« L'apprentissage dans le supérieur est un véritable ascenseur social » (dossier spécial formation)

Le montant des aides en faveur de l'alternance et plus particulièrement de l'apprentissage risque de se réduire comme peau de chagrin. Interview de Claude Raynaud, la directrice de la formation pour la CCI de Limoges et de la Haute-Vienne.

Quand ont été « revalorisées » les aides pour soutenir l'apprentissage dans le supérieur ?

Dès la fin du premier confinement en juin 2020, le gouvernement a souhaité soutenir le recrutement d'alternants (contrat d'apprentissage et contrat de professionnalisation) dans le supérieur en mettant en place des aides très significatives. Depuis et même s'il y a eu des ajustements, les gouvernements successifs ont confirmé l'engagement pris par le Président de la République de maintenir un soutien à l'apprentissage.

Quelle est la situation ?

Alors que les campagnes de recrutement pour la rentrée vont débuter, nous sommes dans l'attente de la publication du décret, qui devrait reconduire l'aide pour les employeurs recrutant des apprentis pour l'année 2025. Elle serait d'un montant de 5.000€ pour l'embauche d'un apprenti au titre de la seule première année du contrat pour les entreprises de moins de 250 salariés et de 2.000€ pour les autres entreprises (plus 250 salariés) et ce quel que soit le niveau du diplôme préparé. En attendant la publication de ce texte, et pour les contrats conclus à compter du 1^er janvier 2025, seules les entreprises de moins de 250 salariés bénéficieront de l'aide (6.000€) à l'apprentissage (uniquement la première année d'exécution du contrat) à condition que le diplôme préparé par l'apprenti soit de niveau Bac ou inférieur au Bac (soit moins d'un tiers des contrats d'apprentissage).

Que représente l'apprentissage dans le supérieur ?

Le développement de l'apprentissage dans le supérieur est un vrai succès auprès des jeunes et des entreprises. Ainsi pour les niveaux 6 (Bac+3 tels que licence, bachelor), nous sommes passés de 50.000 apprentis en 2020 à plus de 85.000 apprentis à la rentrée 2024 à l'échelon national. Même constat pour les niveaux 7 et 8 où le chiffre de 51.000 contrats d'apprentissage a été dépassé (à peine 30.000 apprentis en 2020). Les chiffres consolidés de 2023 publiés dans la note d'évaluation de la DEPP (Direction de l'évaluation de la prospective et de la performance N°24-28 juillet 2024) montrent l'engouement de l'apprentissage pour les diplômes post-bac. En effet, 62.2% des apprentis préparent un diplôme de l'enseignement supérieur.

Pourtant l'apprentissage dans le supérieur ne fait pas l'unanimité ?

Beaucoup de critiques ont été formulées autour de ces chiffres ; certains commentateurs ont même demandé la suppression de l'aide aux entreprises à l'embauche des apprentis au-delà du Bac. Selon eux, iI conviendrait de privilégier les parcours infra-bac, les jeunes les moins diplômés et les secteurs en manque de mains d'œuvre. Je ne peux partager cette approche de l'apprentissage qui crée une hiérarchie entre les parcours et les jeunes : ceux qui méritent d'être soutenus et ceux qui ne le méritent pas. C'est une vision très restreinte qui oublie un aspect important pour ne pas dire essentiel apparu ces dernières années de l'apprentissage : la promotion sociale ! Le coût moyen d'une année d'étude post-bac varie de 8 à 10.000€ et peut même aller bien au-delà ! Et ce n'est que le coût de la formation. De nombreux jeunes ont pu entreprendre ou poursuivre des études supérieures parce que l'apprentissage existait dans la filière de leur choix. Le coût de la formation est pris en charge par l'entreprise, l'apprenti(e) perçoit un salaire. L'apprentissage dans le supérieur est un véritable ascenseur social. Nous le constatons sur notre territoire mais c'est encore plus criant dans des métropoles plus grandes. Alors n'opposons pas les diplômes, les jeunes et travaillons à leur réussite, à leur intégration dans un monde qui n'est pas toujours simple.

JOURNÉE PORTES OUVERTES

L'École supérieure du commerce en alternance, l'ESC Limoges organise une journée portes ouvertes le 15 février de 9h30 à 16h non-stop sur son campus (11 rue Philippe-Lebon) en zone nord à Limoges. Une nocturne est prévue le 15 avril de 18h à 22h.

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