Raphaël Nieto : "Des entreprises du territoire sont très pointues dans le domaine de la cybersécurité"
Raphaël Nieto, le directeur de l'Aliptic, réseau rassemblant plus de 170 entreprises numériques du Limousin, appelle tous les citoyens à relever leur niveau de cybersécurité.
Depuis combien de temps la cybersécurité est-elle devenue l'une de vos préoccupations ?
L'Aliptic s'attache surtout à l'accompagnement des entreprises dans leur transformation numérique. Nous travaillons sur les talents, la formation, le recrutement qui est un enjeu central pour les entreprises du numérique. Quelques membres de l'Aliptic travaillent sur ce sujet depuis des années, mais pour notre collectif, il a été rendu très visible en 2020. Ce qui a changé récemment, c'est que le risque cyber est de plus en plus identifié par le grand public et les acteurs économiques. Nous avons donc décidé de mobiliser, structurer et coordonner les réponses pouvant être apportées par les entreprises du numérique pour l'on puisse trouver facilement des compétences et des expertises en proximité.
Est-ce à dire que nous sommes devenus un pôle d'excellence en ce domaine ?
L'excellence universitaire de Limoges est reconnue au niveau national et international et des entreprises du territoire sont très pointues dans le domaine de la cybersécurité. Conscients de ce potentiel, les élus de Limoges Métropole ont décidé de structurer un centre de ressources cyber, qui sera directement lié aux centres nationaux pour mener des actions coordonnées. Le champ des cyberattaques étant très vaste, il est important de sensibiliser les entreprises et les particuliers à toutes les actions à entreprendre en amont pour prévenir et limiter la menace.
Le besoin de compétences en cybersécurité apparaît-il déjà ?
La prise de conscience de cette menace s'est accentuée avec le confinement de 2020 qui a massivement placé les salariés en télétravail, multipliant les brèches dans les systèmes d'information des entreprises par lesquelles les pirates du monde entier peuvent voler des données pour chercher à en tirer profit. Durant cette période, la France a ainsi constaté une augmentation de plus de 400 % du nombre de cyberattaques. Un tiers des attaques abouties a causé un préjudice de plus de 10 000 € à leur victime et 14 % ont coûté plus de 100 000 €. Et 43 % de ces attaques ayant ciblé des PMI/PME, cela prouve qu'elles intéressent aussi les cyberdélinquants. C'est donc devenu un véritable enjeu stratégique pour notre pays. Les entreprises du numérique ont une responsabilité sur le champ de la cyberprotection. La réponse doit être portée à tous les niveaux et notre réseau se charge de la relayer sur le territoire.
Est-ce que la guerre en Ukraine doit inciter à renforcer la cybersécurité ?
Nous relayons les appels de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) à une plus grande prudence, mais nous n'avons pas constaté de recrudescence des attaques, car elles se concentrent plutôt sur l'Ukraine et la Russie. Cela est aussi lié au fait que la cybercriminalité crapuleuse est déjà fortement installée depuis plusieurs années et qu'elle se poursuit.
La transformation numérique n'a-t-elle pas fragilisé nos entreprises ?
Elle a surtout permis des échanges internationaux instantanés et des gains de productivité énormes. Comme nous ne reviendrons pas en arrière, il faut appliquer des protocoles pour sécuriser les informations stratégiques des entreprises, afin de permettre la poursuite de l'activité en cas d'attaque. Il est donc plus que jamais primordial de rappeler à nos concitoyens l'importance de rester vigilants pour détecter et détruire les mails frauduleux et ne surtout pas cliquer sans réfléchir, car lorsqu'on évolue dans un environnement avec autant d'opportunités que de risques, il est important de bien en connaître les règles.
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