Comment vous avez arrêté de fumer...
Le Mois sans tabac est une opération pour inciter les fumeurs à arrêter « collectivement » en recevant des aides gratuites de diverses structures. Mais certains ont déjà dit adieu à la clope. Témoignages de celles et ceux ayant relevé ce défi, avec ou sans difficultés, qui ont bien voulu se confier sur l'avant-après de leur victoire.
Ce sont des femmes, des hommes, des jeunes, des seniors, d'anciens gros fumeurs ou des occasionnels... Pourtant, ils ont tous un point commun : ils ont arrêté la clope. Mais chacun avec ses motivations et ses « combines ».
Voyage aux Canaries
Âgé de 53 ans, Frédéric est conducteur d'autocar. « Je fumais depuis l'âge de 16 ans. Mes parents étaient également fumeurs. J'ai fait plusieurs tentatives d'arrêt sans succès alors que je consommais 1,5 paquet/jour. J'ai demandé à mon médecin du Champix* pour une semaine, non pas pour me couper l'envie mais le besoin. Comme j'avais des douleurs à l'estomac, je ne prenais qu'un seul cachet le matin. J'étais imbuvable et j'ai pris 10 kg. Ma femme a voulu aussi prendre ce médicament mais elle a eu peur des effets secondaires. Maintenant, elle vapote, se souvient le Verneuillais. Quand j'ai arrêté il y a dix ans, avec le soutien de mon entourage, j'ai récupéré mon souffle, l'odorat, le goût des aliments. Au début, on ne sent plus que l'odeur de la cigarette : sur les vêtements, dans la maison, l'haleine et c'est très dérangeant. Pour réussir, il faut parvenir à changer ses habitudes et il faut vraiment le décider, avoir beaucoup de volonté et... ce n'est pas si facile ».
Mais la récompense est grande, notamment pécuniaire : « Tous les jours, je mettais dans un pot ce que j'aurais dû payer en paquets que je ne fumais pas... et ça nous a financé un voyage de deux semaines aux Canaries ».
Hallucinations
Comme beaucoup, Josie, Panazolaise de 62 ans, a commencé à l'adolescence : « Je fumais en cachette car mes parents ne fumaient pas. Comme j'étais en pension, c'était plus facile. Jusqu'à mes 50 ans, je n'ai jamais essayé d'arrêter : lors des grossesses, j'ai beaucoup diminué sans complètement cesser. Les dernières années, je m'octroyais 6 cigarettes/jour. Je fumais peu mais j'étais accro car je ne pouvais pas m'en passer. Ma cigarette, c'était presque mon amante, même si j'avais peur de la maladie ». Puis il y a eu une rencontre. En Tunisie en 2009, Josie et les autres vacanciers fument partout puisque c'est autorisé : hôtels, restaurants... Une jeune femme lui avoue avoir tout stoppé grâce au Champix. De retour en France, elle consulte. Le médecin, inquiet, n'est pas d'accord mais le lui prescrit avec une surveillance et un suivi stricts, durant deux semaines dans un premier temps, à dater du 1er avril. « Les premiers jours, je continuais à fumer mais je trouvais ça dégueulasse. Au 8e jour, je n'avais plus du tout envie. J'étais extrêmement calme. Ça m'a énormément aidée jusqu'à fin avril. Mais... j'ai eu des hallucinations, c'était bouleversant. J'étais fatiguée car je dormais peu. J'ai arrêté le Champix à la mi-mai, car je me ''sentais capable''. J'ai tenu, je ne suis jamais revenue en arrière vu le chemin parcouru. Je n'ai jamais repris ne serait-ce qu'une taffe car j'ai trop peur de retomber ». Josie a retrouvé son teint plus clair, ses cheveux brillants et surtout son souffle (d'autant plus qu'elle est une randonneuse), sans prise de poids car elle a bien surveillé son alimentation.
Sans difficulté
Après une sévère leçon de morale de sa mère, Isabelle alors collégienne, arrête de fumer, venant pourtant d'une famille de gros fumeurs. Adulte, elle consomme presque un paquet/jour, s'arrête pendant la grossesse, reprend à 10 clopes quotidiennes, stoppe à nouveau à la suite d'une pneumonie pendant quatre ans. Et puis il y a un an, elle visite sa fille, devant laquelle elle s'oblige à ne jamais fumer. « Après ce séjour, quand j'ai repris, j'ai éprouvé du dégoût et je suis aujourd'hui incapable de fumer. Je pense qu'on se conditionne psychologiquement, le corps ''s'organise'' pour être en lien avec la tête. Il faut donc se préparer mentalement. C'est une drôle de manière d'arrêter car cela ne m'a demandé aucun effort ». Et de rajouter : « Même en fumant peu, on manque de liberté car on doit prendre des pauses, trouver un lieu où c'est permis... C'est ridicule car finalement ça impose des contraintes ».
Par amour
Nous avons également interrogé les internautes via Facebook. Solveig Yvelin raconte : « J'ai arrêté en 2014 après 30 ans de clopes ! Par amour. La course à pied est ce qui m'a le plus aidée, en commençant par 200 m avant d'être essoufflée. J'ai refumé une clope par été mais sans vraiment apprécier. Et j'en ai encore parfois envie, même si je sais que je ne vais pas apprécier. Je n'en rêve plus depuis deux ans seulement ! »
Chute
Nounours Cool confie : « Après plus de 38 années de tabagisme, je fumais trois paquets et des fois même plus par jour, après plusieurs tentatives d'arrêt infructueuses. Une dizaine avec des gommes, des cachets... J'ai tout essayé mais à vrai dire rien n'a marché. Je toussais énormément avec parfois des étourdissements. Une fois, je suis tombé chez moi : j'ai eu peur et quelques mois après, j'ai décidé d'arrêter. J'ai jeté mon paquet de tabac aux toilettes en me disant que cette fois-ci, c'était la bonne sans aucune aide, juste avec l'envie. Je suis persuadé, il faut vraiment et je dis bien vraiment en avoir envie pour soi, pas pour une personne. Je ne fume plus depuis le 28 novembre 2011. J'ai repris le sport en 2015 après avoir pris 30 kg. C'est le prix à payer ! Mais aujourd'hui tout va bien, je continue le sport et j'ai retrouvé un poids normal ».
Pas de remède miracle
Enfin, Carol Beres s'est arrêtée pendant deux ans, du jour au lendemain et sans aucune difficulté alors qu'elle était une grosse fumeuse, grâce à la cigarette électronique. « Mais j'ai rechuté depuis 2 ans même si je fume beaucoup moins qu'avant. Rien n'est jamais acquis en matière d'addictions et il faut toujours rester très vigilant même si tout dépend des motivations et des personnalités de chaque personne. Il n'y a pas de remède miracle : ce qui marchera pour l'un ne marchera pas pour un autre. L'acupuncture, les séances avec des magnétiseurs et autres médecines chinoises, non reconnues par notre médecine occidentale et donc coûteuses, peuvent aussi être très efficaces ».
*La varénicline est un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques du système nerveux central. La spécialité qui contient ce principe actif est proposée à la vente dans le monde sous le nom de Champix. Son indication est l'aide à l'arrêt du tabac fumé.
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