Demain en Nouvelle-Aquitaine...
Quels sont les projets de la Région Nouvelle-Aquitaine pour la Haute-Vienne ? Quelles sont les grandes thématiques développées en 2022 ? Interview d'Alain Rousset, le président du Conseil régional.
Lors de vos vœux, vous avez annoncé avoir l'ambition de faire de la Nouvelle-Aquitaine la première région écoresponsable de France à travers "Néo Terra II". Pourtant, les écologistes, qui sont aujourd'hui dans l'opposition, vous accusent de ne jamais aller assez loin...
La feuille de route régionale de la transition environnementale et climatique Néo Terra, que nous avons instituée à l'été 2019, a été conçue pour impulser une dynamique systématique, systémique même, et donc imprégner de manière transversale toutes les politiques menées par le Conseil régional. Devant l'urgence écologique, que plus personne ne saurait sérieusement contester, il nous faut amplifier, massifier nos efforts d'économie d'énergie, de ressource en eau, de réduction des gaz à effet de serre, de préservation et même de redéveloppement de la biodiversité. Nous avons, à l'appui de ces constats pour la plupart inquiétants, réuni depuis plusieurs années des centaines de scientifiques, à travers des entités comme Ecobiose ou Acclimaterra par exemple. Nous allons donc poursuivre et accélérer ces efforts et ces travaux. Dans un contexte où vous êtes "à la barre", la question de savoir si l'on va ou non " assez loin " ne se pose pas dans les mêmes termes que lorsque vous n'avez pas les décisions à prendre. Je demeure convaincu qu'on ne réforme pas les comportements contre les gens, et qu'il faut les "embarquer avec soi" pour les mutations profondes, a fortiori d'ailleurs quand elles sont profondes. De là, il me paraît évident que toute mesure politique trop immédiate, trop rapide et brutale, est parfaitement contre-productive. Justement parce qu'elle ne fait pas sienne la réalité socio-économique d'un territoire, et donc "n'embarque" pas avec elle les personnes, ne les convainc pas. La vraie et bonne radicalité, c'est le travail à la racine d'une problématique, pas sa vraie-fausse solution immédiate et d'apparence spectaculaire.
Le projet d'A147 est au cœur de l'actualité, avec la concertation préalable au public jusqu'au 20 mars. Quelle est votre position ?
L'aménagement de la RN147 est une priorité régionale, et le Conseil régional est engagé auprès des collectivités pour que ces travaux avancent à un bon rythme. Le débat public lancé sur une concession autoroutière ne doit ainsi pas avoir pour effet de freiner la mise à 2x2 voies de l'itinéraire. Sans attendre l'issue de la concertation, l'État doit poursuivre et accélérer ses engagements sur les opérations inscrites au Contrat de plan Etat-Région (CPER) sur la RN147, afin qu'aucun retard n'intervienne sur ces opérations. L'urgence est bien de débuter les travaux au nord de Limoges ! La Région sera au rendez-vous si l'autoroute se fait. En revanche, elle demandera que le montant des travaux financés dans le cadre du Contrat de plan État-Région pour les aménagements actuels soit intégré dans le financement global.
Toujours dans le domaine de la mobilité, le budget 2022 présente une augmentation de 47 % pour les transports régionaux, avec des travaux notamment sur la ligne ferroviaire Périgueux-Limoges ou encore la poursuite du financement des études des lignes Limoges-Poitiers, Limoges-Angoulême et Nexon-Brive...
Effectivement, ce début de mandat se caractérise par une reprise de cycle d'investissement long en matière de transport, avec notamment la mise en œuvre du protocole "Petites lignes" de 1,5 milliard d'euros, avec l'État et SNCF Réseau, pour lequel la Région est engagée à hauteur de 62 %, soit 942 millions d'euros. Notre première priorité est bien de sauver notre réseau ferroviaire, qui est aujourd'hui dans un état extrêmement dégradé. Certaines lignes sont dès à présent fermées, ou partiellement fermées (Angoulême-Limoges, Nexon-Brive), grevées de limitations de vitesse ruinant leur performance et leur attractivité (Poitiers-Limoges), ou menacées à très court terme de fermeture (Agen-Périgueux). Dans un contexte où les personnes sont amenées à devoir se déplacer sur des distances importantes, et où il nous faut aussi réduire, par le fret en particulier, l'impact sur l'environnement des transports de marchandises, la solution, les solutions ferroviaires sont plus que jamais celles de l'avenir.
Il y a quelques semaines, l'Élysée a décidé qu'une Maison du dessin de presse ouvrira à Paris d'ici deux à trois ans. Vous avez apporté votre soutien au Centre du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-le-Martel, pour continuer à travailler sur l'ouverture à Limoges d'un pôle culturel axé sur la création et l'image sur le site de Jidé
L'annonce faite par le président de la République le 11 janvier dernier ne remet pas en cause le projet de pôle culturel régional que nous avons sur le site de l'ancienne usine Jidé, à Limoges. Le Salon international de la caricature, du dessin de presse et d'humour, créé par le regretté Gérard Vandenbroucke à Saint-Just-le-Martel, se charge depuis près de 40 ans de défendre et de promouvoir la caricature et le dessin de presse, bien avant que cette nécessité ne fût rendue impérieuse par les faits divers et actualité dramatiques survenus depuis une dizaine d'années. Le pôle culturel axé sur la création, la francophonie et l'image, où le dessin de presse aura toute sa place, sera inscrit au CPER et poursuit son chemin, comme je m'y suis engagé.
Les élections présidentielles ont lieu dans quelques semaines. Vous parrainez Anne Hidalgo. Pourquoi ? Dans son organigramme, vous êtes en charge de la décentralisation.
Je parraine et soutiens en effet la candidature d'Anne Hidalgo pour cette élection présidentielle. Elle m'a récemment demandé un texte sur la question de la décentralisation qui est, comme vous le savez, un sujet que j'ai longtemps poussé et pousse encore auprès de Paris comme une nécessité future de notre organisation politique nationale. Je le dis souvent : un pays décentralisé se réforme, un pays centralisé fait la révolution. Dans un contexte où la gauche française n'est clairement pas au mieux de sa forme, il me semble qu'Anne Hidalgo réactive dans le débat public des questions cruciales comme la transition écologique et l'adaptation au changement climatique, celles du pouvoir d'achat, de la formation et l'accès à l'emploi, ou encore de la reconquête d'une souveraineté économique. Elle porte sur ces sujets, et sans effets de manche hebdomadaires, des réponses solides qui sont en train de faire leurs preuves dans d'autres pays européens, comme l'Allemagne, l'Espagne ou la Norvège. Elle me semble avoir la compétence et l'humilité requises, devant des enjeux futurs d'une telle ampleur.
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