Le collier rouge
[caption id="attachment_230879" align="aligncenter" width="800"] © Alain Guizard / ICE 3. Tournage du film "Le Collier Rouge", r√©alis√© par Jean BECKER. Montbron, Place du Ch√¢teau, le 20 juin 2017.[/caption] Jean Becker signe une fable sur la boucherie de la Grande Guerre à travers le regard d’un chien trop loyal. 1919. Le caporal Morlac est enfermé dans la prison de son petit village. Son chien attend loyalement à l'extérieur de la caserne, aboyant inlassablement jour et nuit pour manifester sa présence à son maître. Le commandant Lantier du Grez est chargé de l'affaire. C'est à lui qu'incombera la décision d'envoyer ou non le prévenu devant une cour martiale. Dans ce pamphlet étonnant contre le patriotisme, compte tenu de ses œuvres précédentes plus naïves, Jean Becker remet en cause le concept d'héroïsme et l'idée d'honneur de la nation. « Cette histoire s’est imposée à moi. Jacques Witta, longtemps été mon monteur et aujourd’hui à la retraite, m’a parlé du roman de Jean-Christophe Ruffin. Je l’ai dévoré d’une traite, en me disant à chaque page que cette histoire était extrêmement visuelle tout en étant très simple à comprendre. Je voulais qu'il travaille avec moi mais il était très occupé. J’ai tout de même réussi à lui faire écrire quelques scènes et j’ai ensuite demandé un coup de main à Jean-Loup Dabadie pour peaufiner les dialogues. En lisant son livre, je me disais que les scènes de guerre seraient compliquées à mettre en scène pour un réalisateur de mon âge ! Mais après réflexion, l’histoire me touchait et j’ai décidé de me lancer, en sachant qu’il y aurait des gens qui m’aideraient dans les moments plus compliqués. À l’arrivée, ça me fait plaisir quand on me dit que le résultat fait penser au travail d’un jeune metteur en scène ! ». 35 ans après «L'Été meurtrier», François Cluzet retrouve Jean Becker pour cette fable affable sur les ravages de la Grande guerre. Il trouve le ton juste pour incarner ce juge militaire. « François est un peu le clown blanc de l’histoire ! Ce n’est pas lui qui a le premier rôle mais il en fait une performance d’une justesse incroyable. On retrouve dans le regard de son personnage la gentillesse et la profondeur qu'il a dans la vie. J'avais envie de nos retrouvailles depuis longtemps mais ça n’avait jamais pu se faire. J’ai beaucoup de respect pour lui. Je le compare à Daniel Auteuil avec qui j’ai tourné dans Dialogue avec mon jardinier. Ce sont des acteurs qui ont une présence magnifique et qui sont des hommes formidables ». Morlac, le taiseux insoumis, ne l'aide guère à mener sa patiente investigation. Nicolas Duvauchelle, guère habitué aux films d'époque, s'intègre bien à l'univers du réalisateur des «Enfants du marais» en soldat courageux détruit par une sale guerre qui a transformé des êtres vivants en chair à canon. « Nicolas a souvent joué les rebelles ou les voyous au cinéma et, tout en gardant l’aspect révolté de Morlac qu’il joue parfaitement, je trouvais intéressant de le mettre dans la peau d’un petit paysan ! Morlac a une forte personnalité mais c’est un gars simple... Je trouve qu’il s’en sort formidablement, notamment face à François Cluzet. J’ai eu beaucoup de mal à trouver la bonne comédienne pour le rôle de Valentine. J’en ai vu pas mal mais je ne trouvais pas celle qu’il me fallait... Et puis un jour, j’ai aperçu Sophie Verbeeck dans le film A Trois on y va. Elle n’avait pas le rôle principal mais elle y était très attachante. Sa voix, son attitude m’avaient bluffé... Il a fallu convaincre les producteurs car elle n’est pas encore très connue au cinéma mais je suis certain qu’elle va le devenir ». Pascal Le Duff
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