Le Conseil régional investit et s'investit dans le quotidien des Haut-Viennois
Comme à l'accoutumée, en ce début d'année, Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, a accepté de répondre à nos questions.
Quels sont les grands chantiers en Haute-Vienne pour cette année 2024 ?
Plusieurs chantiers d'envergure vont se poursuivre et d'autres se terminer cette année en Haute-Vienne... J'aimerais d'abord évoquer l'inauguration à venir du Frac-Artothèque Nouvelle-Aquitaine, financé par la Région, rue Charles-Michels à Limoges. Cette année 2024 sera également marquée pour la Région par la livraison du nouveau bâtiment du Centre de Droit et d'Économie du Sport (CDES) à Limoges. Le Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine accompagne également le Conseil départemental dans la réalisation du stade d'athlétisme couvert et pour la modernisation du Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane. Parmi les opérations structurantes, il convient également de citer le soutien régional à la rénovation d'Ester Technopole auprès de Limoges Métropole.
L'école vétérinaire verra-t-elle le jour à Limoges ? En avez-vous des garanties ?
La réponse est oui, mille fois oui ! Cette école vétérinaire un projet phare de notre Région, au croisement de tant de nos politiques : agriculture, formation, aménagement du territoire, santé... Et puis, ce projet est renforcé par l'engouement des professionnels, à la fois vétérinaires et éleveurs. Aussi, à la demande du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), nous avons produit et transmis une note complète de la vision de la Région pour soutenir la création de cette école, en lien étroit avec l'université et le CHU de Limoges. Dans cet esprit, nous attendons dans un premier temps le rapport du CGAAER en ce début d'année 2024 puis, dans un second temps, la décision du ministère de l'Agriculture. Le calendrier précis n'est pas encore connu à ce jour. Mais nous sommes déterminés à faire émerger ce projet stratégique et opérationnel, qui plus est sur ce territoire idéal, disposant d'un écosystème et des infrastructures nécessaires pour assurer son développement.
Les transports, dont la Région a la compétence, sont toujours au cœur des débats, car synonymes de désenclavement. Où en est-on des projets routiers et ferroviaires ?
Je vous remercie de poser la question. Parce que c'est un sujet qui me tient énormément à cœur, et parce que la Région se démène sur le front des mobilités, les projets avancent - même si on ne peut que regretter que les choses avancent lentement. Quelques illustrations routières, d'abord. Pour l'année 2024, sur l'axe 147, les deux tiers des travaux de terrassement ont été réalisés à Chamborêt, avec un objectif de mise en service pour septembre - tandis qu'à hauteur de Berneuil, le début des travaux est prévu pour la fin de l'année. Du côté de la RN 141, concernant la section en travaux entre Excideuil et Roumazières, les terrassements ont été effectués et les enrobés sont prévus courant 2024. Ensuite, vis-à-vis des petites lignes, les travaux battent leur plein entre Limoges et Saintes (les travaux de renouvellement de la voie Aixe-sur-Vienne sont achevés), Limoges et Saint-Yrieix (la fin de la régénération de la voie entre Nexon et Saint-Yrieix est prévue pour février), ou encore Poitiers et Limoges (la régénération des voies débutera en décembre). Sans oublier que nous sommes évidemment en négociation auprès de l'État dans le cadre du volet Mobilités du contrat de plan Etat-Région (CPER) 2023-2027 pour la suite des travaux. Enfin, je tiens à rappeler que l'offre sur le secteur du Limousin a très fortement augmenté, avec 13 % de circulation supplémentaire permettant notamment d'améliorer la desserte en heures de pointe entre Limoges et Brive. Mais aussi de combler des creux d'offre entre Limoges et La Souterraine, et entre Limoges et Eymoutiers, grâce à des renforts de desserte tout au long de la journée. De même, cette hausse a permis la mise en place des circulations directes entre Limoges et Felletin, ainsi que le rétablissement d'horaires pertinents en heures de pointe et de circulations le week-end entre Guéret et Felletin !
D'ailleurs avec sept autres conseils régionaux, vous avez saisi le Conseil d'État pour dénoncer et vous opposer à l'augmentation des péages par SNCF Réseau. Pourquoi ?
Je persiste et signe ! Chaque année, la Région doit payer la facture des péages à SNCF Réseau pour faire circuler ses TER, en définitive comme pour les autoroutes : à chaque fois qu'un TER circule, la Région paye des péages ferroviaires. C'est pourquoi les augmentations prévues par SNCF Réseau sont insoutenables financièrement pour les régions : en Nouvelle-Aquitaine, on passerait ainsi de 65 à 83 millions d'euros par an, alors qu'en même temps les péages des TGV n'augmentent que de 1 %. Comment accepter que les Régions, dont les finances sont particulièrement impactées par l'inflation et la crise du fait de son manque chronique de ressources indépendantes, paient un tel prix ? En effet, c'est la triple peine : on paye plus pour faire rouler les trains, on finance pour la régénération des voies alors que ce n'est pas de notre compétence, on paye plus car nous augmentons l'offre ferroviaire pour répondre aux besoins des usagers et aux impératifs écologiques ! C'est pour toutes ces raisons qu'avec d'autres Régions nous avons saisi la justice, en l'occurrence la plus haute juridiction administrative : le Conseil d'État, pour contester à la fois les irrégularités de forme et l'absence de transparence dans la fixation des nouveaux tarifs par SNCF Réseau.
Qu'attendez-vous de ce nouveau Gouvernement pour les Régions et pour la France en général ?
Dire que je ne suis pas d'un optimisme débordant relèverait de la litote. Vous savez, en politique comme dans la vie, je m'appuie sur l'expérience et la preuve par les actes. Or, à cet égard, on ne peut pas dire que le président de la République, quels que soient les mérites de ses Premiers ministres et Gouvernements successifs, n'ait fait montre d'un respect démesuré envers les corps intermédiaires de manière générale, et les Conseils régionaux en particulier - institutions qu'il ne connaît pas, qu'il ne comprend pas. Les gilets jaunes, la pandémie, les agriculteurs en ce début d'année, tout cela illustre une profonde méconnaissance des acteurs des territoires, qui n'est que le corollaire de la centralisation excessive de notre pays, doublé d'une absence de réponses et solutions concrètes pour celles et ceux qui le font vivre. Ceci étant dit, le président de la République a désormais missionné Eric Woerth pour réfléchir aux questions de décentralisation. C'est un élu d'une grande expérience et qui semble à l'écoute. J'ai donc bon espoir que nous puissions, si ce n'est rêver d'un choc de décentralisation, pourtant nécessaire, d'au moins éviter les retours en arrière re-centralisateurs mortifères, comme la lubie du conseiller territorial.
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