Jessica, une Française de 19 ans, part pour la Syrie rejoindre Daech. Arrivée à Raqqa, elle intègre une maison de futures épouses de combattants et se retrouve vite prisonnière. Mareike Engelhardt, dont c'est le premier film, propose une réalisation extrêmement maîtrisée, qui s'inspire de faits réels. Outre une semaine en Jordanie, le reste a été tourné dans un hôpital en Dordogne. Pourtant, on ressent parfaitement la captivité et l'oppression. L'actrice Megan Northam est formidable. C'est un film-choc clivant et didactique que l'on devrait montrer à nombre de jeunes filles des quartiers.
L'actualité internationale s'est « invitée » aux Rencontres avec le conflit entre l'Ukraine et la Russie ?
En 2022, nous avions présenté La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov. Cette année, nous proposons Limonov, La Balade du même réalisateur, en partenariat avec l'association Droujba. Auparavant, tous les deux ans, cette dernière organisait le Festival de cinéma russe, qui n'existe plus au vu de la situation. Mais notre volonté n'est pas de couper les ponts avec l'association et de rejeter la scène cinématographique russe.
Il s'agit cette année de la 9e édition. Cette longévité vous apporte-t-elle davantage de légitimité ?
En effet, maintenant j'ai accès à davantage de films quand je prépare la programmation. Les équipes (production, réalisation, comédien) ont moins d'hésitation à participer aux avant-premières car la qualité des échanges, qui ont lieu après, est connue par le bouche-à-oreille entre professionnels. À Limoges, le public est respectueux, bienveillant, intéressant et intéressé. En parallèle, cette ancienneté a un double tranchant car les spectateurs font confiance à la... à ma sélection, entraînant parfois des déceptions ou... des envies de revenir. Mais les Rencontres cinématographiques séduisent toujours un public de fidèles et des nouveaux spectateurs, avec près de 3 000 entrées enregistrées l'année dernière.
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