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Noël d'antan : ni sapin, ni Père Noël

10h00 - 09 décembre 2021 - par Info Haute-Vienne
Noël d'antan : ni sapin, ni Père Noël
Carte de J. Faissat qui souhaite un bon réveillon, lire la légende « Noël Limousin » (illustration extraite du site : etsinexonmetaitconte) - ©

Pas de sapin avec son pied couvert de cadeaux et pas de vieux monsieur au costume rouge et à la grande barbe pour fêter Noël dans les campagnes limousines du début du XXe siècle.

Cela peut paraître « incroyable » pour les plus jeunes d'entre nous : il y a un peu plus d'un siècle et après la seconde guerre mondiale, dans les campagnes limousines, Noël ne ressemblait en rien à la fête célébrée aujourd'hui.

Au début XXsiècle, Noël était avant tout une fête religieuse... tout en étant également très profane. On allait à la messe de minuit. Quelques églises, essentiellement dans les bourgs, avaient des crèches. On en retrouvait aussi dans les familles bourgeoises et très pratiquantes. À la campagne, Noël se préparait « spirituellement » pendant la période de l'Avent, en essayant de se protéger des sorciers, de « contrats » scellés par le sang et passés avec le diable, causant des maléfices pour les hommes ou les bêtes voire toutes sortes de malheurs (familiaux, financiers, santé...).

Mort du cochon

À la campagne, la préparation de Noël était marquée par la mort d'un cochon. Les hommes le découpaient et les femmes le cuisinaient. Chaque famille prélevait quelques boudins ou quelques côtes qu'elle donnait aux « cousins », c'est-à-dire la famille éloignée... à 5 kilomètres ! Eux rendaient la pareille avec le cochon tué pour Carnaval. C'était le don et le contre-don. Il témoignait d'une marque d'intérêt, d'amitié et de sympathie tout en entretenant les relations familiales.

OrangeS, CHÂTAIGNES...

Il n'y avait ni sapin, ni Père Noël. Dans les familles pratiquantes en ville, on parlait du « petit Jésus ». Mais il y avait le vieux avec son bissac (sac en deux parties), qui est devenu la hotte du Père Noël. Certains enfants recevaient un cadeau dans leurs sabots qu'ils mettaient dans la cheminée : une orange, des châtaignes blanchies ou des pralines.

Messe

À la messe de minuit, qui avait vraiment lieu à minuit, chaque famille était représentée, chacun venant avec des « branchons » de paille allumés (des flambeaux) pour éloigner les mauvais esprits et... les bandits de grands chemins. La messe était célébrée en langue limousine et tous les participants chantaient dans cette langue les cantiques de Noël, les « nadalets ». Ce mot occitan signifiant « petits Noëls » désignait au départ les sonneries de cloches pratiquées chaque année durant les jours précédant la fête de Noël. Chaque village avait sa manière de sonner le nadalet.

Les repas pris à la suite étaient assez ordinaires avec peut-être un peu plus de vin et d'eau-de-vie.

Après-guerre

Dans les années 30 sont apparus les premiers sapins, et notamment au début de la guerre, car ils ont été introduits par les Alsaciens, déplacés en Limousin. On a abandonné le « petit Jésus » et le vieux avec son bissac pour le Père Noël et sa hotte. Les crèches se sont répandues dans les campagnes ainsi que dans les familles, même celles athées. Finalement, Noël est devenu très laïc. À partir de la seconde guerre mondiale, on a pu observer une cassure dans la culture limousine, et un vrai décalage entre les évolutions rurales et urbaines.

Et la bûche ?

Le soir du 24 décembre au coucher du soleil ou le 25 avant le lever du jour, on allait couper une grosse bûche dans une essence qui portait bonheur comme l'aubépine ou le noisetier. On la mettait au feu avant d'aller à la messe. Elle devait brûler toute la nuit. Si elle s'éteignait, c'était mauvais signe. Puis, les restes de bois étaient placés sous le lit et ressortis pour faciliter la fertilité, un accouchement, un vêlage, ou lors des orages pour éloigner la foudre... On en gardait dans un pot de terre, le toupi, pour les mélanger aux semences du printemps.

Selon les traditions, c'était aux jeunes filles de la famille ou au plus âgé que revenait la responsabilité d'allumer la bûche, à l'aide de restes de tisons des bûches du Noël précédent, précieusement gardés.

En Limousin, pour les croyants, plusieurs explications sont données à cette tradition de la bûche de Noël. Pour les uns, c'est pour permettre à l'enfant Jésus, ou à sa mère Marie, de se réchauffer pendant cette froide nuit d'hiver ; pour d'autres, c'est pour qu'il puisse y voir clair en arrivant chez les gens.

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