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Viandes bio : entre adaptation et résilience (dossier spécial bio / environnement)

07h00 - 17 novembre 2024 - par Info Haute-Vienne
Viandes bio : entre adaptation et résilience (dossier spécial bio / environnement)
Les ventes de viande de boeuf bio dans les rayons libre-service des grandes surfaces ont diminué de 20 %

Le bilan 2023 de la filière des viandes bio met en lumière une année marquée par des défis majeurs pour les producteurs et les distributeurs. INTERBEV révèle les résultats de l'Observatoire des viandes bio, pour l'année dernière.

Le marché a connu des fluctuations importantes, tant au niveau de la production que de la consommation, dans un contexte économique incertain. Les acteurs de la filière ont dû faire preuve d'une grande capacité d'adaptation pour surmonter ces obstacles et continuer à offrir des produits de qualité aux consommateurs.

Une production sous pression

En 2023, la production d'animaux biologiques a reculé pour la deuxième année consécutive, passant de 63 265 tonnes équivalent carcasse (TEC) en 2022 à 52 011 TEC en 2023, soit une baisse de 18 %. Cette diminution s'explique par le détournement des consommateurs vis-à-vis des produits bio dû à l'importante inflation ces dernières années, qui engendre une baisse de consommation de produits de qualité dont le bio et au manque de clarté sur les bénéfices consommateurs apportés par la filière. Cette situation a entraîné des difficultés de valorisation des animaux en bio, impliquant des réaffectations vers le marché conventionnel, la congélation des produits et des arrêts d'élevage.

Des habitudes de consommation bouleversées

Jusqu'en 2019, les circuits de commercialisation permettaient aux viandes bio de trouver des débouchés adaptés pour chaque espèce et chaque morceau tout au long de l'année.

Après une croissance notable en 2022 (+ 4 %) suite à la crise du Covid, la restauration hors-domicile a stagné en 2023 (-1 %). L'inflation a contribué à pénaliser le développement en restauration hors domicile (RHD), malgré les efforts déployés par la filière. Hormis la vente directe (+ 4 %), tous les autres circuits ont enregistré des baisses significatives : GMS -26 %, boucheries -25 %, et magasins spécialisés -12 %. Cette situation, combinée à un marché des bovins conventionnels porteur a rendu l'année 2023 particulièrement difficile pour les groupements.

Une adaptation

nécessaire

La filière des viandes bio doit continuellement s'adapter pour équilibrer l'offre et la demande. Les opérateurs font face à des défis comme l'augmentation des coûts de production et les évolutions des comportements de consommation. Des mécanismes de régulation tels que le déclassement ont été mis en place par les opérateurs pour gérer cet équilibre. Les acteurs de la filière travaillent également à améliorer l'efficacité des chaînes de distribution et à diversifier leurs débouchés pour mieux répondre aux attentes des consommateurs.

Filière bovine bio

En 2023, la filière bovine bio a traversé une période difficile avec des défis notables tant sur le plan de la production que de la consommation. La production totale de viande bovine bio a atteint 26.149 tonnes, marquant une baisse de 14 % par rapport à l'année précédente. Cette baisse s'explique en partie par une contraction du cheptel total de bovins bio et des réaffectations d'animaux vers le conventionnel.

Les abattages de gros bovins bio allaitants ont accusé un recul de -18 % entre 2023 et 2022 en volume (tonnes équivalent carcasse). Une baisse due à la compression du marché, des prix de vente élevés en conventionnel, et une stagnation du nombre de producteurs engagés en bio ainsi que du cheptel allaitant bio.

Du côté de la consommation, la grande distribution (GMS) demeure le principal débouché pour la viande bovine bio, représentant plus de 52 % des ventes en 2023. Cependant, les ventes en GMS ont été affectées par une baisse de la consommation et des référencements des viandes bio en magasins, tandis que la part relative de la restauration hors domicile et de la vente directe a progressé, reflétant une diversification des circuits de distribution. Les ventes de viande de bœuf bio (haché et pièces) dans les rayons libre-service des grandes surfaces ont diminué de 20 %, passant de 4 432 tonnes en 2022 à 3 551 tonnes en 2023. Sur deux ans, la baisse de consommation de viande bovine bio en volume en GMS est de -37 %.

Filière ovine bio

En 2023, la filière ovine bio a également rencontré des difficultés importantes, en termes de production et de consommation. Les abattages d'ovins bio ont diminué de 12 %, une baisse significative qui reflète les défis persistants dans cette filière. Le nombre d'agneaux abattus en bio par brebis a également chuté en raison de la réaffectation des agneaux bio vers des marchés conventionnels, souvent en raison de la difficulté à trouver des débouchés adéquats sur le marché bio.

La production de la filière ovine a, malgré ces défis, continué de progresser en termes de cheptel, avec une augmentation de 3,3 % du cheptel de brebis viande et une hausse de 5,6 % du nombre d'éleveurs. Cette croissance du cheptel contraste avec la baisse des abattages, suggérant une difficulté persistante à valoriser correctement la production bio sur les marchés existants.

Les ventes d'agneaux bio ont été particulièrement touchées dans les GMS, enregistrant une baisse de 13 %, une tendance similaire à celle observée dans les boucheries artisanales (-13 %) et les magasins spécialisés (-14 %). En revanche, la RHD a connu une légère augmentation de 3 %, tout comme la vente directe, qui a progressé de 1 %.

Filière porcine bio

En 2023, la filière porcine bio a subi une réduction notable de sa production, avec une baisse de 23 % des abattages, passant de 27 381 tonnes en 2022 à 21 008 tonnes en 2023. Cette diminution est liée à la baisse de la consommation de la viande de porc bio et de la charcuterie bio. Dans ce contexte, les groupements se sont trouvés dans l'obligation d'adapter l'offre. Le nombre de truies biologiques certifiées a diminué de 11,6 %, et le nombre d'élevages avec truies a baissé de 7,6 %, marquant la deuxième année consécutive de déclin.

Cette réduction de la production s'explique également par la difficulté à valoriser les porcs bio, dont le prix est supérieur au porc conventionnel.

Les débouchés pour le porc bio ont été fortement impactés. Les ventes en GMS ont diminué de 33 %, les magasins spécialisés ont enregistré une baisse de 17 %, et les boucheries ont vu leurs volumes chuter de 30 %. En revanche, la vente directe a augmenté de 7 %.

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