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Réfugiés ukrainiens : des aides ici et là-bas

06h10 - 22 mars 2022 - par Info Haute-Vienne
Réfugiés ukrainiens : des aides ici et là-bas
Une cinquantaine de réfugiés ont été logés dans l'ancien Ehpad Marcel-Faure à Limoges (© Thierry Laporte/Ville de Limoges)

L'élan de générosité en Haute-Vienne comme partout en France est sans pareil pour aider les réfugiés ukrainiens. Soit par l'envoi de dons soit par l'accueil de familles.

Face à cette absurde guerre aux portes de l'Europe, à 2 700 km de la France, les Haut-Viennois n'ont pas hésité à se mobiliser. À leur échelle, avec leurs moyens. Car tous veulent prendre part à cet élan pour aider ceux et majoritairement celles avec leurs enfants qui sont obligés de fuir leur pays. Dans une ancienne famille proche d'Ambazac, une mamie raconte : « Ici, on a accueilli des Juifs pendant la seconde guerre mondiale. Et on est une terre de résistance ». Même si le contexte est différent, l'idée demeure la même. Résister à un dictateur et donner l'asile à ceux qui ont tout laissé derrière eux.

Une aide spontanée, venue du cœur, faisant fi des dangers notamment pour ceux qui se sont rendus aux frontières ukrainiennes.

PUI

Si les Pompiers de l'Urgence Internationale, basés à Limoges, sont habitués aux situations dramatiques, en intervenant après des séismes, des ouragans, toutes sortes de catastrophes naturelles, ils se sont déployés, en l'espèce, en Roumanie et en Moldavie pour organiser l'arrivée de convois (notamment ceux de la Ville de Limoges) mais aussi pour apporter à Palanca un appui opérationnel à la protection civile moldave. Une première pour les PUI qui n'étaient jamais partis en raison d'un conflit armé !

TAPIS ROUGE

En parallèle, de simples citoyens n'ont pas réfléchi bien longtemps avant de prendre des décisions. Ainsi, Rémi Pleindoux, le patron du cabaret Tapis Rouge, sensibilisé par des Ukrainiens membres de sa troupe, a très rapidement lancé une collecte. Presque « dépassé » par l'affluence des donateurs, il a dû gérer le stockage de produits, de vêtements... puis a dû se résoudre à trouver une plus grande capacité de transport que des minibus.

« J'ai été contactée par Viktoria de la communauté ukrainienne de Limoges, que je connaissais déjà pour l'avoir aidée à envoyer des médicaments en Ukraine en 2014. Face à l'ampleur des dons à Tapis Rouge, il fallait un poids lourd. J'ai joint Sébastien Fraisseix de l'entreprise de déménagement éponyme. Son affréteuse a trouvé un camion polonais avec un chauffeur ukrainien. Nous avons partagé la facture de 2 200 €. Le 33 tonnes était rempli à ras bord », raconte Candy Réjasse, la PDG des Maisons JB.

PARTIR SANS RÉFLÉCHIR

Un minibus de 9 places prêté par les Panthères de Feu, l'équipe de hand de Saint-Junien, devait aller récupérer des réfugiés. Or, à quelques heures du départ, le chauffeur a annulé, alors que les Ukrainiens avaient déjà pris la route. « Tout s'est bousculé dans ma tête. J'ai appelé mon papa, qui est âgé de 63 ans, et... on est parti. 28 heures de conduite sans pause jusqu'à Siret dans le nord-est de la Roumanie. Le retour a été plus long : deux jours en roulant jour et nuit car nous avons été bloqués dix heures à la frontière de la Hongrie à -10°C sans possibilité de faire tourner le moteur pour se réchauffer car nous n'avions presque plus de carburant ».

Après ce périple, une maman, son fils de 3 ans et cinq enfants de 12 à 18 ans ont pu poser le pied sur le territoire haut-viennois à Verneuil, accueillis par la communauté ukrainienne.

