À l'USAL, l'esprit rugby éclipse les genres
Leur jeu est un peu différent, mais ils ont en commun une culture du rugby chevillée au corps. À l'USAL, filles et garçons partagent la même passion de l'ovalie sans distinction.
Que ce soit dans les allées du parc des sports de Beaublanc ou dans les locaux du club, Emma Faye et Lucas Estevenet ne ratent jamais une occasion de se chambrer. Elle évolue au sein des Gazelles, il est ailier de la Nationale 2.
Âgée de 28 ans, Emma pratique le rugby depuis 14 ans. « J'y suis venue lors de mes études au lycée agricole des Vaseix. J'ai de suite aimé l'aspect collectif de ce sport », avoue-t-elle. « Et aussi les soirées d'après-match », renchérit Lucas.
PARTAGE
Lui a chaussé ses premiers crampons à 6 ans, à l'école de rugby de l'USAL. « Je cherchais un sport de contact et je n'ai pas été déçu, car j'aime les plaquages », confesse-t-il. Il a surtout apprécié la camaraderie qui constitue l'un des ferments de ce sport. « Ces moments de partage, avant et après les matchs, apprennent énormément de choses aux enfants. Beaucoup y découvrent la vie en communauté », souligne Emma.
Cette école du respect, qui pose les bases du savoir-être, a sûrement facilité l'arrivée d'une pratique féminine au sein d'un sport plutôt viril. Car, si les filles viennent souvent encourager les joueurs des équipes masculines, ces derniers sont également nombreux à s'intéresser à leurs résultats. « Même si certains gestes techniques sont parfois un peu défaillants », lance Lucas, avant d'admettre que les matchs sont cependant très agréables à regarder, car c'est un jeu à l'ancienne, basé sur l'enchaînement de passes et l'esquive de l'adversaire.
FÉMINISATION RÉUSSIE
« Les filles accusent un retard technique car elles viennent souvent tardivement au rugby. Nous avons également moins d'entraînements entre les matchs, ce qui n'est pas le cas des joueurs de l'équipe première, qui ont un statut semi-professionnel », explique Emma, tout en reconnaissant qu'« à l'USAL, les joueuses reçoivent des primes de match, ce qui est loin d'être une pratique courante ailleurs ».
Il y a quatre ans, Lucas Estevenet a quitté Limoges pour le centre de formation de l'Union Sportive Bressane. « À l'issue des trois ans, le club ne m'ayant pas proposé un contrat professionnel, je suis revenu à l'USAL, mon club de cœur, à la demande d'Emma qui, à l'époque y était directrice », précise le jeune homme, justifiant ainsi du lien particulier qu'il a pu tisser avec elle.
« L'équipe féminine a toujours été associée à tous les grands événements du club et ses résultats sont bien mis en valeur. Nous avons aussi très souvent partagé des séances quotidiennes de musculation. Et les partenaires apprécient l'atout charme que les joueuses peuvent apporter à leur image », ajoute Emma. Ces efforts portent aujourd'hui leurs fruits, car les filles sont de plus en plus nombreuses à s'inscrire à l'école de rugby.
La différence entre les genres s'efface totalement lorsqu'on aborde certains aspects propres à la culture rugby, comme les contacts physiques parfois un peu violents, auxquels les garçons sont néanmoins un peu mieux préparés à résister. Et bien entendu, n'oublions pas les échauffourées. « Même s'ils ont tendance à diminuer avec la professionnalisation des joueurs, quelques petits coups sournois continuent de pleuvoir en douce », concède Lucas. Et les filles ne sont pas en reste. « On tire parfois les cheveux ou on écrase une main, histoire de se faire respecter », s'esclaffe Emma.
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