Boxe : Aldo raccroche sur un 7e titre de champion de France
Samedi 15 octobre, Cyril Léonet a remporté son 7e championnat de boxe et a annoncé la fin de sa carrière.
Peut-on parler de départ en tant que boxeur pro ?
Oui, c'est fini et ce, pour plusieurs raisons. J'ai participé à deux Coupes de la ligue, onze Championnats de France et deux Ceintures internationales. Sur 32 combats, j'en ai fait quasiment la moitié pour jouer un titre. Boxer une fois par an contre des gars de l'Europe de l'Est qui viennent juste chercher de l'argent, ça ne m'intéresse pas. Je ne vois pas la boxe de cet œil-là. La préparation d'un combat demande des sacrifices au niveau personnel et familial. À 39 ans, bien que j'aie des propositions, je veux boxer pour des défis et des challenges. Honnêtement, j'ai tout gagné. Partir sur une victoire, c'est aussi bien, je n'ai pas envie de raccrocher sur une défaite. De plus, il faut accepter qu'il y ait des jeunes qui montent avec une meilleure forme physique et des meilleures structures. Je n'ai pas envie de faire le combat de trop qui me laisserait des séquelles physiques et mentales car j'ai vu beaucoup de boxeurs qui ont continué sur le tard pour faire un peu d'argent. Ils sont à moitié fous aujourd'hui, et limite handicapés. Je suis grand-père. Je m'occupe de ma famille, j'ai des projets pour la suite. Pour toutes ces raisons, j'ai décidé de raccrocher. Je suis quelqu'un d'ambitieux mais c'est la première fois qu'avant un combat, je me dis : « C'est bon, c'est le dernier ». Ma boxe évolue à chaque combat mais je n'ai pas le physique qui va avec car la préparation demande un temps que je n'ai pas toujours. Avec les petits jeunes qui arrivent, il y aura sûrement de nouveaux défis et ça m'excite, mais pour toutes les raisons évoquées, je préfère arrêter.
Quel était votre état d'esprit à l'approche du combat ?
J'avais un état d'esprit méchant. J'ai un esprit de vainqueur. Quand je monte sur le ring, c'est pour faire mal, c'est pour tuer. Je le savais avant que j'allais devoir gérer. Au cours du combat et grâce à mon expérience, j'ai pu gérer techniquement.
Avez-vous été déstabilisé par le style de Karim Berredjem ?
Oui, je le connais bien. J'ai mis les gants avec lui en mars dernier pour préparer mon combat contre Wemba. Karim recule beaucoup. J'avais un doute qui s'est confirmé quant à sa stratégie. Il a avancé sur ce combat pour me déranger, pour faire basculer la décision des juges, mais pas pour faire mal car il n'est pas très physique. Je sais boxer en reculant. Je l'ai donc contré. Il a pris de nombreux bras avant dans la bouche. Mais cela m'a demandé beaucoup d'efforts mentalement. Le 8e round a été très dur à finir.
Quels sont vos projets ?
Je vais me reposer un peu, prendre du temps pour moi. On fait beaucoup de social dans la boxe. Beaucoup de jeunes des quartiers pratiquent la boxe, des filles également, des personnes de tout horizon, qui y trouvent une adversité, un moyen de se dépasser, d'apprendre à prendre des coups sans broncher et à respecter des règles. Je me dois de redonner à la boxe ce qu'elle m'a amené et bien sûr, si quelqu'un a besoin de moi, je serais là. Je ne vais pas vous mentir, c'est dur d'entraîner des gens tous les jours surtout lorsqu'ils sont débutants. Je pense passer le diplôme d'État de prévôt fédéral. Je ne serais jamais loin. J'ai toujours mon club de boxe.
Tout cela ne va pas vous manquer ?
Bien sûr, je suis nostalgique. Je ne suis pas à l'abri qu'on me propose un combat donc je vais tenter de rebondir au plus vite. J'ai une qualité, je ne m'attache pas au titre. Je suis un éternel insatisfait et c'est un défaut pour raccrocher les gants. David Douillet m'a inspiré lorsqu'il disait qu'il ne fallait pas trop regarder les médailles. On les range et on retourne travailler. Ça fait quelques jours que j'ai ma ceinture et j'ai déjà oublié mon titre. Je n'ai pas envie de regarder en arrière. Je veux passer à autre chose même si ce n'est pas facile. Je vais sortir mes ceintures, les nettoyer. Mais je m'arrête ! La relève est là, avec mon fils Dixon, un de mes neveux Regane et un de mes cousins, Slone Capello. Je vais les conseiller et pas seulement sur le plan sportif. Je sais ce qu'il faut faire pour faire carrière.
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