Manifestation en soutien au Centre du dessin de presse de Saint-Just-le-Martel
En réaction à la décision du Président de la République d'écarter la candidature de Saint-Just-le-Martel / Limoges pour privilégier celle de Paris, la direction du Centre du dessin de presse appelle à un rassemblement de soutien le samedi 15 janvier.
Cette manifestation populaire a pour objectif de rappeler l'engagement de 40 années de défense de la liberté d'expression à travers la promotion du dessin de presse et de la caricature. Elle vise aussi à dénoncer l'ingratitude dont fait preuve le Chef de l'État à l'égard de notre territoire, emblématique d'un manque de considération envers les élus locaux et envers les initiatives impulsées par les territoires ruraux.
Déroulé
10 h 30 : accueil de tous les élus à la mairie de Saint-Just-le-Martel
11 heures : rassemblement devant l'Espace Loup - Centre du dessin de presse
12 heures : visite de l'exposition Bosc
Musique et chocolats de Noël à volonté…
Quelques réactions
La direction du Centre international de la caricature et du dessin de presse et d'humour est " abasourdie par la notification du refus du Chef de l'État d'installer en Limousin la Maison européenne du dessin de presse. La capitale a été préférée, alors même que l'infrastructure existe déjà en Limousin, et présentait de nombreux avantages, de sécurité, d'expérience et de légitimité reconnue.
C'est un sentiment de mépris et d'injustice qui prévaut ici au Centre de la caricature parmi tous les bénévoles. Voir 40 années d'investissement dans la défense de la liberté d'expression à travers le dessin de presse balayées par un choix politique sans aucune justification laisse sans voix.
Ce choix va à l'encontre de toutes les annonces, de tous les atouts considérables de savoir-faire, de mémoire, d'engagement de la population de Saint-Just-le-Martel et du Limousin pour défendre ce qui existait depuis 1982. C'est une gifle aussi aux 250 dessinateurs qui chaque année font le chemin vers Saint-Just-le-Martel pour le Festival international, et qui se sont mobilisés en majorité en faveur de ce lieu de rencontre et de célébration de la liberté d'expression.
La direction du centre conteste cette décision car elle contrevient fondamentalement à l'intérêt de ce projet, au travers notamment d'une décentralisation soi-disant promise dans le discours de politique générale du Premier Ministre.
Nous contestons ce projet car il est à contre-courant du désenclavement culturel alors même que Saint-Just-le-Martel est à 1 heure de Paris par avion.
Nous contestons ce projet, car il déconsidère et nie toute l'expérience d'organisation d'expositions, et le lien très fort qui lie la communauté des dessinateurs au Centre international de Saint-Just-le-Martel, riche de plus de 2 500 partenaires à travers les cinq continents.
Nous le contestons, enfin, parce qu'il est à contre-courant de tous les investissements précédents, réalisés de concert par les Fonds européens, l'État, la Région, le Département, la commune en 2011. Tous avaient témoigné de la reconnaissance et de la légitimité de ce lieu pour en faire un sanctuaire de défense de la liberté d'expression à travers le dessin satirique ".
Jean-Claude Leblois, le président du Conseil départemental de la Haute-Vienne, ne cache pas sa colère et dénonce un camouflet, un mépris de plus en direction des territoires ruraux.
" La candidature conjointe de Limoges et Saint-Just-le-Martel présentait pourtant de forts atouts et répondait à tous les critères d'attribution. Cette dernière a rencontré un très large consensus, que ce soit de la part des élus locaux, mais aussi de la part des dessinateurs qui n'ont pas manqué, au cours de ces derniers mois, d'adresser leur soutien à ce projet. Eux savent que depuis près de 40 ans, le Centre permanent s'attache à valoriser le dessin de presse et la satire humoristique, menacés par les obscurantismes de tous ordres.
Une longue histoire, impulsée par Gérard Vandenbroucke, dessinée au fil des années par une infatigable équipe de bénévoles, tout un village, qui se mobilise avec toujours la même envie pour accueillir à l'occasion de leur Salon annuel plus de 250 dessinateurs de presse du monde entier, et ce malgré des moyens limités. Ces passionnés ont ouvert les portes de leurs maisons pour héberger Cabu, Tignous, Honoré, Loup, Georges Wolinski et bien d'autres, créant ainsi de forts liens d'amitié. Ils se sont battus en 2015, alors que venait de se produire la tuerie de Charlie Hebdo, pour maintenir le Salon, voyant leur paisible et rieuse Saint-Just-le-Martel transformée en camp retranché et protégé par les forces de sécurité.
La légitimité de Saint-Just-le-Martel, l'énorme travail accompli, l'engagement d'une terre de résistance et de fraternité et le fort consensus politique local n'auront pas payé. Bâtir la Maison européenne du dessin de presse et de la caricature en Haute-Vienne aurait pourtant été un symbole, une reconnaissance. Cela aurait prouvé que mettre la culture ailleurs qu'à Paris, ce n'est pas l'enterrer.
Alors que le centralisme parisien n'en finit plus d'étouffer le pays et les énergies locales, que la Haute-Vienne est aujourd'hui victime de cette condescendance pour les territoires ruraux qui font pourtant la richesse du pays, je tiens à apporter mon soutien à l'équipe du Centre international de la caricature de Saint-Just-le-Martel. […] J'attends des députés de la majorité présidentielle élus en Haute-Vienne ainsi que du ministre des Transports (qui ne manque pas de rappeler son attachement à notre département), qu'ils condamnent fermement cette décision du Président de la République. J'espère qu'ils seront en capacité de faire entendre la voix de notre territoire auprès du Président de la République, avant qu'il ne soit trop tard ".
Et Paris choisit… Paris ! Le maire de Limoges, Émile Roger Lombertie, prend acte du choix du Gouvernement en faveur de la création d'une Maison européenne du dessin de presse et d'humour à Paris au détriment de la candidature conjointe portée par Limoges et Saint-Just-le-Martel : " Cette décision méconnaît les nombreux atouts d'une implantation locale unanimement soutenue et l'expérience de notre territoire dans quatre décennies de soutien apporté à cet art populaire mais aussi aux dessinateurs de presse. Un grand nombre de ces derniers n'avaient d'ailleurs pas hésité à soutenir publiquement et fortement notre candidature. Au-delà, et alors que les élus locaux sont en première ligne de la redynamisation des territoires dans le respect d'un pacte social plus équitable, ce choix reste incompréhensible et injuste. Il marque la persistance d'un centralisme étatique qui dénie toute capacité d'initiative aux élus de terrain et condamne les villes moyennes à la portion congrue, alors qu'elles semblent désormais plébiscitées par les citadins fuyant la turbulence des métropoles ".
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