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« Le projet d'école publique vétérinaire de plein exercice se fera à Limoges »

18h00 - 21 janvier 2025 - par Anne-Marie MUIA
« Le projet d'école publique vétérinaire de plein exercice se fera à Limoges »
Alain Rousset (© Françoise Roch : Région Nouvelle-Aquitaine)

En ce début d'année, Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle- Aquitaine, a accepté de répondre à nos questions liées à l'actualité départementale et nationale.

Où en est-on de la création d'une école vétérinaire à Limoges ? Quels sont les blocages ?

Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine a lu avec attention le rapport de la mission d'étude du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), qui a été publié en décembre. Cette mission, initiée en 2023, a étudié la démographie vétérinaire, l'opportunité et la faisabilité de cette création. L'ensemble des constats de ce rapport n'est pas partagé par tous les acteurs d'un projet qui reste d'actualité.

Les constats évoquant un nombre suffisant de vétérinaires formés d'ici à 2030 sont très discutables, car une part significative des vétérinaires formés n'exerce pas en milieu rural et que leur taux de remplacement à l'âge de la retraite n'est pas de 100 %. Plus de vétérinaires formés seront nécessaires pour couvrir les besoins. De plus, il est indispensable d'avoir des vétérinaires en zones rurales pour préserver l'élevage et la protection sanitaire. La qualité de la formation des vétérinaires sera - demain plus encore qu'aujourd'hui - au cœur de la stratégie, tout comme son adaptation aux enjeux sanitaires, dans un contexte d'augmentation des pathologies animales et humaines liées aux changements climatiques. La mission d'étude soulève enfin la question fondamentale du degré de souveraineté voulu par la nation en matière d'enseignement supérieur pour les jeunes et les adultes dans les prochaines décennies. Son rapport suggère de déléguer une importante partie de la formation supérieure à l'étranger. Or, nous souhaitons que les futurs étudiants puissent choisir de se former en France, s'ils le souhaitent, avec des conditions d'inscription les moins onéreuses possibles, et en proximité de zones d'élevage. Il s'agit donc, pour toutes ces raisons, d'un projet indispensable que le Conseil régional se tient prêt à poursuivre. Enfin, les conclusions de ce rapport sont inadaptées au désarroi et à la crise qui secouent le monde agricole. Ce projet d'école publique vétérinaire de plein exercice à Limoges se fera, sans en dégrader les fondements.

Parlons mobilité. Trains, avions avec l'aéroport Limoges-Bellegarde, routes avec des nationales accidentogènes... Comment désenclaver le Limousin et donc notre département ?

La Région est mobilisée sur tous les fronts. Notre unique engagement sur les routes est clair : désenclaver Limoges. Nous concentrons nos efforts sur deux axes essentiels : la RN141 entre Limoges et Angoulême et la RN147 entre Limoges et Poitiers. Ces infrastructures sont vitales pour la mobilité. Souvent accidentogènes, elles bénéficient d'investissements pour améliorer la sécurité, réduire les temps de trajet, et renforcer l'attractivité économique. Cet engagement est une preuve de notre détermination à connecter Limoges au reste du pays, tout en soutenant les besoins quotidiens des habitants et des entreprises.

Sur le plan ferroviaire, la ligne Poitiers-Limoges fait l'objet de travaux de régénération entre Le Dorat et Poitiers depuis décembre 2024, et ce, jusqu'à septembre. La Région finance, hors compétence, ces travaux à hauteur de 52 %, soit 36,7 M€, une somme importante qui témoigne de son engagement à maintenir et développer cette ligne essentielle. Pendant ces travaux, un service de cars garantit la continuité des déplacements, et des travaux d'accessibilité en gare de Limoges en 2025 renforcent notre vision d'une mobilité inclusive.

