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Didier Cotte

08h30 - 20 avril 2022 - par Info Haute-Vienne
Didier Cotte
« Cette troisième vague de grippe aviaire est, semble-t-il, héliportée »

Avec des abattages en Corrèze, en Dordogne et dans le sud-ouest de la Haute-Vienne pour lutter contre la propagation de la grippe aviaire, les éleveurs sont inquiets. Rencontre avec Didier Cotte, bien connu dans la profession.

Dans quel état d'esprit êtes-vous aujourd'hui ?

Notre plus grande peur, c'est le matin quand on fait le tour de l'élevage. Nous avons le sentiment qu'il y a un pistolet sur la tempe de tous les éleveurs et il y a une chance sur deux d'appuyer sur la gâchette, ce qui signifie que les animaux sont contaminés. Cette contamination est complètement différente de celle de 2016 : il semblerait qu'elle soit héliportée, c'est-à-dire transmise par le vent. Donc, que les animaux soient enfermés ou en liberté, il y a toutes les chances qu'ils soient contaminés.

Comment la grippe aviaire se manifeste-t-elle ?

L'éleveur constate une forte mortalité dans son élevage de volailles, de palmipèdes... Il est dans l'obligation de la signaler afin que des analyses soient réalisées. Des analyses sont également effectuées en amont quand, avec l'accord des départements du lieu de l'élevage et du couvoir, on rentre des canetons, des canards et des oies. Puis à 21 jours, on refait des tests.

Il s'agirait de la troisième vague. Quel est le bilan des deux premières pour le département de la Haute-Vienne ?

Lors de la première vague en 2016, la Haute-Vienne a enregistré un cas à côté d'Ambazac. La ferme-auberge qui faisait du gavage a dû euthanasier tous ses animaux. Les trois départements du Limousin n'ont pas été touchés durant la deuxième vague en 2020.

Quels sont les risques pour les consommateurs ?

Il n'y a pas de risque de contamination par la viande. Le seul risque est celui de la mutation de ce virus avec celui de la grippe humaine.

Est-il vrai qu'un vaccin existe contre cette épizootie ?

Un vaccin existe en France. De source sûre, deux laboratoires sont retenus par le ministère de l'Agriculture. Seule, l'autorisation de mise sur le marché est en attente. Il faut savoir que tous les « oiseaux » de zoo sont vaccinés et ce sont les seuls ! Ce vaccin est totalement applicable aux volailles de consommation. Les laboratoires attendent donc le feu vert gouvernemental. Aujourd'hui, le Sud-Ouest, le Pays de la Loire, la Vendée sont durement impactés. Mais le coût des euthanasies compense-t-il ce qui freine la vaccination ?

Quelles seraient les conséquences si votre élevage était touché ?

Treize personnes se retrouveraient sur la paille. Sans entrée d'argent, plus moyen de payer les frais... Quelles seraient les indemnisations ? Nous n'avons pas d'information. Mon couvoir, qui est en Vendée, est touché et je pense qu'il y a peu de chances qu'il redémarre. Sur les ondes d'une radio nationale, j'ai entendu témoigner un éleveur du Gers : après avoir abattu ses canards, il n'avait plus rien à faire. Il a frôlé la catastrophe et a préféré se faire interner de son propre chef. Il en sortait juste... Combien d'agriculteurs, durant les crises agricoles successives, qu'il s'agisse de la vache folle ou la grippe aviaire, ont fait le geste ultime ? Certainement trop et personne n'en parle... Peut-être que Guillaume Canet nous fera un film sans tarder !

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