2022 : caritativement vôtre !
Janvier est le traditionnel mois des voeux. Si les élus sont rompus à l'exercice, les responsables des associations caritatives émettent également des souhaits pour une année 2022 plus « solidaire ».
La solidarité, la fraternité et l'humanité : trois valeurs qui pourraient bien être le fil conducteur des voeux émis par les responsables des quatre associations haut-viennoises que Limoges Infos 87 a interrogées.
LES AUTRES
« Je voudrais que les gens soient plus fraternels, parce que la fraternité, on ne la voit pas beaucoup », lance Jean-Pierre Orfèvre, le président de l'association « Les Autres ». Pour celui qui inlassablement organise des maraudes en centre-ville de Limoges en allant à la rencontre des gens de la rue, « cette population qu'on ne veut pas voir », l'hébergement d'urgence est LA priorité. « Comment peut-on laisser une famille pendant une semaine dans la rue, et qui va finir par dormir dans une cave ? Et ce, hiver comme été. Quand on appelle le 115, il n'y a jamais de place. Ce n'est pas possible ! Et que dire de la problématique d'accueil dans un centre lorsqu'il y a un animal. Alors, nous payons nous-mêmes une ou deux nuits à l'hôtel », confie-t-il, en colère et pris par l'émotion. Pour lui, au-delà de l'hébergement, même s'il reconnaît que l'opération expérimentale de mise à l'abri intercalaire pour les personnes vulnérables peut être une bonne initiative*, c'est tout le système qui est à changer.
Plusieurs fois par semaine, et notamment en fin d'année, lors de cette période dite de fêtes, avec des bénévoles, il a sillonné les rues limougeaudes comme il le fait depuis 20 ans. Il a offert des boissons chaudes et d'autres denrées à près de 80 sans-abris, ainsi que des cadeaux aux enfants. Tout ce que l'association donne est financé par la générosité de donateurs ou des membres, car « Les Autres » ne perçoit aucune aide, aucune subvention.
« Des améliorations ont été apportées mais ce n'est pas suffisant, ce sont bien souvent des solutions pas pérennes et de courte durée », conclut Jean-Pierre Orfèvre.
APF
« Cette année encore, nos combats en faveur des droits des personnes en situation de handicap sont restés les mêmes. Malgré la crise sanitaire, nous avons dû nous mobiliser massivement, notamment contre l'individualisation de l'Allocation Adulte Handicapé (AAH) et l'isolement des personnes en situation de handicap. Comme toujours, la mobilisation de tous les acteurs, adhérents, bénévoles, élus et salariés, a été bénéfique pour notre association. Courage, force et détermination auront donc été nos maîtres-mots en 2021 », relate Michel Terrefond, le représentant pour la Haute-Vienne d'APF France Handicap.
En 2022, ce dernier souhaite regarder plus loin : « Continuons à poursuivre notre objectif ''Pouvoir d'agir, pouvoir choisir''. Devenons tous acteurs du même projet, celui d'une société plus juste, solidaire et inclusive. Enfin, imaginons ensemble les idées et les projets de demain ! ».
SECOURS POPULAIRE
Les voeux de Thierry Mazabraud, le responsable départemental du Secours Populaire de la Haute-Vienne, sont intrinsèquement liés à l'actualité sanitaire : « Mon souhait est que 2022 marque la fin de ces deux ''années Covid'' que nous venons de vivre et qui auront marqué nos vies et nos esprits. Cette crise sanitaire aura été pour notre association celle de difficultés quotidiennes, faites de précarité, de privations de toutes sortes, de repli sur soi pour bon nombre de nos concitoyens. Ce début d'année 2022 m'amène à être prudent en termes de perspectives positives et de projets pour notre association ».
Comme pour de nombreux bénévoles, la ténacité et la mobilisation autour de projets demeurent des motivations fortes : « Malgré cela, la dynamique reste à l'ordre du jour au Secours Populaire, et je la partage pleinement. Plusieurs chantiers devraient voir le jour en 2022 à notre niveau : la mise en place d'un vaste ''jardin des cultures'' à Limoges, d'actions de lutte contre la fracture numérique et pour aider les plus fragiles dans leurs démarches en ligne, de projets autour de l'accès aux pratiques sportives dans la perspective des JO de 2024, le renforcement de tout ce qui participe d'une solidarité durable, et notamment en termes d'aide à l'insertion ou pour une plus grande présence de l'association dans les quartiers populaires, le développement des activités participant de l'économie circulaire... ».
Toujours optimiste, Thierry Mazabraud sait tirer le meilleur du pire : « La crise sanitaire aura aussi été celle d'une formidable et inédite mobilisation populaire, qui a aidé notre association à relever le défi et à surmonter ce qui aurait pu être tragique. Je fais le vœu que ce qui a été ainsi gagné puisse perdurer, et que l'attention portée aux autres pendant cette période, nous aide à faire partager par le plus grand nombre les valeurs que porte le Secours Populaire autour de sa devise ''Tout ce qui est humain est nôtre'' ».
RESTOS DU CŒUR
« Nous pourrions souhaiter, par utopie, qu'il n'y ait plus de pauvres en France mais par pragmatisme, nos vœux les plus sincères sont d'améliorer les conditions des femmes et des moins de 25 ans. La population des nouveaux profils aux Restos s'est fortement ''féminisée''. Les femmes occupent plus souvent des emplois précaires et sont très majoritairement cheffe d'une famille monoparentale. Elles représentent près de 80 % des nouvelles personnes accueillies », analyse Jean-Noël Chambon, le président des Restos du Cœur de la Haute-Vienne.
Depuis des années, les Restos sont témoins des difficultés rencontrées par les jeunes (52 % des personnes accueillies ont moins de 25 ans).
La fin de la pandémie s'invite également dans la liste des voeux pour « que le niveau des aides financières et la générosité des particuliers restent le plus haut possible afin que l'on puisse satisfaire les besoins de ceux qui sont démunis. Pouvoir continuer, améliorer nos services sans les contraintes des gestes barrières ou autres ».
Enfin, les Restos lancent un appel cherchant un local d'environ 200m2 à loyer gratuit ou très modéré près de la gare des Bénédictins à Limoges pour délocaliser leur accueil de jour.
*Ce dispositif consiste en un hébergement temporaire de 40 places, mis à la disposition du 115, sous forme d'appartements autonomes équipés grâce à la mise à disposition par NOALIS d'un bâtiment voué à la destruction dans le cadre du NPNRU. Les logements sont mobilisés pour la période hivernale dans le cadre d'une convention d'occupation temporaire. Cette expérimentation est conduite avec les associations AUDACIA et HESTIA. Un partenariat est également mis en place entre la Banque alimentaire et le Secours catholique pour l'aide alimentaire aux familles.
0 commentaires