Guy Donnart : "La SPA n'est pas un Amazon pour chiens et chats "
Surpopulation dans le refuge, abandons estivaux, maltraitance, tension financière… Guy Donnart, le président de la SPA 87 et administrateur de la confédération nationale, fait le point.
Quelle est la situation au refuge de Couzeix ?
Depuis un an et demi, nous avons traversé la tempête, avec des périodes comme le premier confinement durant lequel il était impossible d'adopter des animaux. Puis, il a fallu organiser des visites sur rendez-vous et les adoptions ont repris lentement. Nos rentrées financières étaient en baisse alors que les dépenses étaient les mêmes. Aujourd'hui encore, les adoptions ne sont pas en nombre suffisant, avec une surpopulation de chiens qui cherchent une nouvelle famille. Nous sommes envahis de chiens de catégorie 1 et 2, dits " dangereux ". Ils ne peuvent pas être adoptés, juste placés en famille d'accueil.
Et pour les chats ?
C'est très préoccupant. La période de reproduction qui a débuté il y a trois semaines va se prolonger jusqu'en octobre. Autrefois, une chatte avait une portée par an. Maintenant, avec la hausse des températures et la nourriture, elle en a trois. Sur les trois dernières années, nous avons accueilli 250 chats/chatons. Sans oublier les chats errants qui se multiplient dans les communes. Il faudrait instaurer une politique de stérilisation globale à l'échelle du département, car les chats n'ont pas de " limite administrative ". Nous avons également des moutons, des chèvres, des lapins, des perroquets, des NAC… Nous n'acceptons pas les serpents car nous ne sommes pas habilités.
Qu'en est-il pour la fourrière ?
La fourrière, qui est ouverte 24h/24, recueille les chiens/chats trouvés ou perdus. La situation est difficile, car l'apport des mairies desquelles elle dépend financièrement est trop faible. En 2020, fourrière et refuge cumulés, nous avons accueilli 985 chiens et 1.200 chats.
Comment faites-vous face ?
Nous essayons de favoriser les adoptions sans faire de forcing, sans tout accepter. Les futurs propriétaires doivent répondre à un questionnaire précis et nous faisons une visite de contrôle. Il y a un suivi des adoptions.
Contrairement à certains refuges, il n'y a pas d'euthanasie en Haute-Vienne…
En effet, hormis pour des raisons thérapeutiques, nous faisons toujours le maximum pour sauver les animaux, il n'y a plus d'euthanasie. Ce n'est pas notre philosophie.
Avez-vous constaté des " abandons estivaux " ?
Ce n'est plus comme il y a encore cinq ans, avec des vagues d'abandons avant les départs en vacances d'été. En revanche, nous remarquons un pic d'abandons en avril, qui coïncide avec les achats d'animaux pour Noël devenus indésirables car il faut s'en occuper, les sortir… L'abandon d'un animal domestique est puni d'une peine allant jusqu'à 2 ans de prison et 30.000€ d'amende. Mais ce n'est jamais appliqué…
Les maltraitantes animales ont-elles augmenté ?
La SPA 87 dispose d'enquêteurs bénévoles qui interviennent après un signalement de maltraitance (pas de dénonciation anonyme). Nous avons enregistré 500 signalements en Haute-Vienne. Seule une vingtaine a fait l'objet d'une procédure judiciaire. Depuis 2015, l'animal est reconnu comme un " être vivant doué de sensibilité " dans le Code civil (nouvel article 515-14) et n'est plus considéré comme un bien meuble (article 528). Et alors ? Qu'est-ce que ça a changé concrètement ?
Pour faire un don : page Facebook de la S.PA. de Limoges et de la Haute-Vienne. Adoption : le refuge est ouvert du lundi au samedi de 14 heures à 18 heures.
Le 29 janvier 2021, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi. Le texte durcit les sanctions contre la maltraitance animale, à trois ans d'emprisonnement et 45.000€ d'amende en cas de morts de l'animal. Le principe d'une peine aggravée en cas de maltraitance par le propriétaire de l'animal ou un membre de la famille a été retenu : une circonstance aggravante a été ajoutée à l'acte d'abandon en cas de mise en péril de l'animal (cinq ans d'emprisonnement et 75.000€ d'amende).
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