Complémentaire du train, l'avion joue un rôle en matière de désenclavement. L'aéroport de Limoges-Bellegarde a accueilli 266 000 passagers en 2024, avec des liaisons vers des destinations stratégiques comme Londres, Manchester, Marrakech ou Marseille. La ligne d'aménagement du territoire Limoges-Lyon contribue directement au désenclavement de la Haute-Vienne. Pour 2025, la Région, en partenariat avec le syndicat mixte propriétaire de l'aéroport, explore des solutions pour une liaison aérienne entre Limoges et Paris. Ce projet prend tout son sens en complémentarité du train, notamment durant les travaux de modernisation de la ligne Polt. À l'évidence, la Région agit sur tous les leviers pour désenclaver le Limousin et connecter Limoges au reste du pays et au-delà. Routes, trains, avions : ces investissements renforcent la mobilité, soutiennent l'économie et offrent des solutions modernes, sûres et durables pour les habitants et les entreprises.

Quelles sont les grandes inaugurations prévues en 2025 en Haute-Vienne, et les poses de premières pierres ?

En 2025, nous aurons de beaux projets à inaugurer. Je pense au Frac-Artothèque, un bâtiment dédié à l'art contemporain de près de 2000 m2, situé au cœur du centre-ville de Limoges, qui devrait être inauguré en mai pour un coût global de 6,5 M€. Je pense aussi aux nouveaux locaux du Centre de droit et d'économie du sport (CDES), inscrits dans le projet global du site de Labussière que la Région veut affirmer comme un lieu incontournable pour le monde sportif et culturel. Ils devraient être inaugurés en septembre. Ces travaux d'aménagement sont financés par la Région à hauteur de 2,62M€. Cette année sera aussi marquée par la première pierre de cette réflexion autour du thème « One Health - Une seule santé », à travers le projet universitaire « Omega Health ». Ce dernier, lié au secteur « Biologie, Chimie, Santé » a pour objectif de regrouper les entités de l'Institut Geist - actuellement réparties sur plusieurs sites - en un seul lieu, sur le campus Marcland, dans l'extension du bâtiment CBRS, en prolongement du CHU de Limoges. Le Conseil régional y est déjà engagé à hauteur de presque 8,12 M€. Enfin, n'oublions pas la restructuration des ateliers au lycée des métiers du bâtiment à Felletin ainsi que la première pierre pour restructurer et mettre en accessibilité le lycée Paul-Éluard, à Saint-Junien.

L'État devant faire de grosses économies, Éric Lombard, nouveau ministre des Finances, a d'ores et déjà annoncé des restrictions quant aux aides et soutiens aux collectivités territoriales, dont les Régions. Qu'en pensez-vous ?

Nous vivons une crise politique et institutionnelle inédite sous la Ve République, qui se répercute dans la construction budgétaire de la Région et de l'ensemble des collectivités territoriales. Et donc dans le quotidien des Néoaquitains, des entreprises, des associations et des services publics. Nous connaissons tous les racines de cette crise : une dissolution qui a pris de court toute la classe politique et nos concitoyens, la composition tardive et hésitante d'un gouvernement porteur d'un projet d'austérité, et à présent, une motion de censure qui plonge le pays dans l'incertitude. Pour notre seule Région, c'est un effort de plus de 108 M€ qui était demandé pour le projet de loi de finances (PLF) 2025, et au moins 50 M€ pour les années suivantes. Nous sommes désormais dans l'attente d'un nouveau PLF 2025, et budgétairement invités à repartir de la situation de 2024, déjà très préoccupante. J'y vois plus que jamais la crise du modèle français, recentralisateur, jacobin, qui tend à étouffer le poumon démocratique et innovant de notre pays, incarné notamment par les Régions. Je crois que c'est avant tout un changement de pratique et de méthode dont nous avons besoin pour sortir de l'hyper-verticalité, voire de l'infantilisation. Dans ce contexte, le budget primitif 2025 du Conseil régional s'élèvera à 3,33 milliards d'euros (contre 3,5 milliards en 2024).

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