Au-delà des images des camps, de personnes fatiguées, apeurées, Candy, maman de trois adolescentes, s'est interrogée : « Comment on prend la décision de confier ses enfants à une inconnue pour les mettre à l'abri ? En fait, on vient les aider mais on les arrache à leur famille. Durant tout le voyage, on a bien vu qu'ils étaient traumatisés, ils ne voulaient même pas s'alimenter. Puis, ils ne parlent pas français ».

À LIMOGES

Si les premiers mots de réconfort prononcés en ukrainien « Ne vous inquiétez pas, ça va aller », ont rassuré la cinquantaine de réfugiés à la descente du bus devant l'ancien l'Ehpad Marcel-Faure à Limoges, Émile Roger Lombertie, le maire, a trouvé une parade à la barrière de la langue : « J'ai fait un clin d'œil appuyé à un petit. Puis, je lui ai ébouriffé les cheveux et j'ai frotté ses joues comme on fait à tous les enfants. Il a souri ».

Dès les premiers jours de la guerre, l'édile a souhaité mettre en œuvre un appel aux dons avec les PUI et des associations. L'entreprise Lacaux a offert 4 000 cartons, et Bernardaud a donné des palettes pour conditionner les vêtements, les couvertures, les produits d'hygiène, les médicaments... Au final, ce sont 1 760 cartons qui ont été embarqués vers la Roumanie dans un 44 tonnes (avec 19 tonnes de dons), appartenant à la Ville de Limoges, et conduit par Gilles Villeneuve et Thierry Versavaud, deux agents. Pierre Massy, via son entreprise et la CCI, a financé quatre camions supplémentaires (16 000 €).

EHPAD MICHEL-FAURE

Outre l'aide là-bas, la municipalité a également pris part à l'aide ici. Sur proposition d'Émile Roger Lombertie, l'ancien Ehpad Marcel-Faure a été retenu par l'État pour héberger les réfugiés : « Le bâtiment était encore fonctionnel, nous l'avons nettoyé et réaménagé pour proposer 70 à 75 couchages avec des chambres pourvues de lits pour les adultes, les enfants, les bébés. Nous avons mis à disposition des nécessaires de toilette, des kits d'hygiène, créé une salle de jeu avec des jouets et le Wifi sera bientôt installé pour qu'ils puissent communiquer avec leurs proches restés en Ukraine. La Croix-Rouge est en charge de l'encadrement ». De plus, la Préfecture coordonne la prise en charge administrative, sociale et sanitaire, notamment médicale avec un questionnaire et des bilans.

« Notre idée est d'en faire un ''hub'' (NDLR : une plateforme centrale) afin de faire le point dans plusieurs domaines et qu'ils puissent se poser avant de leur permettre de trouver un lieu de résidence stable », annonce l'édile limougeaud.

Tout est encore à l'étude quant à la scolarisation des plus jeunes et à la possibilité pour les adultes de travailler suivant un statut spécifique pour éviter d'en faire « des migrants exploités », note Émile Roger Lombertie.

SECOURS POPULAIRE

Afin de soutenir les réfugiés et victimes de la guerre en Ukraine, le Secours populaire français de la Haute-Vienne a lancé plusieurs initiatives solidaires : appel aux dons, collecte de vêtements et de produits de première nécessité ou simplement de dessins réalisés par les enfants. Le fruit de cette collecte (30 tonnes de marchandises) est parti de Limoges par camion vers un camp de réfugiés en Roumanie, près de la frontière ukrainienne. Le Département de la Haute-Vienne a participé à hauteur de 5 000 € au financement de cette opération de solidarité.

Aujourd'hui, demain et encore après-demain, plusieurs communes en zone urbaine comme rurale, des petites comme des grandes, vont accueillir des réfugiés. Le tissu associatif comme les particuliers ne cessent d'œuvrer au quotidien. Pourtant, le maire de Limoges prévient : « On n'est pas au concours Lépine pour savoir qui sera le plus solidaire. On se sent généreux pour eux et grâce à eux. Ils nous font sortir le meilleur de nous-mêmes ».

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