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Cette différence qui fait toujours peur

08h04 - 25 avril 2022 - par Info Haute-Vienne
Cette différence qui fait toujours peur
Michel Suchod, président du conseil d'administration du Refuge, Sophie Delannoy, directrice générale du Refuge, et Jean-Luc Thévenot, délégué départemental, lors de l'inauguration à Limoges

La Journée mondiale contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie est célébrée le 17 mai. L'occasion de présenter Le Refuge, qui a ouvert un local à Limoges il y a quelques jours.

Avec le coming-out de nombreuses personnalités, tant politiques que people voire sportives, on pourrait penser que l'homosexualité ou la transsexualité ne sont plus une honte. Pourtant, aujourd'hui encore, en 2022, des jeunes femmes et hommes sont rejetés par leur entourage et pire par leur famille. Parfois mal dans leur peau, parfois en quête d'identité, ils ont besoin d'être accompagnés, soutenus, écoutés...

LE REFUGE

Créée en 2003 à Montpellier, la Fondation Le Refuge, reconnue d'utilité publique, a pour objet de prévenir l'isolement et le suicide des jeunes LGBT+ (Lesbiennes Gays Bissexuels Trans et plus), de 14 à 25 ans. Grâce à ses 22 dispositifs d'accueil en France, Le Refuge héberge et accompagne socialement et psychologiquement ces jeunes victimes de LGBT-phobies et en situation de rupture familiale. La Fondation gère également une ligne téléphonique accessible 24h/24 par appel ou SMS au 06.31.59.69.50. Elle propose aussi des actions de sensibilisation.

À LIMOGES

Si Le Refuge de Limoges possède, depuis quelques semaines, un local situé 14 rue du Balcon, l'équipe-relais de la Haute-Vienne s'est constituée durant l'été 2017. « L'engagement des premiers membres s'est traduit par des actions de communication et s'est poursuivi par des interventions en milieu scolaire auprès de jeunes de la 5e à la Première pour déconstruire les LGBT+ phobies, changer le regard... En 2021, nous nous sommes rendus dans plus d'une trentaine de classes et avons eu la bonne surprise de constater que certains jeunes arrivaient à évoquer avec facilité leur identité sexuelle ou leur questionnement, explique Jean-Luc Thévenot, le délégué départemental. De plus, nous participons au Forum des associations de Limoges. Nous tenons aussi un stand dans le hall du Zénith pour aller à la rencontre du public et parler de la lutte contre les discriminations. Mais nous voulions en faire davantage ».

Alors qu'il y avait un vide dans le Grand Centre de la France, les bénévoles souhaitaient pouvoir ouvrir, à l'instar d'une vingtaine de villes dans l'Hexagone, des places d'hébergement et accompagner au mieux les jeunes LGBT+ pris en charge par Le Refuge. « Dès le mois de septembre, un premier appartement pourra accueillir quatre à cinq jeunes limousins mais également originaires d'autres régions, chassés par leur famille, en danger, poursuivis afin de les mettre à l'abri, de les soutenir, de les aider à trouver un travail... pour une durée minimum d'un mois », détaille Jean-Luc Thévenot, précisant que 200 jeunes entre 18 et 25 ans sont hébergés sur le territoire national mais que 400 demeurent sur liste d'attente.

À Limoges, un deuxième appartement devrait être disponible en 2023.

LEGRAND

Fer de lance de l'industrie limougeaude, coté au CAC 40, Legrand est le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment. Il est également le mécène du Refuge. « Nous sommes fiers de pouvoir soutenir de façon très concrète les jeunes LGBT+ accueillis par Le Refuge, à travers le soutien financier, matériel et humain que nous apportons à la Fondation. Il est de notre devoir de contribuer à une société plus ouverte et bienveillante », a justifié Frédéric Xerri, directeur Europe de Legrand et sponsor de #legrandrainbow, le réseau des salariés LGBT+ & alliés de Legrand. Pendant deux ans, Legrand va prendre en charge tous les frais.

HOMOPHOBIE

Malgré l'évolution des mentalités et la libération de la parole, les actes homophobes n'ont pas disparu. Loin de là. En 2020, SOS Homophobies a encore reçu 1 815 témoignages de violences LGBTIphobes. Les LGBTIphobies sont restées omniprésentes pendant la crise sanitaire, mais se sont réparties différemment. Les signalements dans les contextes voisinage et famille/entourage proche ont augmenté selon l'association : 13 % dans chaque contexte, contre 8 % pour voisinage et 10 % pour famille en 2019. La sphère privée s'est transformée en un lieu sous pression, où des relations déjà tendues ont pu se dégrader. Scrutation accrue de la vie privée d'autrui et isolement ont été un terrain propice à des violences LGBTIphobes répétées, parfois plus difficiles à verbaliser et à porter à la connaissance des autorités, tout comme les violences conjugales ou celles envers les enfants.

Les personnes LGBTI ont été accusées de répandre le coronavirus ou d'en être la cause. On a pu lire à l'entrée de certains immeubles : « Prière aux homos de quitter la copropriété pour ne pas ramener le covid » !

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