Sans un bruit
S’ils vous entendent, il est déjà trop tard : John Krasinski et Emily Blunt vous font peur, mais sans un bruit…
Depuis l'arrivée de créatures extraterrestres qui ont fait de la Terre un immense garde-manger, la famille Abbott (Lee et son épouse Evelyn, Regan, leur fille sourde-muette et leurs fils Marcus et Beau) a appris à vivre dans le silence le plus total, le moindre son attirant ces prédateurs aveugles. Repliés dans leur ferme, ils ne font que de rares sorties pour trouver de quoi se nourrir et survivre un peu plus confortablement. L'acteur John Krasinski passe pour la première fois derrière la caméra avec ce thriller horrifique qui reflète en lui des inquiétudes très personnelles :
« J’étais déjà en train de faire face à toutes les angoisses du jeune parent – comment protéger mes filles et être un bon père – quand j’ai reçu ce scénario, si bien que je m’y suis identifié à un niveau très personnel. J’ai senti que sous la surface de l’histoire, il y avait une métaphore intéressante mais terrible sur le rôle d’un parent. J’étais vraiment très à fleur de peau et très nerveux à ce moment-là, et ça a donc été très fort d’imaginer ce que des parents seraient prêts à faire pour protéger leurs enfants, c’est-à-dire faire l’impossible, vivre sans un bruit. Mon imagination s’est totalement affolée. Il y avait tellement d’éléments à explorer à partir de cette idée. Dans la vie réelle, on essaye de faire en sorte que ses enfants soient heureux, en bonne santé, bien nourris, qu’on s’occupe d’eux et qu’ils fassent de bonnes études, et c’est déjà assez compliqué comme ça. Mais dans ce monde cauchemardesque, ces angoisses parentales sont multipliées par 10 000. Le moindre faux pas pourrait causer la perte de l’un de leurs proches, et ils ont constamment cela en tête. On a peur pour eux de façon très intense justement parce qu’on arrive à se mettre à leur place».
John Krasinski partage l'affiche avec son épouse dans la vie, Emily Blunt, notamment remarquée dans les films « Le Diable s’habille en Prada », « Sicario » ou « Edge of tomorrow ». Ils n'avaient jamais travaillé ensemble et ne pensaient pas commencer à cette occasion, comme l'indique Emily Blunt :
« Ce qui m’a fait tomber amoureuse du scénario, c’est que j’ai senti qu’il s’adressait à ma peur la plus profonde : celle, en tant que mère, de ne pas être capable de protéger mes enfants. Les enjeux sont tellement vertigineux dans cette histoire que je l’ai lue d’une traite. Juste avant d’avoir lu le scénario, j’ai suggéré à John le nom d’une amie que je pensais parfaite pour le rôle d’Evelyn. Mais alors que j’avançais dans ma lecture, je me disais ‘bon, en fait, oublie ce que j’ai dit, il faut absolument que je joue ce rôle’. J’ai adoré la densité et la beauté de cette histoire, qui va bien au-delà de l’atmosphère classique du cinéma d’horreur. Et John et moi n’avions jamais travaillé ensemble si bien que c’était très enthousiasmant ».
John Krasinski sait créer un climat oppressant, soulignant comment le moindre relâchement peut avoir de terribles conséquences. On tremble avec ses parents et leurs enfants, l'attente d'un accouchement ou un clou créant un suspense fort. Cet exercice de style sensoriel s'ouvre une séquence d'une tension extrême mais ne fait pas assez confiance au pouvoir d'évocation du silence pour augmenter ses effets de terreur. L'idée de départ, réellement originale, possède heureusement un potentiel relativement bien exploité, avec quelques réels frissons.
Pascal Le Duff
0 commentaires